Le château d’Hirosaki

Voyage d’été à Aomori

Au mois d’août, excursion à Hirosaki, ville forte de l’ancienne région de Tsugaru, qui a laissé la primauté à Aomori, l’actuelle capitale de la préfecture du même nom

Barrant l’horizon, le majestueux Iwaki san

Le volcan Iwaki est la montagne la plus élevée de cette région du nord du Japon, de par sa beauté il est considéré par les habitants comme le Fuji san du Tohoku

Hirosaki est l’ancienne ville-résidence des Daimyô (nobles dirigeant un fief de province) du clan de Tsugaru, dont le nom transmis à l’ancienne province s’est vue dotée d’un château fort au début du XVIe siècle

Les arbres taillée en « nuages » et en « moutonnement »

L’immense parc de promenade actuel, englobe le jardin ancien qui s’étendait dans l’enceinte du château

Des bâtons de vieillesse pour les pins centenaires !

De grands et beaux vieux arbres, beaucoup de pins, ont été soigneusement préservés et font l’objet de soins attentifs

Les belles pierres aussi ont les honneurs du parc, celle ci a reçu le nom de Kyokaseki

Le parc est célèbre pour ses 2600 cerisiers qui attirent chaque année, au moment magique de leur floraison, des milliers de visiteurs admiratifs (mais nous, nous étions en août !)

Larges douves protégeant la première enceinte

Les anciennes douves toujours en eau sont franchies par plusieurs ponts en bois, dont cinq ponts traditionnels laqués de rouge

Le grand pont rouge de la première enceinte

Le grand pont rouge sur lequel il était interdit de passer autrement qu’à pied, sauf autorisation spéciale du Daimyô !

Conciliabule en rouge !

…Pont rouge dont les motifs de bronze protégeant les sommets de la balustrade, sont des réminiscences du Hoshu bouddhique, le joyau qui exauce tous les souhaits

Auto-portraits sur le pont

Les barrières en bambou, constantes des jardins japonais, délimitent ici les zones cernées autrefois par les anciennes murailles

Fraîcheur espérée de l’eau et …du vert

La promenade dans le parc nous conduit jusqu’aux vestiges de la première enceinte, là où le château, perché sur une butte domine de sa masse imposante les grands arbres du jardin

Tenshu – Le donjon seul bâtiment rescapé du château ancien

Le château d’Hirosaki est le seul vestige ancien de la région nord du Tôhoku

Les châteaux japonais que l’on peut voir actuellement sont, à part quelques exceptions, des constructions récentes

La plupart ont été anéantis au cours de l’histoire mouvementée du Japon puis ont été reconstruits en béton armé dans les années suivant la seconde guerre mondiale et servent maintenant de musées aux objets anciens relatifs à l’histoire régionale

Le donjon posé sur une partie de l’enceinte entourée de ses douves

Les châteaux d’origine étaient des forteresses construites pendant la période violente des guerres civiles du XVIe siècle, comme moyens de défense pendant les perpétuelles batailles que se livraient les clans rivaux de la noblesse militaire

Le gouvernement central devenu trop faible et qui ne pût empêcher les luttes sanglantes entre clans pour la conquête de territoires, fut remplacé par un nouveau pouvoir dictatorial de grands chefs de guerre qui unifièrent le pays au début du XVIIe siècle

Les deux côtés du donjon aux toits décorés sont ceux qui étaient visibles de l’extérieur, du côté enceinte plus de sobriété !

Les châteaux tous construits sur la période allant de 1550 à 1630 environ furent soit détruits, soit réaménagés, une fois la paix revenue, en résidences pour les nobles chargés par le pouvoir shogunal d’administrer les provinces

Chidori-Hafu – Les toits en pluvier, style typiquement japonais, soulignent chaque niveau

Ces sièges militaires et administratifs se trouvaient dans des endroits propices aux échanges commerciaux, ils étaient le symbole du pouvoir presque absolu des Daimyô sur leurs terres mais aussi de leur contrôle sur les grandes voies de passage entres provinces

Le donjon posé sur sa butte de pierres servant de fondation

Ces places fortes militaires, se composaient de plusieurs enceintes concentriques pour une défense éventuelle, entre lesquelles logeaient la famille du Daimyô, puis ses gens d’armes, les innombrables serviteurs et enfin le peuple qui s’installait tout près des châteaux pour trouver protection

Ainsi des villes importantes se groupant autour d’eux ne tardèrent pas, en attirant artisans et commerçants, à se développer rapidement

Les meurtrières sur chaque étage servant à décocher les flèches

Des pavillons de plaisance, des jardins remplacèrent les bâtiments d’usage militaire, et le donjon où l’on entreposait armes et munitions sous la garde constante de quelques soldats, resta seul témoin du proche passé guerrier en période de paix

L’architecture qui les fait ressembler à des châteaux-forts était devenue en fait purement décorative car ils ne servaient plus que de lieux de résidence pour la cour du Daimyô

Le dernier toit de style Irimoya, en demi-croupe, avec tuiles en terre cuite, antéfixe et acrotère

Du château achevé vers 1610, il ne reste que le Tenshu, le donjon, tous les autres bâtiments rasés à la fin du XIXe siècle ont laissé place au parc actuel

Le donjon d’Hirosaki, à l’origine fier de ses cinq étages a brulé dans un incendie provoqué par la foudre et les trois étages actuels ont été relevés en 1810

Shachihoko – L’acrotère en forme de poisson fabuleux à tête de dragon

Les armes à feu occidentales introduites par les Portugais au milieu du XVIe siècle, arquebuses, mousquets et canons provoquaient des incendies redoutables dans ses premiers châteaux construits entièrement en bois

Vue du dernier étage sur le toit et sur les douves

Aussi tout en gardant une armature de bois, les murs furent renforcés par du sable et des pierres et revêtus de couches de plâtre épais, ce qui leur donne toujours cette couleur blanche éclatante

A l’intérieur du donjon, les étroites fenêtres verticales pour le tir à l’arquebuse

Des escaliers très abrupts (reconstitués) permettent de monter à l’intérieur du donjon, où la chaleur en ce mois d’août était étouffante, mais où la vue dégagée est époustouflante !

Le volcan Iwaki san depuis les meurtrières du dernier étage

Le donjon est un petit musée constitué d’armes anciennes, de pièces d’architecture, témoins anciens du château détruit…

Onigawara – Antéfixe ancien
Tête de bon démon gardant le toit du château

Onigawara – Figure réjouissante du Japon populaire

…et d’objets usuels sur la vie en province à l’époque Edo

Une simple coquille d’ormeau transformée en œuvre d’art !

Les restes des différentes enceintes concentriques se voient encore dans ces énormes blocs de pierres superposés et calés avec des pierres plus petites

Mur de la première enceinte

D’autres murs constitués de pierres taillées et empilées sans adjonction de cales, ponctuent le parcours à l’emplacement des enceintes secondaires

Ajustement de pierres taillées en carrés de la butte sur laquelle repose le donjon

Les différentes enceintes étaient protégées chacune par des douves toujours en eau actuellement

L’eau des douves disparaissant sous les nénuphars

Plusieurs bâtiments anciens, vestiges de l’immense domaine se retrouvent disséminés dans le parc

Une grande et belle maison reconstituée à la fin du XIXe siècle avec des bois datant de la construction du château, servait jusqu’à une cinquantaine d’années de maison pour le gardien du parc

La grande maison restaurée

Sur le site du château d’Hirosaki, cinq grandes portes qui gardaient les entrées des différentes enceintes sont encore visibles

La porte gardant l’enceinte à l’ouest

Elles datent du début de l’époque Edo et sont classées au patrimoine architectural du Japon

L’architecture des portes en bois laissé brut mais patiné par le temps

Les décorations des toits sont semblables à celles du donjon

Les acrotères en forme de poisson étaient sensés protéger les constructions de bois contre les incendies si fréquents, et par analogie avec le milieu aquatique dans lequel ce poisson fabuleux était sensé évoluer, on le dotait du pouvoir de cracher l’eau par sa gueule béante pour éteindre le feu

L’acrotère Shachihoko en forme de poisson fabuleux sur une des portes

Des douze hypothétiques Yagura, les tours de guet qui protégeaient le château, trois subsistent encore, bâties sur un plan carré et orientées vers les différents points cardinaux

La tour de guet placée au Nord Ouest

Elles protégeaient la deuxième enceinte des intrusions ennemies potentielles

Le toit de style Irimoya

Les toits des portes monumentales et des tours de guet sont bâties selon le style Irimoya, l’un des styles d’architecture classique orientale, où le toit des versants se prolonge sous le pignon sur les deux côtés opposés du bâtiment

Décoration en bois du pignon

Beaucoup d’armes sont exposées dans le donjon, comme les arquebuses dont les forgerons japonais copieront très vite les modèles portugais afin d’en munir les armées combattantes lors des guerres civiles du XVIe siècle

Une arquebuse de fabrication japonaise

Des costumes de fonction des gens d’armes du Daimyô et nombre de pièces d’armement relatent la vie militaire quotidienne dans un château à l’époque Edo

Tenue de samurai et poires à poudre pour les armes à feu

 Des souvenirs émouvants retracent l’histoire d’Akashi Aitaro, samurai du dernier Daimyô du clan Tsugaru d’Hirosaki, qui en 1854, obtint la permission de son seigneur de rechercher librement afin de le punir l’assassin de sa mère

Le sabre avec lequel, Akashi Aitaro tua son ennemi

Âgé seulement de 20 ans, il rechercha son ennemi pendant deux ans avant d’arriver à le tuer

Ce crime d’honneur lui valu d’être arrêté pour être jugé à Edo, mais il se suicida pendant le trajet vers la capitale en se faisant seppuku (improprement dit Hara kiri en Occident)

A une époque où l’idéal chevaleresque était bien oublié, les Japonais, éternels romantiques se passionnèrent pour cette histoire d’amour filial et en conservèrent pieusement les témoignages

Souvenirs attachés à l’histoire du samurai, morceau du kimono de sa mère et porte-feuille en tissu lui ayant appartenu

Quittant Hirosaki avec regret, en emportant toutefois la spécialité de la ville…

A Hirosaki, la belle boutique « Teyaki Senbei »

..Des Senbei, petits gâteaux de riz truffés de cacahuètes croquantes…

Vidéo prise par mon fils qui adore ces biscuits !

Dans une rue d’Hirosaki avec ses semblants de trottoirs !

…Nous regagnâmes la maison d’Aomori pour vite préparer le repas du soir…

Ce soir là, repas pour 11 personnes !

…Pâtes Somen froides et Tempura, beignets de légumes …

Tempura pour accompagner…

…Et pour les affamés (il en restait !) un Tempura Udon, plat délicieux soupe avec nouilles de blé et beignets de légumes

…la soupe Udon

 

8 réflexions sur « Le château d’Hirosaki »

  1. Très intéressante leçon d’histoire illustrée.Encore une fois, ce blog est un recours toujours renouvelé contre l’ignorance et l’ennui.
    Ne pourrait-on établir un parallèle entre ce château nippon et nos châteaux forts d’Europe? mêmes fonctions défensives, même fonctions sociales, avec le groupement de populations tout autour…Il me semble que malgré les différences qui nous séparent on peut trouver bien des ressemblances entre des peuples si éloignés géographiquement.
    Je me suis fait la même réflexion à propos de l’enfer d’Ozorezan: il existe une autre porte des Enfers dans la région de Naples, avec fumerolles et odeur de soufre…Les anciens italiens seraient ils un peu cousins des Japonais?
    Bonsoir, et à bientôt j’espère pour une autre promenade.
    F.A

    • Merci Françoise, vous avez parfaitement compris que mon but est en effet d’expliquer, modestement avec les moyens qui sont les miens, je ne suis spécialiste de rien, que les Japonais ne sont pas si étranges que l’on veut bien le dire et que leur civilisation a bien des points communs avec la nôtre
      Je prépare une autre visite de château, celui de Hikone dans le centre du Japon, cette fois
      Je voulais vous remercier, vous Françoise et les fidèles personnes qui lisent ce blog pour votre intérêt qui m’est très précieux

  2. La première patrie de l’homme c’est l’humanité, qui je crois évolue avec des constantes et des différences; les deux ont un intérêt, du moins à mes yeux.
    Un peu comme de regarder toute chose avec des focales diverses.
    J’ai eu la même réflexinn que Françoise sur la porte des Enfers qui désigne d’ailleurs un lieu souterrain où vont tous les défunts, pas seulement les méchants!
    Quand j’étudiais avec mes élèves le suicide chez les stoïciens, j’étais tentée de faire un parallèle et je n’ai pas osé, n’étant pas assez savante dans l’histoire du Japon!
    Merci de partager avec nous ces visites, et découvertes je songe toujours au travail – même s’il est aussi plaisir – que ces reportages représentent.

    • Merci Jacqueline, partir au Japon en abandonnant nos clichés d’Occidentaux sûrs de leur supériorité et de leur culture et on s’apercevra que les Japonais sont nos frères en humanité
      Trop souvent, on n’a en tête que l’éthique guerrière et son mépris pour la vie, popularisée par les histoire de samourais, alors que les Japonais sont des gens gais, aimant la vie et redoutant la mort (comme tout un chacun sur cette terre) l’humour (même si ce n’est pas le nôtre) et le rire sont très naturels, (même si on reste discrets devant des étrangers) l’amour pour leur pays, leur respect des autres et leur gentillesse proverbiale, oui ce sont des gens qu’il faut apprendre à connaître
      Quant au travail et aux recherches effectuées afin de ne pas écrire trop d’approximations ou de stupidités, en effet le nez dans mes livres c’est prenant mais se faisant j’apprends aussi beaucoup !
      Je pourrais bien sûr faire des articles longs et bourrés de références diverses, mais mon but en rédigeant ce blog, c’est juste faire connaître sans ennuyer
      Si je mets quelques noms en japonais, c’est pour l’ambiance ! Je ne veux pas faire crouler mes articles sous une avalanche de mots techniques appris de fraîche date !!!

    • Merci Marie-Hélène, les photos sont puisées dans trois » fonds », le mien, celui de mon mari et celui de mon fils qui se trouve un peu trop présent sur les photos peut-être, mais nous sommes des « Oya Baka » littéralement parents fous (de leur progéniture !)

  3. Encore un petit mot, sur les photos du repas cette fois:il semble que ce fut un vrai festin! Je trouve qu’associer la description des monuments et celle de la nourriture est une très bonne approche pour la connaissance d’un peuple .De plus, cela met l’accent sur le côté affectif du voyage, le voyage qui rapproche, qui prend son sens dans les rencontres heureuses qu’il favorise.
    Une question de cuisinière: qu’y-a-t-il dans les beignets de légumes?
    Et une remarque: la belle vaisselle traditionnelle met en valeur les aliments et l’ensemble réjouit nos yeux.
    A bientôt au château de Hikone!

    • Françoise, vous avez bien saisi ma démarche pour mes articles ! Je suis vraiment ravie !

      Mais ce repas, c’est la cuisine de tous les jours dans ma famille japonaise !
      Quand nous arrivions, tous les membres de la famille nous rejoignaient dans la maison familiale pour quelques jours, il n’était pas rare de se retrouver à 15 ou plus autour de la table
      Tout le monde faisait la cuisine, ensemble ou à tour de rôle…Comme c’était une maison typiquement japonaise, le problème de place ne se posait pas, sur les tatamis, on peut se serrer !
      Je parle au passé, car cette année la maison a été vendue, ma belle-mère âgée et malade ne pouvait plus rester seule dans une région où la neige tombe en abondance, l’hiver pendant de longs mois
      Maintenant, c’est nous qui irons voir la famille dispersée un peu partout au Japon !

      Les beignets de légumes : en fait, le mot beignet est impropre car les légumes coupés en tranches épaisses sont passés dans une pâte à frire très légère et restent aériens une fois cuits, ce jour-là petites aubergines, carottes et patates douces
      Quant à la vaisselle, Oh ! Oui, on se comprend !

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