Voyage d’été à Hikone
Vers la fin de l’été, nous avons décidé, en quittant la maison de famille d’Aomori, de passer le reste du séjour à Kyoto puis à Tokyo
Première étape à Hachinohé, grand port dans le nord du Tohôku mais du côté Océan Pacifique, pendant quelques heures avant de prendre le Shinkansen, le train à grande vitesse, pour aller à Hikone au centre du Japon, afin de visiter son célèbre château…Oui encore un !
Halte de midi bienvenue comme d’habitude ! Cette fois dans un Izakaya, restaurant où en principe on ne vient que pour boire du saké ou de la bière en grignotant divers petits accompagnements
Partout au Japon, devant de très nombreux restaurants se tient une espèce de petit animal communément en céramique qui, friand de riz et de saké assure la tradition, est placé là afin d’ assurer la réussite et la prospérité de l’établissement
Ce Tanuki, petit canidé qui existe vraiment en tant qu’espèce animale s’est transformé au cours des temps en une sorte d’hybride imaginaire entre chien et …blaireau
Sa réputation d’animal rusé et farceur, se plaisant à jouer des tours pendables aux humains trop crédules, est devenue une constante dans les fables et légendes populaires
Ses représentations pittoresques, debout, ventre blanc rebondi et attributs sexuels explicites en font un symbole de la félicité ! Truculence mâtinée de vulgarité !
L’une des spécialités d’Hachinohé est un Senbei, biscuit sec du genre cracker mais confectionné avec de la farine de riz, agrémenté soit de cacahuètes soit de graines de sésame noir
Les Nambu Senbei sont vendus seulement dans cette région d’Aomori, ils sont assez friables, aussi trouve t-on fréquemment à un prix avantageux, des biscuits un peu cassés, ce qui est loin de leur ôter leur qualité !
Ici, ils étaient vendus sur le trottoir devant la boutique, sans trop d’effort de présentation ! Indispensables pour les petites faims le long de la journée
Lors de la promenade digestive vers le centre ville, nous tombons sur quelques curiosités…vestiges d’un passé pas si lointain
La région de Nambu où se trouve Hachinohé, fief du clan du Daimyô Nambu qui lui a donné son nom, usage habituel au Japon, était renommée pour la qualité de ses élevages de chevaux de guerre depuis le Moyen Age
Il y a 700 ans , un habile artisan commença à fabriquer des petits chevaux en bois sensés porter bonheur et que l’on offrait en cadeau en diverses circonstances, lors des mariages par exemple
Les Yawata Uma sont toujours fabriqués à Hachinohé, peints de couleurs vives avec des motifs raffinés, ils sont généralement rouge et noir et vendus par couples
Même les plaques d’égout illustrées, toujours curieuses au Japon, célèbrent ces chevaux de bois, devenus les mascottes de la ville !
Dans un centre commercial, une exposition de poupées presque grandeur nature destinées à être promenées lors d’un grand festival au mois d’août
Les poissons et le filet de pêcheur sont bien la preuve que l’on se trouve dans un port !
Ces personnages sortis du folklore traditionnel étaient réunis dans un joyeux fouillis vêtus d’habits très colorés en pur acrylique, fleurs et nombreux accessoires rutilants en plastique, le tout d’un kitsch éblouissant !
Japon terre de contrastes ! Heureux pays où le mauvais goût assumé côtoie le raffinement le plus subtil sans contradiction apparente…Mais il reste toujours la liberté de choisir !
« Bon goût » et « mauvais goût » : plus j’avance dans la vie et plus je regarde des choses différentes, issues de civilisations et d’époques différentes, plus la notion me semble sinon subjective du moins fortement dépendante de nos habitudes…qu’on le veuille ou non notre œil se formate ! Ce qui ne nous empêche pas d’avoir nos goûts, bien entendu !
Merci en tout cas de ce reportage si vivant (je me répète mais c’est vrai que l’intérêt se renouvelle à chaque lecture)
Chère Jacqueline, tu as tout à fait raison, je ne parle en l’occurrence que de ma propre sensibilité et il m’est très difficile d’être objective, sinon neutre, je suis simplement plus attirée vers des choses plus « subtiles » et au Japon, je suis comblée
Mais ce que j’appelle le « mauvais goût » qui m’amuse, dévoile une autre facette du Japon et cela ne m’est pas indifférent
Mais il est vrai que j’ai la fâcheuse tendance à la classification disons …hâtive !