Rouen – Le musée des Beaux-Arts

Voyage à Rouen – 2011

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Bien que la communication du musée soit axée sur quelques grands tableaux reconnus, je leur ai préféré quelques œuvres qui m’ont particulièrement touchée, ce jour-là

En raison des lumières projetées sur les tableaux, il est très difficile de prendre des photos correctes, aussi ai-je choisi de prendre surtout des détails, de façon subjective bien sûr !

Le grand tableau de peinture flamande signé de Gérard David a toujours été le fleuron du musée, quoique maintenant l’accent soit plutôt mis sur les peintures impressionnistes …La mode compte aussi pour les musées !

Gerard David - La Vierge parmi les vierges

Gerard David – La Vierge parmi les vierges – 1509 – Le peintre et sa femme participent à la sainte conversation, en haut, à gauche et à droite

Peintre hollandais mais ayant fait sa carrière à Bruges, la Renaissance italienne ne l’ayant en aucune manière influencé, il sera le dernier représentant des « Primitifs flamands » au XVe siècle

L’esprit de la scène, méditatif, recueilli et quelque peu rêveur, le modelé très doux des figures gracieuses pleine de ferveur émue et de noble réserve, la beauté des matières, tout concourt à faire de ce tableau une œuvre exceptionnelle

Les lumières et les tonalités vives donnent à ce groupe, détaché sur un fond neutre, la diversité et l’illusion de la vie

Gerard David - La Vierge parmi les vierges

Saintes Catherine et Agnès – Détail

Au milieu, le bleu très foncé de la robe et du manteau relevé par le rouge du drap étendu sur le siège, le blanc aux reflets bleutés des aubes des anges musiciens isole discrètement la Vierge des autres personnages dont les couleurs des vêtements se répondent en vis à vis

Gerard David - La Vierge parmi les vierges

Sainte Barbe – Détail

Lavinia Fontana fait partie de ces quelques peintres féminins exerçant leur art dans l’Europe à partir du XVIe siècle

Lavinia Fontana - Vénus et l'Amour

Deux beautés dévoilées avec une grâce légère

Portraitiste fort appréciée des Cours italiennes, elle mêle une grâce un peu affectée à un minutieux rendu descriptif des détails, bijoux et voile impalpable pour cette Vénus au corps dévoilé dans le goût du Maniérisme de la fin du siècle

Lavinia Fontana - Vénus et l'Amour

Lavinia Fontana – Vénus et l’Amour – 1592

Pratique courante d’un portrait travesti, idéalisé d’une aristocrate sous les traits flatteurs d’une déesse, quoique ici le visage légèrement ingrat contraste beaucoup avec le buste à la sensualité frémissante

Ce genre de portrait était en général un gage d’attachement envoyé à l’heureux amant ou futur époux !

Lavinia Fontana - Vénus et l'Amour

Vénus – Détail – La flèche redoutable de Cupidon

François Clouet, surtout connu comme portraitiste de la Cour des Valois, place Diane et ses nymphes dans un vaste paysage boisé, les couleurs froides des corps sculpturaux s’opposent aux teintes sourdes des verts et bruns de la nature

Tableau assez énigmatique en raison de ses allusions aux grands personnages du temps, d’un intellectualisme propre aux artistes maniéristes de l’école de Fontainebleau

François Clouet – Le bains de Diane – Vers 1565

La lumière qui filtre d’en haut sur cette scène dramatique sculpte le corps d’un Christ, étrangement tourné déjà vers un ailleurs

Ce chef-d’œuvre du Caravage et son clair-obscur deviendra une référence pour nombre d’artistes européens faisant le voyage d’Italie

Le Caravage – La flagellation – Vers 1606

Peintre hollandais, établi à Anvers dans la deuxième partie du XVIIe siècle, Minderhout prend le prétexte d’un sujet anecdotique, l’enlèvement d’Europe par le taureau-Jupiter, pour décrire à l’aide de couleurs chaudes et diffuses dans une atmosphère brumeuse, un rivage de fantaisie à la mode de l’Italie

Hendrick van Minderhout – Paysage avec l’enlèvement d’Europe – Vers 1690 – Détail

Thomas de Keyser, actif dans le milieu du portrait des riches notables d’Amsterdam, excelle aussi dans les scènes intimistes, comme nombre de ses contemporains

Le rendu minutieux des intérieurs bourgeois, dans des coloris raffinés et dans des somptueux noir et blanc, donne une image plaisante de la vie mondaine en Hollande au XVIIe siècle

Thomas de Keyser – La leçon de musique

Claude de Jongh, peintre hollandais de paysages dans le goût réaliste, réalise cette vue de Rouen, au moment où il séjourne dans la ville au début du XVIIe siècle

Le port, les murailles de la ville et la cathédrale baignent dans une atmosphère diaphane et lumineuse

Claude de Jongh – Vue de Rouen – Détail – Vers 1620

Willem Kalf, peintre hollandais de natures mortes, aime juxtaposer des objets rares ou précieux dans une chaude harmonie ou pénombre et lumière rendent palpables, ici, la texture du vase de Delft et des pièces d’argenterie

Willem Kalf – Nature morte à la gourde d’argent – Vers 1645

Par la lumière violente de l’orage projetée sur une architecture rigoureuse, Poussin restitue à la nature sa pleine réalité, grande nouveauté en ce milieu du XVIIe siècle

La nature déchaînée comme métaphore des passions humaines, sujet cher aux peintres de cette époque

Nicolas Poussin – L’orage – Détail – Vers 1651

Paulus Bor, peintre hollandais du XVIIe siècle, ayant séjourné en Italie, mêle les influences d’un caravagisme tempéré à des accents hérités des suiveurs de Rembrandt

Cette figure à l’introspection mélancolique est étrangement moderne

Paulus Bor – Allégorie – Détail

Tout l’esprit du XVIIIe siècle dans la figure du singe, chargé de caricaturer avec humour les peintres sans talent particulier qui se contentent de reproduire à l’envie les mêmes recettes picturales leur apportant un succès facile

Jean-Baptiste Deshays – Le singe peintre – Détail

Les couleurs des murs du musée varient pour chaque époque, souvent baignées de lumière naturelle, les salles d’exposition renouvellent le plaisir de la découverte

Une salle consacrée au XIXe siècle

La force du personnage restituée dans une pose peu habituelle, à l’exaltation à peine contenue, la touche comme inachevée, les nuances de gris et le rouge ardent en font un portrait splendide que David aurait peint pendant son incarcération après le 9 thermidor

Jacques-Louis David – Portrait présumé de son geôlier – Vers 1794

Court, peintre officiel d’histoire dans le goût académique, réalise des portraits de jeunes ingénues dans un style fort mièvre ou de jeunes femmes idéalisées dans des poses affectées, bien qu’il excelle dans le rendu des coloris chatoyants, comme dans les rubans cerise de cette séduisante mondaine

Joseph-Désiré Court – La Vénitienne ou le bal masqué – 1837

Isidore Patrois, dans la mouvance des peintres académiques de la fin du XIXe siècle, s’est attaché à une reconstitution soignée, mais anecdotique de l’histoire de France, scènes éducatives peuplées de nombreux anachronismes assez réjouissants

Isidore Patrois – Jeanne d’Arc conduite au supplice – Détail – 1867

Évidemment, que serait la peinture d’histoire à Rouen, sans le souvenir imagé de Jeanne d’Arc ?

Un Irlandais comme Joy, peintre victorien se souvient de la leçon des Préraphaélites mais dans un style élégiaque et par trop doucereux

Georges William Joy – Jeanne d’Arc – 1895

Monet a surement, du haut d’un balcon, assisté à la première fête nationale autorisée, juste avant l’avènement de la IIIe République

Les drapeaux tricolores qui flottent et claquent, posés en touches vives et légères rendent bien compte de la joie ressentie pendant cette journée historique

Claude Monet – Rue Saint-Denis, fête du 30 juin 1878

Sous une belle verrière, le musée de Rouen offre un espace de détente avec salon de thé, entouré de grands tableaux de Salon où nymphes et satyres animent l’espace de leurs poses badines !

Jeanne d’Arc certes, mais aussi un Rouennais illustre…

Jean-Jacques Caffieri – Pierre Corneille – Vers 1779

…Corneille dont la statue en terre cuite servit de modèle au marbre réalisé au XVIIIe siècle pour la série des « grands hommes de la France » destinée à la grande Galerie du Louvre

Habile sculpteur, Caffieri s’attache dans cette œuvres à la vraisemblance psychologique du modèle associée à l’élégance de la pose et au réalisme du costume

Jean-Jacques Caffieri – Pierre Corneille

Sans oublier, Place des Carmes, celui, ironique et pessimiste à qui Rouen et la Normandie doivent tant

Flaubert par le sculpteur Léopold Bernstamm – 1907

Se serait-il gaussé de la pose prétentieuse qu’on lui attribua ?
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4 réflexions sur « Rouen – Le musée des Beaux-Arts »

  1. Mon préféré, parmi ces tableaux choisis, c’est le portrait par David.On le voit, on s’arrête, on est saisi, on le quitte, et on y revient.Je suis bien incapable de dire pourquoi, sauf à me répandre en banalités sans intérêt, mais le fait est là.Juste un étonnement: David, pour moi était un peintre un peu ennuyeux, un peu trop officiel.Quelle erreur! Merci, Marie Claude, de faire s’écrouler mes préjugés.
    Et quand même aussi , l’autre David, cette image de la sainte Vierge, d’un raffinement pour lequel je ne trouve pas d’adjectif.C’est à se mettre à genoux! Mais n’était-ce pas justement l’intention du peintre?

    • Il est curieux que les critiques d’art aient toujours essayé de dissocier le David des grandioses tableaux néo-classiques de ses portraits qui sont tous admirables, sauf ceux peints durant son exil bruxellois, pour moi
      J’aime les deux facettes d’un peintre génial !
      Le Gerard David de Bruges fait partie de mes Primitifs flamands préférés pour quelques tableaux seulement, ses scènes doloristes chrétiennes, habituelles dans son siècle, me rebutent trop
      Je suis restée bien longtemps devant ce tableau, pas à genoux, mais dans un tel ravissement ! Admiration partagée et conversation enjouée avec une charmante gardienne du musée !

    • Je ne connais de Rouen que le quartier historique autour de la cathédrale, mais l’accueil que nous y avons partout reçu donne vraiment envie d’y retourner !
      Une mention particulière pour l’accueil charmant de « l’hôtel de la cathédrale » et pour les commerçants de la rue saint Romain « Faïenceries saint Romain », magasin de bagages « Longchanp » entre autres…

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