Voyage à Toulouse – 2012
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Le musée des Augustins, a choisi de garder la présentation des peintures sur plusieurs rangs à la façon des collections anciennes
L’éclairage zénithal et la couleur soutenue des murs peints en rouge pompéien qui donne son nom à la galerie des peintures du XIXe siècle, maintient ainsi l’ambiance surannée des Salons d’autrefois
Cet éclairage zénithal uni aux spots lumineux, souvent inconfortables, rendent une atmosphère peu propice à la photographie amateur …
Selon mon habitude, florilège de quelques œuvres qui m’ont le plus touchée ou amusée et qui ne sont pas celles données à admirer officiellement !
Il est grand dommage que les œuvres majeures du peintre, appelé à la cour de France pour décorer la grande galerie du Louvre, aient entièrement disparu dans l’incendie des Tuileries pendant la Commune
J’aime particulièrement les natures mortes (J’ai toujours regretté ce nom idiot donné à des tableaux si…vivants d’une vie silencieuse)
Les amoncellements de fleurs, de fruits, insectes et d’objets rares et précieux chers aux peintres hollandais du XVIIe siècle sont, pour moi, une source inépuisable d’observation émerveillée !
Tableaux appréciés en leur temps pour la décoration des grandes demeures de collectionneurs d’objets rares et précieux, mettant souvent en scène les cinq sens mais avec l’ambivalence de symboliser aussi la brièveté de l’existence tel le citron découpé et rappelant à la tempérance devant l’accumulation de richesses trop terrestres
Louise Moillon a les mêmes préoccupations que les peintres hollandais, mais ces compositions reflètent davantage la vie simple et méditative prônée par les ministres du culte protestant auquel elle appartient
La contemplation de ses humbles corbeilles de fruits aux coloris délicats, le velouté des prunes et des abricots, ou le rendu exquis des fraises, me procure toujours un grand sentiment de sérénité !
Valentin de Boulogne vécut sa courte carrière de peintre à Rome, très influencé par le caravagisme, il peint des figures à mi-corps sur un fond sombre, dramatisées par de forts contrastes lumineux
L’œuvre incite le regard à s’attacher plus à la physionomie grave et mélancolique de l’héroïne qu’à son acte triomphal
Antoine Rivalz, considéré comme le chef de file de l’école de peinture toulousaine du XVIIIe siècle, influencé, depuis ses études à Rome, par le caravagisme et ses effets de clair-obscur et par le baroque italien pour les carnations et les draperies, resta résolument tourné vers le réalisme du siècle précédent
Les tableaux de Jean-François de Troy, vastes compositions théâtrales mouvementées traitées avec virtuosité sont plus proches de la décoration que de l’analyse psychologique, mais j’en apprécie les couleurs apportées en touches légères aux étoffes savamment disposées
La scène est censée représenter la mort de la rivale de Médée qui se consume dans une robe empoisonnée par la magicienne, mais c’est la belle éplorée et dénudée qui a plutôt l’air au désespoir de voir souffrir l’infidèle Jason !
C’est le grand charme en visitant les musées de se laisser séduire par des œuvres ne faisant pas partie des chefs-d’œuvre communément admis!
Grand tableau admiré à Nantes pour l’exposition « Le théâtre des passions »
Joseph Roques, peintre toulousain, renommé pour ses portraits de la bourgeoisie éclairée à la fin du XVIIIe siècle, sacrifia quelque peu au goût licencieux de l’époque d’une façon malicieuse
Pendant la Révolution il s’adonne au style néo-classique à la mode, qu’il diffusa ensuite dans sa ville par des compositions beaucoup plus sérieuses
Madame Sermet en libertine de comédie
Elizabeth Vigée-Lebrun peintre attitré de Marie-Antoinette, excellant dans le rendu des modes, portraitura les aristocrates élégants de la cour de Versailles dans des poses savamment étudiées s’attachant plus à l’aspect mondain des modèles qu’à leur vérité humaine
Sa maîtrise des jeux d’ombre et de lumière rend tangible, dans ce portrait en rouge et noir, la texture de la robe en soie rouge bordée de fourrure noire, éclairé par les touches claires du fichu et de la partition
Pierre Subleyras, qui après son apprentissage à Toulouse vécut à Rome était renommé comme portraitiste, usant de différentes manières, passant du grivois plaisant au prude religieux selon ses commandes
Cette « nature morte » comme exercice de style, allégorie des arts ou des cinq sens serait aussi, avec les statues mutilées, une leçon morale sur la vanité artistique
Pendant son séjour en Italie, Pierre-Henri de Valenciennes peint des études en plein air qui témoignent d’une sensibilité nouvelle devant la nature en cette fin du XVIIIe siècle
Avec un réel sens de l’observation, il peint des paysages où la lumière est utilisée de manière audacieuse avec une science de la perspective atmosphérique, ses recherches esthétiques influenceront toute une génération de peintres paysagistes au début du XIXe siècle
L’éruption du Vésuve est un tableau extraordinaire qui m’a fascinée, Valenciennes met en scène la puissance de la nature déchaînée en opposition à la vulnérabilité humaine, celle de Pline l’ancien en l’occurrence qui a payé de sa vie ses observations scientifiques, reléguée de façon presque anecdotique en bas du tableau
Amélie Beaury-Saurel, est une des rares femmes peintres de la fin du XIXe siècle dont l’œuvre participe au courant du style appelé réalisme
Le beau portrait non idéalisé d’une jeune femme, dans une pose nonchalante, témoigne du spleen fin de siècle, évocation d’un état d’âme mélancolique, rêverie avec café et cigarette comme paradis artificiels !
Debat-Ponsan, peintre né à Toulouse, particulièrement prolifique sous la IIIe République avec des représentations du monde paysan, des portraits mondains et des scènes historiques qui ont illustré avec bonheur nos vieux livres d’histoire !
Après un voyage à Istanbul, il peint quelques sujets orientalistes à caractère voluptueux suivant la mode de l’époque, mais dans ses œuvres la sensualité n’est pas bien troublante !
Un portrait de Carolus-Duran, campant un autre peintre où l’admiration inconditionnelle qu’ils portaient tous les deux à Vélasquez est bien perceptible par la mise en page, l’emploi du fond neutre et les contrastes de couleurs
Portraitiste mondain, adulé du tout Paris à la fin du XIXe siècle, mais fort critiqué par l’intelligentsia artistique de l’époque, il a su donner à ses portraits beaucoup de naturel mais où la virtuosité remplace trop souvent l’authenticité des modèles
Toulouse et ses charmes touristiques achèvera cette série d’articles…A suivre
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L’église et le couvent des Jacobins
Le musée des Augustins – I –
Le musée des Augustins – II – Encore de l’art roman !
Le musée des Augustins – III – De l’art gothique aussi !
Le musée des Augustins – IV
Par les rues et les places
je rentre d’un séjour à Londres et je me régale de vos articles sur Toulouse
Je ne déteste pas l’accumulation des galeries à l’ancienne surtout si les tableaux « du haut « ne sont pas surchargés par des cadres!
encore merci pour vos commentaires précis et personnels
Merci Ella, le « Salon rouge » m’a donné l’impression d’entrer dans la collection personnelle d’un amateur fortuné du XIXe siècle ! C’est l’effet voulu, je pense
Je partage ton goût pour les natures dites mortes, bourrées de symboles, et si vivantes en réalité, à la façon des trompe l’oeil. Et j’ai un coup de cœur pour « Dans le bleu », un très beau portrait, suggestif, il me semble que je pourrais imaginer les pensées de cette jeune femme!
L’atmosphère, très « fin de siècle » est assez intrigante, c’est vrai …Et une belle « nature morte » sur la table !