Ten Mado – Fenêtres sur ciel

Log Cabin recyclant un kimono japonais

Pour compléter la douzaine de quilts en tissus japonais anciens exposés à Quilt en sud en juin 2013, j’ai terminé un Log Cabin commencé il y a quelques années et laissé depuis en attente

Après l’avoir complété de deux rangées et d’une bordure, je l’ai quilté très rapidement en quelques jours

Et c’est encore un quilt de recyclage d’un tissu de kimono masculin bleu foncé qui me tenait particulièrement à cœur

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« Ten Mado » – Fenêtres sur ciel – Cousu à la machine, quilté à la main – 125 x 170 cm – 2013

Dans les années 1975, pour un étudiant pauvre, le voyage du Japon vers la France était digne du périple d’un Ulysse des temps modernes !

Partir de Aomori au nord du Japon pour plusieurs heures en train jusqu’au port de Kobe, puis après deux jours de bateau arriver dans l’extrême-Orient soviétique afin d’y prendre le transsibérien pendant encore deux jours, puis un avion jusqu’à Moscou…

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Log Cabin commencé en 2003 terminé 10 ans plus tard !

…le voyage se poursuivant de nouveau en train jusqu’à Vienne et enfin toujours en train pour Strasbourg et encore un autre pour Paris !

Dans son unique valise, mon époux n’avait eu garde d’oublier sa flûte… et son kimono !

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Blocs composés de bandes de 2,5 cm et de carrés centraux de 6,5 cm

Kimono que j’ai récupéré quand il fut à bout de souffle après avoir supporté bien des raccommodages durant de nombreuses années !

Ce kimono en étamine de laine bleu foncé teinte en indigo constitue la base du quilt, j’ai complété avec des tissus en coton imprimés au tissage assez lâche, utilisés généralement comme doublure de veste ouatinée portée en hiver, et qui datent d’une trentaine d’années

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Tissus en coton imprimés de dessins traditionnels japonais

J’ai décousu soigneusement, lavé et repassé ce vieux kimono et enfin coupé des petites bandes en louvoyant entre les trous et les déchirures d’usure

L’étamine de laine assez déformée par l’usage et par l’ultime lavage, a posé bien des difficultés de coupe surtout par l’effilochage obligé de ce type de tissage

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Montage classique d’un Log Cabin autour d’un carré central

L’étoffe du kimono étant tachée à maints endroits, j’ai résolu quand même de l’employer en utilisant le tissu sur l’envers quand c’était possible, de ce fait les bandes n’ont pas été toujours coupées dans le droit fil du tissu

Comme je n’ai pas cousu ce Log Cabin sur fondations, les bandes ont pris un aspect suffisamment vrillant loin de me satisfaire et comme je suis plutôt du genre perfectionniste, ce travail fut finalement remisé dans les « essais non concluants » !

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Bandes cousues sur l’endroit et l’envers du tissu de laine

Avec le temps, je me suis davantage familiarisée avec les textiles anciens lors de mes voyages au Japon, où j’ai compris qu’il fallait respecter leur naturel et leur vécu sans vouloir à tout prix les plier à son exigence

Dix ans après, animée de nouveaux sentiments, j’ai tenu à conserver la vie propre à ce quilt en lui ajoutant une bordure dans le reste du tissu qui avait échappé, en son temps, à la coupe des petites bandes

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Teinture Shibori pour les carrés des centres

J’ai donc mélangé au hasard pour chaque bloc, des bandes endroit et envers, les petits dessins tissés n’ayant pas le même aspect dessus et dessous apportent de la variété et permettent à la lumière de jouer sur cette surface quelque peu accidentée

J’ai quilté avec un fil bleu foncé au milieu de chaque bande pour accentuer encore les jeux d’ombre et de lumière

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Quilting au milieu des bandes avec un fil bleu foncé nuancé Valdani

Les « fenêtres » de chaque bloc jouent aussi avec la luminosité car j’ai choisi de construire les blocs autour de carrés de tissus bleus très clairs

La plupart des carrés des centres sont en Shibori sur tissu indigo, vieux tissus bien usés dont la fragilité contraste plaisamment avec la rusticité apparente des bandes de laine bleue

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Simples croisillons quiltés sur la bordure, carré central tissé en Kasuri

Pour rompre un usage systématique des mêmes carrés, j’en ai introduit quelques autres d’un bleu plus foncé …le ciel présentant bien des variété de bleu !

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Deux styles de Shibori pour les centres

Ce quilt est un Log Cabin classique, je pense qu’avec des tissus anciens, point n’est besoin de virtuosité technique époustouflante comme ce motif s’y prête si bien

La sobriété recherchée et obtenue après avoir bien éliminé, décousu, remplacé ce qui ne convient pas restera toujours ma préférence

18 réflexions sur « Ten Mado – Fenêtres sur ciel »

  1. Comme toujours, la genèse de vos quilts est très émouvante . Ce très beau log cabin en a encore plus de valeur
    En vous lisant,j’ai une pensée pour mon interprète japonais lui aussi étudiant à cette même époque, qui m’a relaté le même voyage que votre époux pour se rendre en France:à l’entendre, c’était effectivement un véritable périple!
    Bien amicalement
    Sylvie

    • Merci Sylvie, je suis ravie que cet opus vous plaise aussi
      Ah ! Les voyages de ces années là…France-Japon presque 20 H de vol avec escale à Anchorage ! Et encore 8 H en train de Tokyo à Aomori…J’étais jeune alors, c’était l’aventure !

  2. c’est toujours un réel plaisir de découvrir vos oeuvres ainsi que l’histoire de vos tissus qui font rêver.

    • Merci Béatrice, ces étoffes anciennes, je les collectionne depuis des années …et vu mon âge ! et je fais avec ce que j’ai
      Mais mes quilts sont simples et ils peuvent être réinterprétés avec bonheur avec bien d’autres tissus pour un autre style et c’est cela qui reste passionnant en patchwork

  3. une histoire si personnelle, comme pour tous vos quilts! avec encore plus d’émotion, peut-être, pour vos quilts japonais!
    En revoyant votre quilt « myriade d’étoiles », je me demandais quelle sorte de molleton vous utilisiez:pur coton? polyester et coton? pur polyester?
    Et quelle grosseur d’aiguille?
    Cela me semble si difficile de matelasser quand le tissu est plus épais…
    Bonne soirée!

    • Merci Élisabeth, je suis heureuse de m’apercevoir que les sentiments et la sincérité que je mets dans mes ouvrages peuvent être ressentis par les personnes sensibles qui me lisent…

      J’utilise presque exclusivement du molleton synthétique fin, celui que l’on appelle communément « nuage », car mes quilts sont grands donc lourds avec beaucoup de coutures donc difficiles à quilter, ce molleton n’alourdit pas et reste relativement aisé à matelasser mais comme j’utilise souvent des tissus d’ameublement comme doublure, le problème est loin d’être résolu !
      J’utilise les aiguilles à quilter numéros 10, je les tords mais ne les casse pas ! Donc avec la même aiguille je quilte plusieurs ouvrages, c’est économique !

  4. Ce quilt et son histoire sont magnifiques. J’apprécie beaucoup vos photos rapprochées : j’ai l’impression de le toucher et cela me ravit !

    Bonne soirée.

    • Merci Catherine, c’est l’amour pour les tissus qui m’ont poussée à faire du patch…Et quand les tissus ont une histoire…
      En plus du toucher, les vieux tissus japonais ont une odeur, l’indigo est caractéristique mais, rangés à l’abri dans des commodes, ils se sont imprégnés aussi des multiples fragrances d’encens comme protection contre les insectes, et cela participe au plaisir de les coudre !

  5. Je ne peux hélas apprécier la texture des tissus ni l’amalgame des différents parfums de ce log cabin magnifique, toute une approche très sensuelle dont vous goûtez le plaisir mais vos photos et vos mots me parlent et me ravissent… Merci de partager cette belle et longue histoire, il eût été dommage de le remiser dans les “essais non concluants » !

    • Merci Christine, oui je suis infiniment touchée par ces étoffes, des douces soies aux rugueux coton indigo…Tout cela reste un grand plaisir tactile qui me distrait dans les moments de doute
      Les idées et les goûts changent au fil du temps…J’aime maintenant ce que j’ai relégué il y a quelques années et je remise à présent mes essais qui me semble trop impersonnels, ce qui fait que la pile des « en-cours » ne diminue pas ! Mais ce n’est pas grave !

  6. J’aime beaucoup cette idée de laisser vivre le tissu, de ne pas lui imposer de contraintes trop fortes qui le dénatureraient et pourraient aller jusqu’à la destruction.Il me semble que c’est avec l’âge et l’expérience que l’on acquiert cette faculté de se dégager du trop réglé, trop contraint.En fait on se libère, et c’est un grand bonheur.
    Amitiés de Françoise

    • Arriver à faire un ouvrage à la simplicité apparente mais construit après moult réflexions…
      En somme, cacher l’art par l’art même comme le faisait si bien Rameau, et c’est ce qui est le plus difficile, chère Françoise ! Mais je ne désespère pas…

  7. Bonjour, j’ai trouver votre blog en cherchant des tissus japonais sur google. Quel merveille votre blog; je suis Hollandaise et j’habite dans L’Indre depuis 10 ans. Je fait du patch depuis 4 ans et j’ADORE faire l’applique. Mon dernier post sur mon blog est un modèle de Yoko Saito fait avec des tissus japonais. Quand je suis à paris j’achète souvent des petits bouts de tissus chez Ikat ,rue François Miron. Pour mon travail d’appliqué je n’ai que besoin des petits bouts. je me demande si vous vendez aussi des petits chutes ………..Ou peut être vous auriez des adresse Ou ils vendent des tissus japonais en petits quantités, 15 cm par exemple…
    Merci à l’avance pour votre réponse.

    • Merci de votre appréciation…Pourquoi les modèles d’appliqués de Saito Yoko ne pourraient-ils se faire qu’en tissus japonais ? Comme ils sont si difficiles à trouver…remplacez-les !
      Sinon, les boutiques que je connais, quand on y trouve du tissu, et ce n’est jamais sûr, la vente n’est jamais en-dessous de 50 cm …Il reste toujours les Salons de loisirs créatifs un peu partout maintenant
      Quant à en vendre moi même, je m’en garderai bien en raison des déboires que cela m’a occasionnés en d’autres temps !

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