Balade d’automne dans le Vexin
Le but de la balade du début octobre était pour la visite à Giverny de l’exposition consacrée au peintre japonais Hiramatsu et son hommage à Claude Monet
Mais pour y arriver, nous avons fait une petite promenade par les routes de la vallée de la Seine (ici)
Première halte à Mantes-la-Jolie pour revoir cette petite sœur de Notre Dame de Paris, la collégiale de Mantes à l’architecture contemporaine du premier art gothique sobre et élégant, type même des bâtisseurs du XIIe siècle en Ile de France
L’ élégance dans les proportions et l’unité de style typique de l’architecture gothique d’Ile de France percent encore malgré les restaurations intempestives du XIXe siècle auxquelles on doit les deux tours semblables surmontant la façade et quelques ajouts cocasses comme les gargouilles si chères aux architectes-élèves de Viollet-le-Duc
Sur le tympan le plus ancien du portail, deux ange encensent un Christ en majesté assis sur un trône et tenant le livre de l’Apocalypse clos des sept sceaux dans la main droite, le disque de l’univers dans la gauche, des statues de prophètes surmontent la scène
Sur le linteau un ange soulève le linceul du tombeau vide pendant que dorment deux soldats revêtus d’armures médiévales
Le portail de la Vierge qui donnait accès à la collégiale, est représentatif de la sculpture du XIIIe siècle même si la statuaire décapitée a subi les dégradations dues à la furie révolutionnaire, les vestiges sont encore bien lisibles de nos jours
L’iconographie du XIIIe siècle a magnifié le rôle de la Vierge à laquelle nombre d’édifices religieux sont dédiés, le portail de la collégiale est consacré à la mort et à l’Assomption de Marie
Les voussures du portail de la Vierge sont ornés d’une superbe torsade de feuillages dont les arabesques enserrent des visages humains et des têtes d’animaux, le style est caractéristique du goût pour le décoratif des sculpteurs de la période gothique
Le portail le plus remarquable dit des Échevins, offert par les édiles de la ville au XIVe siècle, est fortement inspiré par le portail de la Calende sur la façade sud de la cathédrale de Rouen-ici-
De style flamboyant, le gâble est entouré de deux contreforts percés de niches qui abritaient une nombreuse statuaire maintenant disparue
Le haut des contreforts abrite des médaillons polylobés servant de base aux sculptures narrant le martyre des apôtres
Les voussures qui surmontent le portail ont gardé leurs statues, évêques, rois couronnés et soldats, sculptés dans un calcaire blanc des bords de Seine qui tranche sur la pierre blonde de la façade
A l’intérieur de la collégiale, la nef aux dimension d’une cathédrale, sans transept mais accolée de chapelles le long de ses flancs, montre une sobre élévation sur trois niveaux, les baies des larges collatéraux inondent le vaisseau de clarté froide
Le chœur s’élève au-dessus de six colonnes monolithiques, les fenêtres percées d’oculis de façon étrange doivent beaucoup au XIXe siècle !
Les retombées des voûtes sexpartites, couvrant à chaque fois deux travées, géniale invention des maîtres-d’œuvres du XIIe siècle afin d’alléger la structure des édifices, viennent reposer sur des piles massives et des piliers aux faisceaux de colonnettes, de manière alternée
La collégiale, maintes fois restaurée avec plus ou moins de fidélité au cours des âges, possède une grande rose, datée de 1280, dont les vitraux anciens restituent un exemple rare des premières verrières du XIIIe siècle
La rose met en scène le Jugement dernier, programme iconographique codifié et inspiré par l’Évangile de Matthieu pour représenter la venue du Christ à la fin des temps
Au centre de la composition, le Christ assis sur l’arc-en-ciel dans une mandorle où des étoiles rouges ponctuent le bleu du ciel, préside au Jugement dernier
La figure centrale du Christ est entourée des anges tenant les instruments de la Passion…
…du rituel de la pesée des âmes et de la résurrection des morts
Le haut de la composition est dévolue à Abraham rassemblant dans son giron le peuple des croyants
Dans une chapelle, une statue de la Vierge couronnée au sourire candide, dont la polychromie semble avoir été restituée assez récemment, présente sereinement l’Enfant dans un équilibre pourtant assez instable !
Une autre Vierge en marbre au beau drapé mais d’un style composite, peut être une œuvre des XVIIIe ou XIXe siècles d’un sculpteur connaissant son métier ! s’abrite dans une chapelle peu éclairée
J’en ai beaucoup aimé les jeux de lumière donnant à l’œuvre une douceur un peu mystérieuse
La balade se poursuivait le long de la vallée de la Seine et après un en-cas rapide au bout d’un chemin creux au milieu des champs, nous reprîmes la route vers Giverny…
…Il était encore tôt et la brume qui montait du fleuve transformait le paysage en un lavis délicat, la petite église de Vétheuil que Monet avait aimé peindre, blottie dans une boucle de la Seine, apparaissait comme une illusion romantique
Un peu plus loin, se profila la motte où se perche toujours le donjon de La Roche-Guyon, autrefois si redoutable pour la défense de la frontière, maintenant imposante surprise au détour de la route !
La fin d’après-midi qui affichait un ciel aux gris somptueux nous vit à Auvers-sur-Oise, dont la renommée de la petite église doit beaucoup à Vincent Van Gogh !
La petite église d’Auvers est représentative du style de « reconstruire le Moyen Age » cher au XIXe siècle !
Une chapelle fort obscure abrite une belle Vierge en pierre qui fut abattue et jetée dans l’Oise pendant les désordres révolutionnaires, mais retrouvée par miracle à la fin du XIXe siècle !
Un peu trop restaurée elle témoigne quand même de l’élégance aristocratique de la statuaire du XIVe siècle
Un chapiteau historié sur lequel Samson déchire le lion et fait s’écrouler le temple des Philistins est le seul vestige de l’église romane primitive
Nos pas nous conduisirent presque inconsciemment vers le petit cimetière en haut de la ville…
Puis notre route, en soirée, s’orienta vers Asnières-sur-Oise sous un ciel magnifiquement argenté
La suite de la balade nous a amenés à l’abbaye de Royaumont …Donc à suivre …
Toujours très plaisantes, ces ballades avec vous !
Bonne journée.
Merci Catherine, je vous emmènerais donc encore à ma suite !
c’est vrai… au retour de Bretagne, je viens me balader virtuellement ici et avec toujours le même plaisir. Merci encore une fois pour ces partages !
Merci Jacqueline, je continue alors !