Voyage d’automne à Arimatsu
Japon – Voyage à Arimatsu : 1 | 2 | 3 | 4
La ville d’Arimatsu compte un quartier ancien préservé où de superbes maisons s’alignant le long du tracé du Tokaidô témoignent de la prospérité que la teinture shibori a apporté à la cité
Ces grandes habitations de grossistes de textiles en shibori sont classées maintenant comme Bunkazai, patrimoine architectural de la ville d’Arimatsu
La région autour d’Arimatsu n’étant pas propre à l’agriculture, l’importante activité artisanale qu’apporta la manne du shibori enrichit la classe montante de la bourgeoisie commerçante
Les demeures étaient et sont toujours la propriété des négociants en textile, même si l’activité qui les laissait étoffés marque le pas depuis quelques années
Ces maisons qui s’échelonnaient le long du tracé du Tokaidô datent du début du XIXe siècle car le grand incendie qui ravagea la ville en 1784 détruisit toutes les constructions plus anciennes
Ces maisons comprenant un étage d’habitation privée laisse la place au rez-de-chaussée sur la rue aux espaces de travail aménagés sur des sols en terre battue, ateliers, entrepôts et magasins
Mais le plus intéressant réside dans les Kura, sorte de greniers de plein pied, destinés à abriter les si précieuses marchandises des pertes irrémédiables provoqués par les incendies dans des villes construites entièrement en bois
Les Kura aux murs très épais, construits en pisé, revêtus de plâtre et badigeonnés d’un enduit spécial réputé être efficace contre les incendies, gardaient les biens entreposés non seulement à l’abri du feu mais aussi du vol !
Le style de construction Nurigome zukuri, typique de ce genre de bâtiments comprend toujours un étage d’habitation aux solides murs en pisé percés de petites fenêtres aux lattis caractéristiques ne laissant passer qu’une lumière atténuée
Les pièces intérieures des demeures sont séparées aussi avec des murs, ce qui différencie ces maisons de commerçants des maisons japonaises traditionnelles où l’espace n’était généralement cloisonné que par des structures légères et mobiles
Ce style d’architecture est devenu au fil du temps la norme de construction dans un Japon de plus en plus citadin bien avant que le béton ne finisse par remplacer, dans la vie contemporaine, les matériaux traditionnels en usage jusque là
La plus grande maison, typique des constructions des négociants d’Arimatsu, appartient à la famille Takeda
D’après une certaine tradition, cette maison Takeda est supposée être celle du fameux Takeda Chyokurô le précurseur du shibori à Narumi-Arimatsu au XVIIe siècle… …si on fait l’impasse sur le grand incendie du siècle suivant, la maison aurait pu être reconstruite à l’identique, comme le veut l’usage au Japon …mais la légende est toujours plus séduisante que la réalité !
Si la maison principale a été édifiée au XIXe siècle à l’époque Edo, ses constructions additionnelles se sont déployées au fil des ans sous les ères Meiji et Taishô jusqu’au premier quart du XXe siècle
En plus du très étendu rez-de-chaussée dévolu au stockage des textiles, la maison donnant sur la rue ne s’écarte pas du style Nurigome zukuri plein de sobriété mais la partie habitation a tout d’une somptueuse résidence
L’habitation intérieure est conforme au Shoin zukuri (style Shoin), apanage des demeures aristocratiques avec des salons de réception à tatamis, des Shoji et Fusuma (cloisons coulissantes) et jusqu’à une Chashitsu, une pièce dévolue à la cérémonie du thé
La maison est de plus dotée de quatre Kura (greniers) dont l’un destiné à stocker la réserve de Miso, sorte de pâte de haricot indispensable à l’alimentation quotidienne d’une famille japonaise
Un second grenier appelé Takaragura, le Kura aux trésors me dispense d’en dire plus long sur l’aisance de la famille Takeda !
Ces superbes maisons construites en bois sont ruineuses à leur entretien, et bien qu’elles soient le patrimoine unique de la ville d’Arimatsu, leurs propriétaires sont soumis continuellement à la recherche d’aide financière afin de les préserver
Notre déambulation se continua à la nuit tombée avec la sensation captivante d’être très loin de la vie contemporaine si trépidante
Puis après la recherche d’un endroit engageant pour dîner tranquillement…
…nous regagnâmes par le train, la grande ville de Nagoya et le XXIe siècle !
Arimatsu et son grand sanctuaire shinto sur une colline boisée refermera cette série d’articles…mais où l’on verra que le Shibori sera encore présent !
————————
Japon – Voyage à Arimatsu :
centre historique de la teinture Shibori
Capitale du Shibori
Le quartier ancien des négociants en shibori
Le sanctuaire shintô Arimatsu Tenmansha
Ah, mais c’est chez nous 🙂 à bientôt, chère Marie-Claude, j’espère.
Mais oui, chère Baiya, une journée plaisante comme échappée des visites tentatrices de la grande ville de Nagoya !