Voyage de printemps à Kyôto
Japon – Printemps 2014 – Kyôto – Heian Jingû
autre articles : I | II | III | IV
Quatre jardins font office de ceinture verte autour du Heian Jingû, classés comme Bien culturel important par le gouvernement japonais, ils ont été conçus par le paysagiste-jardinier Ueji (Ogawa Jihei, VIIème du nom) que l’on considère comme le précurseur des jardins japonais contemporains
Il a fallu plus d’une vingtaine d’années pour mettre en œuvre ces espaces nouveaux, travail patient de longues recherches afin d’élaborer des jardins modernes s’affranchissant du style traditionnel en vigueur jusqu’à la fin du XIXe siècle
Ces jardins n’auraient pas vu le jour sans le creusement quelques années auparavant d’un canal qui apportait l’eau de Biwa ko, le lac Biwa situé au Nord-Est de la ville, jusqu’à Kyôto, eau comme élément indispensable à la création de ces jardins
Les quatre jardins recouvrent une superficie de 33 000 mètres carrés soit en japonais 10 000 Tsubo ou encore 20 000 tatamis ! puisque l’unité de mesure au Japon reste prosaïquement familière, dont les étangs occupent le quart de la surface soit 5000 tatamis !
Si le sanctuaire Heian Jingû brille par son rouge éclatant…!
…les jardins, en ce début de printemps tempéraient leurs multiples verts de rose tendre !
Quatre jardins avec quatre étangs placés aux quatre points cardinaux, chargés de personnifier quatre époques différentes de l’histoire du Japon, le symbolisme qui imprègne le sanctuaire est ici aussi présent
Minami Shin-en, le premier jardin situé au Sud rend un hommage à la culture de l’époque de Heian
Il est planté des 200 végétaux dont les noms sont cités dans les recueils de poésie et les nouvelles littéraires du temps, le parcours est d’ailleurs jalonné de petits panneaux citant les poèmes en référence
Aménagé comme un espace de sous-bois accidenté, il permet à un petit chemin sinueux de longer un cours d’eau, ce jardin du Sud n’a été réalisé qu’en 1969 pour célébrer le 100 ème anniversaire de Kômei Tennô, le dernier empereur ayant résidé à Kyôto
Ce jardin est surtout célèbre pour ses Beni Shidarezakura, cerisiers roses pleureurs plantés à l’époque Meiji…
…qui en sont les vedettes incontestées au mois d’avril !
La floraison des cerisiers attirant chaque printemps des milliers d’admirateurs extasiés …dont nous faisions partie évidemment !
De larges dalles de pierre permettent au flâneur de passer vers le jardin de l’Ouest
Nishi Shin-en, le jardin de l’Ouest est renommé pour les nénuphars de son étang, mais surtout pour ses 200 variétés d’iris donnant dix fois plus de fleurs qui s’épanouissent en juin
Naka Shin-en, le jardin du Milieu affiche aussi une plantation pléthorique de 2000 iris fleurissant en mai, mais lors de notre voyage au début avril, ce sont les camélias qui enchantaient les promenades agrestes
La variété d’iris Kaki Tsubata est célèbre au Japon mais on vient surtout pour contempler la fleur Orizuru, un iris qu’aimait particulièrement un empereur, une fleur rare dont les pétales blancs se nuancent de violet
L’étang se franchit sur le Garyû-kyô, le pont du dragon, un pont de pierres provenant d’anciens ouvrages d’art détruits
On prétend que passer sur ce pont donne la sensation de voler sur le dos d’un dragon au-dessus des flots, la tête dans les nuages ! Moi, j’ai surtout fait attention, la tête penchée, où je posais les pieds !
Higashi Shin-en, le jardin de l’Est, est un modèle de jardin de promenade de l’époque Meiji…
…. planté de cerisiers dont le comportement nonchalant profite quand même de treillages pour ne pas se noyer définitivement dans l’eau de l’étang !
Cet espace de style moderne ne peut renier pourtant tout à fait les éléments constituant des jardins traditionnels comme les lanternes de pierre…
…ou encore la mythique Hôrai san « l’Ile des Bienheureux » des sages taoïstes plantée de pins vénérables près de laquelle les rochers-îles grue et tortue se reposent éternellement
Le jardin fut organisé à la fin de l’époque Meiji, pour recevoir des bâtiments transférés du Kyôto Gosho, le palais impérial dont plusieurs édifices furent rasés quand la Cour et le gouvernement s’établirent définitivement à Tôkyô
Cet ancien Palais impérial, qui fut souvent la proie des flammes fut reconstruit maintes fois et cela dans le style invariable de l’architecture de l’époque Heian tout comme le Heian Jingû
Le Shôbi kan ou pavillon des invités est un bâtiment dans le style en vigueur au VIIIe siècle bien qu’il ne fut édifié qu’au début du XXe siècle
Le sanctuaire de Heian Jingû est un lieu voué aux célébrations des mariages dans le rite Shintô, le nouveau bâtiment édifié en 1969 propose sur deux niveaux de grandes salles pour les cérémonies
L’édifice le plus enchanteur de ce jardin de l’Est est un Hashi den, un pont enjambant l’étang, dont la vue que procurent les retombées des cerisiers, joue à transporter le contemplateur hors du temps présent
Le jardin sacrifie au style du Shakkei « le paysage emprunté » en repoussant la perspective dans le lointain, jusqu’au Higashiyama, la montagne de l’Est la bien-nommée
Le pont a été élevé dans le style des constructions Shinden Zukuri, style de résidence de l’époque Heian, qui privilégiait la disposition des différents bâtiments autour d’une pièce d’eau…
…dépendances reliées entre elles par des ponts couverts destinés à la pêche ou à la contemplation de la lune
Le toit Hôgyô zukuri, style en forme de joyau, formé de quatre triangles rectangles, est recouvert de bardeaux de cyprès, son modèle est celui du toit du Kinkakuji dont l’inspiration est à chercher dans les jardins de promenade de la Chine de la dynastie Song
Nous avons suivi avec amusement les évolutions gracieuses de quelques aigrettes perchées au-dessus des toits pour mieux planer ensuite au-dessus de l’étang …
…afin d’y trouver leur pitance habituelle !
Quant à nous, notre repas consista en des Sakura mochi, enveloppés d’une feuille de cerisier légèrement salée que l’on mange bien sûr !
Notre journée était vraiment placée sous le signe des cerisiers !
L’entrée dans le jardin ce jour-là était gratuite pour toute personne habillée en kimono ! Si les jeunes femmes, dont beaucoup de touristes chinoises, arboraient des tenues de location aux couleurs tapageuses avec accessoires obligés…
…d’autres se démarquaient par leur élégance intemporelle
La suite du reportage fera un petit tour dans le quartier autour du Heian Jingû
————————
Japon – Printemps 2014 – Kyôto – Heian Jingû :
I Heian Jingû – I –
II Heian Jingû – II –
III Les jardins du Heian Jingû – III –
IV Autour de Heian Jingû – IV
Bonjour Marie-Claude,
Ah, ces cerisiers… en voyant ceux-ci, je me souviens des deux gros cerisiers du Japon qui remplissaient le jardin de ville de la maison de mon enfance. Très gros, très hauts, ce n’était qu’une énorme masse rose, écroulée malheureusement dès la première pluie. Un beau souvenir.
De biens beaux jardin en tout cas que vous nous faites visiter là.
Bonne journée !
Merci Catherine, cela m’enchante quand mes articles servent de petite madeleine à mes lectrices !
Je ne sais ce que j’aime le plus, l’abondante et joyeuse floraison des cerisiers ou la chute mélancolique des pétales au premier souffle de vent…
Simplement sublime
Je suis envoûtée ; harmonie , simplicité dans la complexité ,raffinement subtil et discret , fragilité et pourtant … quand on visite on doit ressentir l’Ame de ce
lieu
Merci
Merci Andrée d’être sensible aux sentiments que je souhaite faire passer dans ces articles
Ce sont en effet ces sensations tellement envoûtantes qui m’accompagnent quand je visite ces lieux…Mais bien sûr, il faut prendre son temps, notre leitmotiv est de visiter un seul temple ou sanctuaire par jour, c’est seulement à ce prix que l’on peut se laisser envahir par les émotions
Superbe promenade. Merci Marie Claude
Merci de me suivre, Martine, il y aura encore bien d’autres balades…Juste le temps de trier mes photos !
Merci Marie-Claude pour ce long moment de pur bonheur passé à parcourir ce magnifique jardin !
Merci Annick, vous qui aimez tellement la nature, je ne doute pas de votre intérêt…
J’aurais d’autres jardins à présenter, des beaucoup plus ordonnés qui n’en restent pas moins passionnants…A suivre !