Voyage dans la préfecture de Fukushima au printemps –
Japon – Printemps 2014
autre articles : I | II | III | IV | V | VI |
Quittant en fin de semaine la ville de Nihonmatsu dans la préfecture de Fukushima où réside une partie de ma famille japonaise…
Nous passâmes, dans la région proche de cette ville, de jolis moments de détente dans un Ryokan, l’auberge typiquement japonaise, pour célébrer en famille les 90 ans de la mère de mon époux
Les enfants de ma belle-mère et leurs conjoints respectifs (dont moi !) ses petits enfants et ses arrières petits enfants étaient rassemblés pour fêter l’occasion dans ce Ryokan situé au pied des montagnes dans une région volcanique où abondent les sources d’eau chaude
Il eut été impossible que 15 personnes accompagnées de petits enfants tiennent à l’aise dans la maison de Nihonmatsu en raison de son exiguïté, d’où le choix d’un Ryokan pour célébrer cet évènement familial, solution pratique, adoptée d’ailleurs par la majorité des Japonais
La soirée fut très animée mais personne ne resta très longtemps attablé car la joie des retrouvailles dépassa largement les conventions admises en de telles circonstances, il faut dire que ma famille japonaise est assez pétulante ! et que les boissons ont été bien partagées !
Le repas se composait d’innombrables petits plats servis peu à peu sur chaque plateau individuel durant toute la soirée, cuisine absolument délicieuse car exploitant les ressources de la région
Ce genre de cuisine, une des innombrables variante du repas Kaiseki, respecte la convention de proposer les mets préparés des cinq façons différentes, nous dégustâmes donc des mets crus, grillés, mijotés, à la vapeur et frits assortis à chaque fois des différents accompagnements prévus !
L’alléchante gastronomie Kaiseki fait appel aussi aux couleurs et aux différents goûts afin de titiller l’appétit et de ne pas lasser le palais !
Les cinq couleurs, rouge, bleu, jaune, blanc et noir, requises furent respectées jusqu’au bout et nous goutâmes au salé, au piquant, au sucré et aux mets contenant des pointes d’acidité et même d’amertume
Ce Ryokan bâti dans les années 1930 et bien rénové récemment, se situe dans la région appelée Dake onsen, à Yui no sato, « lumière du ciel » une étendue de collines boisées, au pied du mont Adatara, le volcan le plus haut de la préfecture de Fukushima, dans un site naturel réputé pour ses innombrables Onsen, les sources d’eau chaude thermale
L’auberge possède d’ailleurs, en plus d’une piscine, deux onsen publics et un autre privé que l’on peut réserver pour un temps limité contre une somme particulièrement modeste
Pas de tourisme pendant ces jours de détente, juste la joie de profiter des services de l’auberge ponctuée par de grandes discussions familiales autour de tasses de thé…
de bon repas et de trempettes relaxantes dans l’eau thermale très chaude de l’Onsen
Nous n’avions même pas à nous préoccuper du coucher, les futon sortis des placards étaient disposés sur les tatamis par un personnel très obligeant pendant que nous prenions le repas du soir !
C’est lors de séjours dans un Ryokan que le raffinement à la japonaise s’observe le mieux et dans nombre de détails…
…où rien n’est laissé au hasard, où chaque chose prouve le soin apporté au décor tant pour le plaisir des yeux que pour le respect des nez délicats !
J’ai arpenté les couloirs du Ryokan en tout sens, admiré les Noren, ces rideaux suspendus à l’entrée des dépendances…
…où je retrouvais avec plaisir sur de grandes surfaces de tissu les teintures en Shibori dans des dessins naïfs ou plus élaborés mais toujours obtenus avec une maestria vraiment unique
Sur les murs, des arrangements de bouquets secs composés de plantes, de graines et de divers tissages de fibres libériennes qui mettent en valeur les ressources de l’artisanat local…
…alternent avec des Ikebana de fleurs fraîches chargés d’agrémenter les entrées des différents salons de repos
Les murs de l’auberge offrent leurs cimaises pour exposer les œuvres de peintres régionaux, illustrant les saisons et les évènements de l’année, et en mars le Japon tout entier fête les petites filles
Hina matsuri, la fête des petites filles se déroule le 3 mars dans tout le Japon
Généralement les poupées selon une tradition superstitieuse doivent être rangées le soir de la fête mais de plus en plus fréquemment, les établissements ayant la chance d’en posséder une collection complète et de l’espace, la garde plus longtemps en exposition…
…à ce moment, ce fut donc encore une aubaine pour moi d’admirer ces si élégantes poupées avec un plaisir qui est loin d’être émoussé !
Le Ryokan propose aussi dans une petite boutique de l’artisanat local et des spécialités gourmandes comme des œufs cuits dans l’eau bouillante qui sourd de la terre volcanique de la région
Dans cette boutique, nous avons été égayé par la veine populaire de petits personnages modelés en terre cuite vernissée qui se révèlent être des Oni, monstres plus ou moins terribles chers au folklore japonais, géants qui hantent, dit-on, toutes les montagnes du pays
Comme on prête à ces Oni le pouvoir d’attirer la fortune, en espérant qu’ils garderont leur compétence même transplantés, nous en avons ramené trois pour nos grands enfants !
Les prochains articles seront encore consacrés à la vie quotidienne dans une petite ville de province avant de revenir à Kyôto et à ses temples historiques
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Japon – Printemps 2014 :
I – Un Ryokan-Onsen au pied des montagnes
II – Cha no Yu et Ikebana dans la ville de Fukushima
III – Exposition de kimonos dans la ville de Fukushima
IV – Bribes de vie quotidienne dans la préfecture de Fukushima – I –
V – Bribes de vie quotidienne dans la préfecture de Fukushima -II –
VI – Bribes de vie quotidienne dans la préfecture de Fukushima – III –
je suis très loin de dédaigner les visites de ces magnifiques monuments historiques où vous nous emmenez.cependant, je crois que j’apprécie encore davantage les moments de vie quotidienne que vous nous faites partager, comme cette fête et ce séjour paisible où vous nous conviez aujourd’hui.
Merci Marie Claude.
Je comprends bien Françoise, votre réaction, c’est pourquoi j’entremêle dans mes articles les différents aspects de la vie au Japon que nous menons lors de nos séjours, ceci dans le but de ne pas lasser mes lecteurs !
J’ai lu tout avec beaucoup de plaisir, et les photo’s sont superbes. Quelle beauté…..
Merci Baukje, je suis ravie que mes articles « en voyage » vous plaisent autant, c’est un encouragement pour continuer à les publier
Je vous y encourage également : c’est un magnifique voyage (même s’il est virtuel) pour moi aussi 🙂
Merci pour vos encouragements, le temps de trier quelques clichés intéressants parmi des milliers de photos ! et je continue…
Sympa, ces petits monstres ! Bonne journée.
Oui, Catherine, ce n’était qu’un amusement mais au moins, ils ont réussi à se faire tout petit dans nos bagages !
Toujours agréable de vous suivre…
et l’envie de réaliser (mais à l’occidentale ) ces alliances de 5 : si j’ai bien compris cela se nomme Kaiseki ?
ce chiffre a-t-il une signification particulière au Japon ?
j’espère ne pas vous importuner en faisant ma curieuse…
@ bientôt Marie-Claude
Ella, c’est une excellente idée ! et je suis ravie que mes articles soient ainsi suivis par ce genre d’initiative !
Kaiseki est le nom de la cuisine qui primitivement était servie avant la cérémonie du thé; maintenant c’est une cuisine plus ou moins gastronomique de restaurant mais les plats servis respectent toujours les mêmes codes
Pour la cuisine, le chiffre 5 fait appel aux 5 sens, les mêmes évidemment qu’en Occident !
Le chiffre 5 est très important dans la civilisation japonaise, suivant en cela la tradition chinoise qui classe toutes choses par 5, les 5 sens, mais aussi les 5 éléments de l’univers (le bois, le feu, la terre, le métal et l’eau) les 5 couleurs, les 5 humeurs, les 5 vertus, les 5 notes de musique, les 5 saisons (4 saisons + la saison des pluies) les 5 directions (4 + le centre) etc…
Le chiffre 5 désigne aussi les 5 phonèmes de la langue japonaise a e i o u cela est spécifique au Japon mais il y en a plein d’autres …