Voyage de printemps au Japon
Japon – Printemps 2014
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De Nihonmatsu, ville où réside une partie de la famille jusqu’à la ville de Fukushima, il n’est que de parcourir une vingtaine de kilomètre, mais il faut quand même presque une heure ! pour aller faire du shopping dans le grand magasin du centre ville
Nous y accompagnâmes ma belle-sœur fort intéressée par une expo-vente de kimonos en prenant garde d’oublier mon appareil photo ! dont on m’a aimablement autorisée à me servir !
Dans le grand magasin Nakagô de Fukushima-shi, comme dans d’autres grands magasins partout au Japon, une partie du dernier étage est réservée habituellement à la vente de kimonos et de tous les accessoires nécessaires au port de ce vêtement
A l’occasion du printemps, une exposition-vente de nouveautés regroupait différents fabricants, proposant tous une large gamme d’étoffes de soie pour la confection des kimonos
L’exposition comportait des Hômongi, les kimonos de cérémonie que portent les femmes de tous âges lors des mariages, des soirées habillées ou encore pour se rendre à des manifestations culturelles
Ces Kyô Yuzen Hômongi, les kimonos teints avec le procédé de Yuzen sont une spécialité de Kyôto, kimonos luxueux aux motifs peints à la main dans des styles classiques ou comme ceux exposés ce jour-là beaucoup plus exubérants !
Les prix annoncés pour ces kimonos oscillaient aux alentours de 500 000 yens (environ 4000 € )
Les motifs teints et peints à la main puis rebrodés des kimonos Hômongi se répartissent sur le vêtement par des dispositions variées se concentrant le plus souvent sur une épaule, puis descendent au bas des manches pour venir ensuite décorer le bas du kimono
Les motifs peuvent aussi, comme dans cette exposition, décorer toute la surface du vêtement de grands dessins très élaborés se poursuivant sans interruption au-dessus des coutures d’assemblage
Les motifs font référence aux symboles de la décoration traditionnelle des kimonos, grues et tortues, phœnix et autres animaux fabuleux de bon augure, mais le répertoire des dessins fleuris est largement utilisé
Un kimono a retenu mon attention pour son décor opulent et sa gamme de couleurs inhabituelles, des verts émeraude sur fond damassé noir semblable à une œuvre picturale
Les roses empruntées au style occidental se marient avec les pivoines traditionnelles au milieu desquelles volètent des papillons géants !
Une création de dessinateurs de kimonos bousculant quelque peu le répertoire conventionnel en vigueur pour un modèle plus contemporain, modèle qui reste quand même difficile à porter !
En dehors de ces somptueuses œuvres d’art dont le port obéit à des règles codifiées, la proposition de vente du magasin concernait surtout les kimonos Komon « les kimonos pour tous les jours »
Ces kimonos conçus pour être portés quotidiennement sont des vêtements décorés avec plus de discrétion, l’expo-vente proposait en cette fin mars des vêtements de couleurs claires destinés à être portés pour le printemps
Sur ces kimonos, les motifs teints à la main ou avec la technique du pochoir se répartissent sur tout le vêtement, de petite taille les dessins généralement stylisés sont souvent floraux, végétaux ou géométriques
Mes photos laissent supposer que les kimonos sont déjà cousus, mais il n’en est rien !
Ils ne sont qu’ingénieusement drapés sur des mannequins afin de donner une idée du vêtement réalisé avec les étoffes proposées
Cette expo-vente ne présente que des rouleaux de tissus, le kimono à confectionner avec le tissu choisi ne se fera que sur commande
Ces kimonos se portent aisément pour toutes les occasions informelles et quand l’Obi est judicieusement choisi il rehausse l’élégance de la tenue
Cet Obi, par exemple était proposé par le marchand, en alternance avec un Obi rose aux motifs très discrets pour mettre en valeur le kimono bleu clair
Le choix de l’Obi pour ce type de kimono laisse une grande place au goût personnel de la femme qui le porte, un Obi aux grands motifs donnera de l’éclat à un kimono aux petits dessins touffus
Ma belle-sœur, ayant envie d’un nouveau kimono, était tentée par une soie très sobre…
…que le Gofuku-ya san, le marchand proposait dans deux variations de teintes pour un même dessin
Les nouveautés étaient aussi représentées par des dessinateurs dont l’inspiration vient des textiles antiques conservés au Shôsô-in de Nara, musée renfermant des trésors de l’Asie plus que millénaires
La Route de la soie, partant de Rome et parcourant la Perse, l’Inde et la Chine arrivait au Japon, l’ultime but du voyage, avec des merveilles textiles amassées tout au long du parcours
Les anciens textiles du Proche Orient aux motifs caractéristiques comme les animaux fabuleux affrontés, influencent toujours les peintres sur kimono
La Route de la soie apportait, au delà des civilisations traversées, des dessins complètement inconnus au Japon comme les motifs évoquant des girafes, perroquets, paons, tigres, éléphants jusqu’aux animaux légendaires, les dragons, phœnix et autres Shishi, les chiens- lions dont les artistes firent leurs délices !
L’Europe aussi est une source d’inspiration, les étoffes imprimés de frises fleuries dans le goût des XVIIIe et XIXe siècles français se déclinent dans des teintes uniformes, le bleu et le blanc est toujours en faveur avec un petit air provençal assez réjouissant !
Quelques kimonos réservés aux jeunes femmes, créés aussi en vue d’être portés au printemps, en témoin les énormes fleurs de cerisiers ! m’ont étonnée par leur manque de subtilité
Une certaine ostentation pour combler les goûts d’une jeunesse qui fait fi le plus souvent maintenant des règles et des codes, il est vrai devenus trop contraignants dans notre monde contemporain
Grands motifs voyants sur kimono de couleurs très vives, Obi aux motifs chargés, le tout surhaussé d’or et d’argent jusque dans l’Obijime…tenue qui ne passe pas inaperçue !
Pour les jeunes femmes non mariées aussi, quelques Furisode aux longues manches flottantes et aux décors si chargés que leurs Obi gardent des difficultés à sortir leur épingle du jeu !
Nous quittâmes le grand magasin avec quelques douceurs dont les rayons tentateurs abondent tout au long de la déambulation … un petit ouvrage, aperçu furtivement sur un stand de pâtisserie m’aura, après toutes les merveilles admirées, aussi retenue pour son charme léger
La suite sera encore consacrée à la vie quotidienne dans la préfecture de Fukushima
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Japon – Printemps 2014 :
I – Un Ryokan-Onsen au pied des montagnes
II – Cha no Yu et Ikebana dans la ville de Fukushima
III – Exposition de kimonos dans la ville de Fukushima
IV – Bribes de vie quotidienne dans la préfecture de Fukushima – I –
V – Bribes de vie quotidienne dans la préfecture de Fukushima -II –
VI – Bribes de vie quotidienne dans la préfecture de Fukushima – III –
Ah là, là : je vais en rêver cette nuit, c’est sûr … et c’est une joie d’avoir accès à un « vrai » Japon sans lieux communs ou stéréotypes.
Merci Jacqueline, oui une telle étourdissante variété, entre les motifs et les couleurs sans cesse renouvelés qui ne laisse pas d’étonner au fil des ans, les kimonos au-delà du « simple » habillement vus comme des œuvres d’art
je préfère les kimonos classique !
biz isa
Certes Isa, mais avouez que les kimonos aux dessins dits contemporains sont bien extraordinaires
Cette visite fut un ravissement ! Je suis très envieuse de nos consoeurs japonaises qui peuvent se vêtir ainsi.Car il semble que même avec un budget non pas modeste mais …moyen (je mets à part les pièces de luxe à 10 000 euros et plus !), on puisse s’offrir un beau vêtement qui pourra durer de longues années car moins soumis à la mode.Ou bien est-ce que je m’illusionne ?
Une question : quel pourcentage de femmes portent encore le kimono dans les grandes occasions ?
J’ai croisé ces jours derniers à Paris de nombreuses touristes japonaises, vêtues très sobrement de vêtements assez neutres, et d’autres aussi, très jeunes et habillées drôlement comme des personnages de mangas:petites jupes courtes et froncées de couleurs flashy, longues chaussettes parfois rayées, dentelles et froufrous, tout l’opposé de ces élégantes tenues traditionnelles -mais cela ne manque pas de charme à mes yeux…
Chère Françoise, la mode sévit partout même dans le monde du kimono !
Une femme qui aime s’habiller en kimono ne peut se contenter d’un posséder qu’un seul, car ce vêtement doit s’adapter à son âge, donc elle ne pourra pas le porter de longues années; de plus les kimonos doivent être assortis aux saisons, elle ne peut porter le même kimono au printemps ou à l’automne par exemple; les sorties « officielles » encore nécessitent d’avoir des kimonos plus ou moins luxueux
Les Japonaises en général, n’aiment pas revêtir un kimono déjà porté; ceux de leurs mères sont de plus soit démodés, soit tachés, soit d’une taille différente…
Il existe pourtant quelques associations de jeunes femmes qui militent pour le port du kimono, et qui acceptent d’en porter d’occasion à cause des frais conséquents à l’achat de neufs, mais cela reste marginal
Dans la rue, les transports, généralement ce sont des vieilles dames qui le portent pour faire leurs courses, sauf qu’à Kyôto, il est beaucoup plus fréquent d’en voir portés par des femmes de tous âges
Sinon, un kimono de circonstance est nécessaire pour se rendre à une cérémonie du thé un peu chic, à un vernissage, un spectacle ou pour aller dans un restaurant réputé, etc…Évidemment aussi pour les cérémonies familiales…
A Paris, beaucoup de touristes ainsi vêtues ne sont pas Japonaises, mais Coréennes ou Chinoises qui ont adopté la mode vestimentaire du Japon, comme l’arbitre des élégances ! La confusion est légitime, nous mêmes ne faisons la différence qu’en entendant la langue parlée !
Merci Marie Claude pour votre réponse .Finalement je me faisais des illusions !On ne peut pas porter dix ans le même kimono- sauf peut être chez soi !Tant pis…
Bonne nuit.
Françoise
Hé oui Françoise, c’est cela sauf qu’à la maison, on portera encore un autre kimono plus commun et en aucun cas le même pour sortir !
Mais il reste à admirer les couleurs, des dessins…en définitive rêver à …c’est bien aussi !
Je suis emerveillée par tous ces tissus. Cela fait rêver. Beaucoup plus modestement, dans mon journal local, j’ ai fait la découverte du » furoshiki » et comme je vais rapidement être arrière grand-mère, j’ aimerais bien m ‘ initier à cette technique pour offrir mes cadeaux. Pouvez vous me conseiller un site ou une revue pour apprendre ce pliage, que je trouve très élégant. Merci de votre gentillesse.
Françoise, il vous suffit de taper sur un moteur de recherche « Pliage Furoshiki » et vous allez en trouver beaucoup ! Bonnes découvertes !