Voyage de printemps à NIhonmatsu
dans la préfecture de Fukushima
Japon – Printemps 2014
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Les journées à Nihonmatsu commencent tôt, tout le monde est levé avant 7 H du matin car il faut préparer le petit-déjeuner pour toute la famille
Repas pris en regardant le sacro-saint feuilleton de 8 H du matin
En mars, c’était un Drama historique sur une femme qui aimait tellement manger qu’elle souhaita, à la fin de l’histoire, faire la cuisine pour l’armée japonaise en Mandchourie ! téléfilm sentimental et larmoyant mais qui passionna nombre de Japonais qui sont, comme chacun sait, de grands romantiques !
Programme interrompu tous les quart d’heure par des spots vitaminés de publicité, intéressants dès les premiers jours de mon séjour au Japon mais dont la régularité devint vite lassante
Les programmes télévisuels sont en général d’une stupidité et d’une vulgarité rarement atteintes, les images d’actualité passées en boucle jusqu’à une trentaine de fois à la suite arrivent à vous faire douter de votre esprit critique !
Une actualité plus spécifique, attendue avec impatience et suivie avec intérêt est celle qui renseigne sur la floraison des Sakura, les cerisiers annonçant le printemps
Tous les jours le point est fait sur l’avancée du front, du Nord au Sud, avec les dates supposées de la floraison tant espérée
En attendant avec patience l’arrivée des cerisiers, nous avons encore bravé le froid et les épaisses plaques de neige non fondue, pour nous rendre dans un temple bouddhique en pleine campagne afin d’assister à un service religieux célébrant, 30 ans après leur disparition, la mémoire de parents chers
Une partie de la famille, adultes, adolescents et enfants, en tout 17 personnes (dont moi) furent donc invités à participer avec recueillement à la cérémonie dans le temple habituel attaché à une partie de la famille
Ce Chômei-ji est un des temples de l’obédience bouddhiste Tendai-shû, qui en comporterait plus de 4000 à travers tout le Japon, secte prônant l’étude et les commentaires du Hokke-kyô, le Sutra du Lotus qui met l’accent sur une dévotion absolue à Amida sama, le Bouddha du Paradis de l’Ouest, afin d’en obtenir son salut
Pendant que le Bonzu se préparait et endossait ses habits liturgiques, je me suis aventurée dans quelques espaces qui, en général, ne sont pas accessibles aux étrangers
Dans la grande salle de réunion, le poêle à pétrole si commun dans les habitations à la campagne, répandait son odeur nauséabonde et échouait à réchauffer l’atmosphère glaciale de la pièce, encore accentuée par des Shoji, les cloisons mobiles donnant sur l’extérieur, restés entrouverts
Le Tokonoma abrite les habituelles effigies bouddhiques mais l’abondance de statues est très représentative des habitudes actuelles des petits temples où le dépouillé n’est plus de rigueur !
Les classiques photos de groupe en pèlerinage, disposées en ribambelle tout au long des murs, sont surmontées par des masques de Tengu…
…démons ou génies de la mythologie japonaise, personnages ambivalents du Shinto mais que le bouddhisme a associé aux austères Yamabushi, personnes se retirant dans les montagnes sacrées pour tenter d’y acquérir des pouvoirs spirituels à force d’ascèses
Comme j’ai pu voir des exemplaires de ces chaises à porteur hissées en haut des murs dans plusieurs établissements de commerce, il me semble que quelques Japonais gardent une certaine nostalgie pour un ancien moyen de déplacement qui ne suscitait pas trop d’effort pour ceux qui l’empruntaient !
La célébration que je craignais fort longue, heureusement ne dura pas plus de 30 minutes, et se conclut juste avant que mes pieds ne fussent transformés définitivement en glaçons !
Divers Sûtras furent psalmodiés pendant que l’odeur d’encens des bâtonnets en train de se consumer lentement commencèrent à susciter une torpeur insidieuse… vite interrompue par les mouvements d’impatience des enfants qui néanmoins se tinrent très sages assis comme nous sur des petits bancs inconfortables
La célébration se conclut avec un petit discours du Bonzu dans lequel il se félicita que cet hommage aux parents disparus put réunir trois générations de descendants ce qui est devenu remarquable de nos jours
La célébration, après la rituelle photo de famille devant le temple, fut prolongée par la visite indispensable au cimetière afin de brûler l’encens sur la tombe familiale
Les rizières occupant le moindre pouce de terrain jusqu’à la colline, c’est sur le flanc de celle-ci que fut installé le cimetière qui nécessite une lente montée en zigzag à travers les sépultures
La neige durcie faisant de la résistance en contrebas de la vallée, quelques timides tentatives de floraison se décidaient quand même à percer en haut de la colline
Après avoir accompli leurs devoirs filiaux auprès des disparus, les vivants éprouvèrent, comme il est normal, le besoin de se sustenter le plus agréablement possible
Restaurant conventionnel, présentant tout le confort moderne mais dont le charme subtil réside dans un ameublement à la japonaise
Avec petits détails raffinés habituellement rencontrés dans ce genre d’établissement
Une grande salle nous avait été réservée avec des tables et plateaux individuels mais avec une assise sur tatamis …Aie !
Le passage des ans fait que la souplesse des articulations est un peu indocile mais comme je tins toutefois à garder ma dignité, je pus m’assoir sans que ma position pas tout à fait orthodoxe ne dérangea outre mesure !
Le repas se composait d’un assortiment de Sushi, de beignets de crevettes accompagnés de riz, de soupe et de légumes variés
Encore un peu de vie quotidienne dans la préfecture de Fukushima dans le prochain article
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Japon – Printemps 2014 :
I – Un Ryokan-Onsen au pied des montagnes
II – Cha no Yu et Ikebana dans la ville de Fukushima
III – Exposition de kimonos dans la ville de Fukushima
IV – Bribes de vie quotidienne dans la préfecture de Fukushima – I –
V – Bribes de vie quotidienne dans la préfecture de Fukushima -II –
VI – Bribes de vie quotidienne dans la préfecture de Fukushima – III –
On en redemande , j’adore quant à moi faire ces « voyages » par ton intermédiaire, tout est si bien expliqué qu’on s’y croirait !
Chère Jacqueline, même si je pense être douée pour l’observation, il n’est pas facile de faire passer des sensations, émotions ou étonnements, merci de me dire que j’y arrive néanmoins !
merci merci Marie-Claude !
@ bientôt
Merci Ella, je suis ravie que mes articles ne vous lassent toujours pas !
Chère Marie Claude , mais si l’émotion passe très bien, quelle chance vous avez heuu.. sauf pour les repas sur tatami !!!pero il me faudrait un palant pour me relever, en faisant fi de ma dignité
Les sensations passaient très bien car en voyant le plat de beignets de crevettes pavlof m’a rattrapée !!!
Encore merci
Ah ! Arlette, je suis ravie de vous avoir mis en appétit ! Les photos de cuisine japonaise plaisent tant que cela ? Ah ! Comme c’est curieux !!!
je suis vos posts régulièrement,qui sont hautement » érudits »; une intellectuelle du patchwork….parfois un peu raide sur la qualité des salons,notre engouement de consommatrices;nous sommes critiquables,c’est sûr.Mais il fut un temps où,jeune maman provinciale,je cherchais désespérément des tissus transposables en patchwork correspondant à mes goûts et c’était difficile…
Mais il faut des valeurs sures comme vous pour donner un peu de sens ,parfois
Bravo pour la qualité de vos reportages
Véronique
Merci Véronique, si je ne suis pas un oracle, en revanche j’ai des goûts qui sortent de l’ordinaire et j’essaie de les exposer sans pratiquer la langue de bois
tenir une aiguille n’empêche pas de se cultiver ! N’en déplaise aux personnes qui se croient suffisamment savantes pour mépriser sans discernement les travaux textiles…Surtout quand on ne travaille pas sur des Mixed Média si furieusement à la mode !
En comparaison, le microcosme du patchwork est tellement étriqué, difficile de naviguer entre les deux…