Paris – Salon l’Aiguille en fête – 2015
Expositions « Au fil de l’Orient » – II –
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Cette exposition conçue par Mme Tabe Shukuko de l’association Amitiés Tissées mettait en scène les kimonos d’enfants venant de la collection de Mme Nakano Kazuko, collectionneuse avertie de petits vêtements originaires de la région de Yamagata au nord du Japon
D’autres kimonos venant de cette collection avait déjà été exposés à la bibliothèque Forney en 2012 et ont été l’objet de deux reportages ici et ici
Donbuku est un mot dans la langue régionale de quelques provinces du Tôhoku、les préfectures du nord du Japon, pour qualifier des vestes d’intérieur ouatinées revêtues au-dessus des kimonos pour enfants et adultes évidemment
Appelées couramment Dôgi, litt. chose à mettre sur le torse, ou Wataire, litt. porter de la ouate ou bien encore chanchanko… abondants vocables pour qualifier tous les vêtements destinés à tenir chaud dans les régions où la neige s’attarde pendant les longs mois d’hiver
Ces petites vêtements de dessus, réchauffant les kimonos, sont en général cousus dans une taille différente de celle de l’enfant
L’excédent de tissu est replié et bâti à grands points pour diminuer la longueur…
…et des plis, au niveau des épaules, viennent aussi raccourcir chaque côté de la carrure
Les vêtements peuvent ainsi être portés pendant plusieurs années, il suffit de découdre alors les plis de réserve
Les étoffes composant ces petits vêtements n’ont pas été conçues spécialement pour les enfants, mais sont issues du recyclage des kimonos d’adultes, d’où la taille souvent assez surprenante des motifs
Les bons morceaux des tissus si précieux de kimonos démodés ou abimés furent réutilisés ainsi, économie des sociétés anciennes dans lesquelles l’absence de gaspillage restait une nécessité et une vertu !
Pour renforcer la protection, plusieurs couches de bourre de coton sont insérées entre le vêtement et la doublure et ne sont fixées que par quelques petits points dans les coutures
Même avec des vêtements provenant de recyclage, l’esthétique japonaise est toujours présente dans le choix des doublures, souvent en soie et soigneusement choisies pour obtenir un contraste harmonieux avec le dessus visible
Pendant les années de guerre, les thèmes patriotiques viendront aussi orner les vêtements d’enfants, l’évocation du Zéro, le célèbre avion de combat sera ainsi un motif largement plébiscité par les jeunes garçons
Tous ces petits vêtements datent d’une centaine d’années, confectionnés à l’époque Taishô ou au début de l’ère Shôwa, dans les années 1920-1950, ils reflètent les goûts décoratifs de l’époque…
…quand la mode occidentale nouvellement arrivée au Japon dans ces années là remportera beaucoup de succès et sèmera sur les textiles d’opulents motifs aux couleurs vives
Toutes les techniques japonaises de confection de textiles sont représentées sur ces vêtements d’enfants
En plus des Orimono, les étoffes tissés à rayures ou Katazome, imprimées au pochoir avec réserve à la cire, les cotons Kasuri, les ikats, sont aussi bien présents
Si les vêtements pour filles revêtent de somptueux motifs de fleurs…
…les décors pour petits garçons, plus sobres, exploitent les teintes sourdes de l’indigo
L’exposition présentait un petit kimono aux couleurs éclatantes obtenues avec la technique de Shibori, teinture par nouage
Les vêtements pour de petits bébés étaient vraiment attendrissants !
Si les petits vêtements aux étoffes précieuses en soie ou en coton savamment imprimés étaient portés au moment d’occasion spéciales ou de fêtes…
…les habits Hagiawase constitués de morceaux assemblés de cotons de couleurs discrètes étaient réservés plutôt au quotidien
Sur les petits kimonos, les longues ceintures cousues sur les devants chargées de fermer le vêtement restent une méthode uniquement employée pour les vêtements enfants afin de faciliter leurs mouvements
Des petits accessoires charmants complétaient l’exposition
De nos jours, ces petits vêtements, Donbuku et Kimonos sont toujours confectionnés de la même façon dans les familles gardant une certaine tradition
Même si le recyclage des tissus n’est plus de mise et se trouve remplacé par des étoffes imprimées des motifs enfantins chers à notre époque, les petits enfants des régions neigeuses sont toujours au chaud !
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Paris – Salon l’Aiguille en fête – 2015 :
I – Le Salon
II – Expositions « Au fil de l’Orient » – Les kimonos d’enfants
III – Expositions « Au fil de l’Orient » Les Pojagi de Corée
IV – Expositions « Au fil de l’Orient » Broderies de la Chine et de l’Inde
V – Expositions « Au fil de l’Orient » – Des minorités chinoises aux Ouzbek
Comment ne pas penser en voyant ces charmantes petites vestes aux larges manches à un vol de papillons multicolores ? »Trop mignon ! », a dit ma petite fille …
Bonne journée .
Oui Françoise, regarder cette exposition d’objets peut être communs mais en même temps si raffinés, était la pause attendrissante de ce Salon
Voilà donc un stand sur lequel je me serais volontiers attardée. Ces petits kimonos sont craquants…
Oui, Catherine, c’était en effet une joyeuse farandole à contempler
Astucieux les plis cousus pour ajuster la taille. Très belle expo! Merci encore. Sylvie63.
Oui Sylvie, dans une société où les familles avaient de nombreux enfants, on économisait ainsi le temps consacré à la couture !
Merci Marie-Claude pour cette visite guidée de cette belle expo que je n’ai pas eu le temps de voir …
Ah ! Vos clientes ont bien de la chance d’avoir été ainsi l’objet de vos attentions !
Merci Sylvie, c’est une grande satisfaction de savoir que mes amies lointaines apprécient mes relations d’expositions