Voyage d’automne à Kyôto
Ryôanji autre articles : I | II | III | IV
…nous consacrâmes la fin d’après-midi à revoir le jardin Karesansui, le jardin de pierres et de sable rempli de mystère du Ryôanji, temple affilié au Myôshin-ji, une des cinq plus grandes écoles du Rinzai-shû, branche du bouddhisme zen
Dès la grande porte franchie, l’itinéraire emprunté s’étire doucement, en cette saison, sous des frondaisons aux couleurs automnales
Le chemin en cette presque fin d’après-midi, soulagé des flots incessants de touristes, permettait aux seuls chants d’oiseaux d’animer les lieux redevenus calmes et paisibles
Sur le sentier, du côté des grands murs de pisé enserrant des temples secondaires, les érables couronnaient de leur feuillage d’or les barrières de bambous
Le sentier desservant tous les bâtiments monastiques, longe une partie de l’étang…
…il mène au célébrissime jardin minéral mais arrivés devant l’entrée et malgré l’heure tardive, la véranda face au jardin demeurait encore trop fréquentée à notre goût !
Nous décidâmes alors de continuer tranquillement la visite du superbe jardin vert paysager ordonné autour de son étang, avant de revenir tenter notre chance un peu plus tard !
Le touriste lambda ne s’attardant pas au-delà des lieux « à voir absolument », notre déambulation se déroula donc dans la plus grande quiétude afin de profiter sereinement des attraits offerts par la promenade
Le chemin, légèrement vallonné sinue entre de sveltes et grands pins, des érables, des cerisiers au tronc noueux et des buissons de camélias, la variété des essences d’arbres se devant animer en couleurs ce jardin au fil des saisons
Les sous-bois du jardin naturel, souches d’arbres, racines et belles pierres sont entièrement recouverts d’un tapis velouté de mousses de différentes espèces, qui loin d’être considérées comme envahissantes participent au charme et à la quiétude des lieux
Le complexe monastique s’élevant sur une colline en pente douce au Nord Ouest de Kyôto, les temples bâtis au-dessus de l’étang situé au pied du vallon demandent d’emprunter de grands escaliers empierrés pour accéder aux saints des saints !
Avec la promenade autour de son étang, le passage sur ses ponts ou encore le détour sur ses îles, ce jardin qui invite à la promenade est encore du style des arrangements des époques antérieures à l’époque Muromachi (1333-1573) période où l’esthétique Zen favorisa l’aménagement de jardins secs minéraux uniquement conçus pour la méditation
Un temple premier fut construit au milieu du XVe siècle sous l’égide de Hosokawa Katsumoto (1466-1507) sur un terrain reçu en héritage de sa puissante famille des Fujiwara
Issu de la classe des Buke, l’aristocratie militaire, Hosokawa tint une fonction de haut fonctionnaire auprès du Shôgun Ashikaga Yoshimasa mais pour une question de légitimité du pouvoir, il provoqua la désastreuse Ônin no Ran, la guerre d’Ônin, qui pendant dix ans ( 1467-1477) mit la capitale Kyôto à feu et à sang en détruisant une grande partie de son patrimoine ancien
Mais ce foudre de guerre était aussi un esthète, passionné de philosophie zen, et pour concrétiser ses aspirations il fit réaliser entre 1458-1462, un jardin conçu pour la contemplation et selon de vieilles chroniques il l’orna « de pierres de goût étrange » !
Le temple premier fut incendié pendant la guerre qu’Hosokawa engagea de manière imprudente mais les bâtiments reconstruits par son fils furent de nouveau détruits à la fin du XVIIIe siècle, les constructions actuelles sont donc postérieures à ce nouvel incendie survenu en 1797
Ryôanji, célèbre grâce à son jardin minéral intrigant prospéra ensuite sous la protection du Shôgun Hideyoshi qui vint y admirer en 1558, honneur suprême ! des Shidarezakura, les majestueux cerisiers en pleine floraison
Les temples secondaires du complexe monastique présentent une architecture et des caractères spécifiques au style de construction du bouddhisme Zen
Murs de pisé blanchis à la chaux en contraste avec les bruns des poutres de soutènement, toits de tuiles vernissées, élégants treillis de minces baguettes de bois protégeant le papier Washi masquant les fenêtres
Selon le syncrétisme en vigueur dans les lieux de culte, des Torii du Shinto côtoient les lanternes de pierre habituellement rencontrées dans les complexes de monastères bouddhiques
Au mi-temps du chemin, une entrée se signale par un treillage de bambous, une porte ouverte et des dalles de pierre invitent à faire une pause dans un restaurant végétarien
La suite de la visite sera bien sûr pour ce fameux jardin de pierre
cette promenade fut un enchantement pour moi
les couleurs ,actuellement , doivent être ,le mot est faible , magnifiques
très belles photos
marie dominique
Merci Marie Dominique, de me suivre en voyage !
Les couleurs de l’automne, il est vrai, sont particulièrement intenses au Japon et c’est la saison que je préfère !
après cette visite de méditation merci !@ bientôt
une question tout à fait anecdotique : que disent les caractères sur le noren ?
Le nom du restaurant n’est pas comme à l’habitude inscrit sur le Noren mais comme nous sommes dans un temple bouddhique Zen alors c’est une maxime : Maru wa tenka ichi traduit à peu près par le rond, sous-entendu l’esprit dénué d’aspérités, est le meilleur au monde (car il pourra entendre la Loi)
Ella, le voyage se poursuivra vraiment dans la contemplation
Aah, merci beaucoup pour cette magnifique promenade!
Quel beau sentiment de calme cela procure.
Je me réjouis de la suite!
Il faut que je regarde de nouveau mes livres du Japon.
Belle journée!
Merci Hélène, alors j’espère que vous aimerez aussi le voyage immobile de la suite de l’article !
un peu trop vide pour moi mais très joli quand même
biz isa
Isa, vous faites allusion au Karesansui du 2ème article, je pense…
Il est vrai que si l’on peut méditer dans un lieu moins austère, d’après mon expérience, le « vide » favorise mieux la concentration de l’esprit