Paris – Maison de la culture du Japon
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Cette exposition, achevée au début de cette année, était le prémisse des manifestations à venir en 2018-2019 afin de célébrer les 150 ans de l’ouverture du Japon aux puissances étrangères
Même si le Japon resta opiniâtrement fermé au reste du monde depuis le début du XVIIe siècle…
…quelques bribes de cette civilisation parvinrent tout de même en Europe par l’intermédiaire des négociants chinois et des marchands Hollandais, seuls autorisés à commercer entre l’archipel et l’Occident
Les exportation de grand luxe comme les étoffes, les armes, les estampes, les céramiques et les laques furent collectionnés passionnément tout au long des XVIIe et XVIIIe siècles afin de décorer les palais de l’aristocratie européenne
De somptueux ensembles de laques d’or japonais ornèrent les salons de Mme de Pompadour puis de Marie Antoinette, avant que les élites bourgeoises du début du XIXe siècle, éprises de raffinement et d’exotisme, s’intéressent à leur tour aux arts de ce Japon encore bien mystérieux
La constitution de cabinets d’arts orientaux devint une preuve de distinction et de culture pour les artistes et les intellectuels du temps
Dans l’impossibilité de se rendre au Japon, pays strictement fermé aux étrangers, les laques aux décors de nacre polychrome furent rapportés en France par les membres des missions diplomatiques au milieu du XIXe siècle
Les délégations étaient chargées de passer des accords avec la Chine afin d’obtenir l’ouverture de cinq ports aux commerçants français
Ces boîtes, coffrets et vases de toutes tailles exportés du Japon vers la Chine afin de satisfaire les penchants esthétiques des lettrés fortunés, furent aussi du goût des voyageurs français !
La ville de Nagasaki, située au sud du Japon, seul port où les négociants chinois pouvaient aborder, avait développé des ateliers d’artisans spécialisés dans le travail d’objets en laque noire enrichie d’éclats de nacre polychrome
Ce travail se reconnaît au style exubérant et à la décoration surchargée s’étendant sur l’ensemble de la pièce au détriment du fond, les vides sont comblés par la dissémination de petites branches ou de bouquets fleuris
Les motifs évoquant le Japon traditionnel flattaient le goût pour les scènes pittoresques appréciées des étrangers
Les paysages, souvent dans des cartouches ovales, sont remplis de détails, panoramas de montagnes et d’eau, pavillons reliés par de petits ponts, voiles de bateaux dans le lointain…
…décors naturalistes d’oiseaux et de fleurs, groupes de voyageurs et des personnages engagés dans diverses activités, tous ces détails sont traités avec une minutie et un savoir-faire remarquables
Les objets rapportés par les délégations diplomatiques et par des voyageurs intrépides furent très tôt proposés aux amateurs en salle de vente
Les musées comme la Manufacture de Sèvres, intéressée par l’étude des différentes techniques de la céramique se porta acquéreuse de faïences au style décoratif alors inconnu, pièces confondues sur les catalogues avec des productions chinoises !
Ces céramiques satisfaisant un public friand de pittoresque asiatique, restent surprenantes par leur réalisme assez pesant ou par leur décor naïvement fruste
Les us et coutumes du Japon passionnèrent les conservateurs des musées nationaux, des modèles réduits de maisons vinrent ainsi compléter, dans les années 1842-1845, les départements ethnographiques
Les pièces rapportées à grand frais mais considérées sans beaucoup de prestige s’éparpillèrent de musée en musée, la raison d’être de ces objets isolés fut longtemps ignorée
Ce palanquin miniature est sans doute un élément constituant l’exposition de poupées et d’accessoires, afin de célébrer la fête des petites filles, au mois de mars au Japon
La poupée masculine assise à l’intérieur est d’ailleurs une méprise, ce palanquin laqué noir et or était destiné uniquement aux femmes de la noblesse !
Les laque noirs aux décors anecdotiques traités en nacre dans des couleurs vives, destinés uniquement à l’exportation, manquent de la subtilité et de l’élégance rencontrées dans les pièces élaborées pour le marché intérieur japonais…
Ce sera le thème du prochain article
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Paris – Exposition « A l’aube du japonisme » – Maison de la culture du Japon
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Raffinement toujours
Merci
Merci Miline, je pense que vous aimerez aussi la suite !