Paris – Musée du Petit Palais
Les porcelaines des fours d’Arita (situés au Nord-Ouest de l’île de Kyûshû) prirent très tôt le nom de « porcelaines d’Imari » d’après le nom du port exportateur et sont toujours connues sous cette dénomination en Europe
Les « Imari de brocart » ces porcelaines aux splendides décors polychromes dont les motifs originaux déclinent tous les thèmes stylistiques du Japon furent collectionnées avec passion par les élites européennes et s’exposent maintenant dans nombre de nos musées
Avant la verrerie, la faïence fut à l’origine des recherches d’Émile Gallé, cette jardinière chantournée et au décor surchargé, présentée par le musée comme inspirée des céramiques « Imari » m’a laissée dubitative !
J’y vois plus une pièce de style Rococo tendance Second Empire !
La manufacture Vieillard, active à Bordeaux entre 1845 et 1895, se spécialisa dans la production de faïences artistiques de grande qualité, la technique nouvelle des émaux en relief permit l’utilisation de couleurs éclatantes sous un émail très brillant
Inspirés par la « Hokusai Manga », ces recueils de croquis qui connurent un grand succès auprès des artistes, les dessinateurs de la manufacture adoptèrent, selon la mode du temps, des motifs japonisants
Des scènes familières exotiques décorent les faïences, les motifs fantaisistes « à la japonaise » d’éventails, de fleurs de cerisier, de bambous inspirèrent les céramistes, jusqu’à la marque de fabrique qui imite les cartouches japonais !
Ces créations sont de compréhension immédiate, un esthétisme sans réinterprétation artistique, seulement des images faites pour procurer du dépaysement et satisfaire un besoin de rêverie
Édouard Lièvre, dessinateur industriel et graveur, composa une série de meubles d’un goût sino-japonais en bois sombre richement pourvus de bronzes et de métal dorés
Ce pupitre singulier, de manière composite réunit quatre grandes estampes originales contre-collées sur le dos du meuble en bois (deux sont au revers) avec des plateaux au décor naturaliste
Cet ornemaniste recréa une vision du Japon totalement extravagante à partir d’éléments d’architecture issus le plus souvent de temples et de sanctuaires
Ces meubles précieux, massifs sur des pieds grêles et de conception hétérogène, étaient destinés à quelques amateurs fortunés séduits par l’exotisme de l’Extrême-Orient
Les grues en vol, les dragons lovés autour de colonnettes, les arabesques et les ferrures en imitation de sceaux, tous ces éléments disparates sont caractéristiques d’un japonisme imaginaire fin de siècle
Le répertoire naturaliste japonais s’applique à tous les arts décoratifs et s’exprime au plus haut point dans les objets de la vie quotidienne
La manière simple et précise d’interpréter la nature n’empêche pas que les détails si fidèlement rendus viennent troubler la perception des grandes lignes
Les céramistes européens trouvèrent une nouvelle inspiration et une affinité dans cette approche naturaliste, ils adoptèrent tout un répertoire de formes originales et différentes techniques qui rendaient inutiles, pour les verriers, la taille et le meulage si utilisés auparavant
Le décor floral des vases ornementaux s’inspire des livres japonais de botanique fébrilement consultés et copiés par les artistes, recueils où la stylisation des formes procure une impression de beauté éphémère
Émile Gallé, le plus célèbre des verriers de l’époque Art Nouveau en recherchant l’ombre et la lumière dans des formes végétales et des décors exempts de stylisation restrictive, sut tirer le meilleur parti de ses connaissances des arts décoratifs japonais glanés au fil de ses incessantes recherches
Les pochoirs utilisés au Japon par les teinturiers avec leurs divers motifs découpés pleins de fantaisie et les modèles de peignes et d’épingles pour cheveux destinés aux coiffures élaborées des Japonaises, influencèrent les créateurs de bijoux qui adaptèrent parfaitement leurs décors à la forme des objets
Les créations de Georges Fouquet sont inspirées par un goût naturaliste pour la ligne et la couleur et magnifiées par une technique parfaitement maîtrisée
Les arts du Japon, découverts à la fin du XIXe siècle, auront changé radicalement la perception des Européens dans tous les domaines artistiques, le Japonisme est un mouvement qui n’en finit pas de surprendre ses amateurs !
Le musée du Petit Palais recèle bien des trésors et de longs après-midi captivants !
Le prétexte à d’autres articles …