Une nouvelle image de la famille
Jusqu’à la fin du XVIIe siècle, la notion de famille demeure très large et regroupe tous les individus ayant un lien de parenté entre eux
Dans ce portrait d’un groupe familial, le peintre obéit encore aux codes du Grand Siècle mais sans les atours mythologiques alors en vigueur, les regards et les gestes démonstrations attestant une filiation avérée
Les représentations des enfants restaient très codifiées, dépeints comme des adultes en miniature, ils étaient seulement perçus, dans la classe nobiliaire, comme les éléments d’une continuité dynastique
Au XVIIIe siècle, la famille se resserre et le statut des enfants, sous l’impulsion d’une littérature pédagogique aux préoccupations sociales et politiques, évolue vers une sorte d’idéal perçu comme un modèle pour la société à venir
L’Émile de Jean Jacques Rousseau, traité prônant le soin des enfants considérés comme des individus uniques, aimables et sensibles, portés à l’émotion fut aussi une critique de l’éducation stricte du temps accusée de ne pas respecter leur personnalité
Les progrès des conditions d’hygiène et la dénonciation par les moralistes de la mise en nourrice, si communément pratiquée dans tous les milieux sociaux, sont sensés affermir les liens naturels entre la mère et l’enfant
Les tableaux de famille deviennent des scènes intimistes où les enfants sous la bienveillance attentive et tendre des parents sont campés dans une pose très naturelle
Ce portrait familial insiste sur l’importance de la figure maternelle, avec une allusion à l’allaitement, éphémère « mode de la mamelle », plutôt que sur le statut social de la famille
Le peintre Gros, dans ce portrait intime d’une grande simplicité, dépeint la spontanéité et la fraîcheur d’un jeune enfant au regard espiègle pris par son jeu, la capture d’un chardonneret à l’aide d’un très grand chapeau
Cette vision inédite d’une figure enfantine, symbole de pureté et de liberté de l’enfance, au milieu d’une nature bienveillante renvoie aux idées rousseauistes de l’innocence primitive
Greuze avec une inclination mélancolique sur l’enfance, portraiture un petit jeune homme à la concentration méditative et grave
Cet enfant doux et sage concentré sur un livre près d’un bouquet de roses trop épanouies, un peu souffreteux dans son habit de Pierrot à collerette, suggère un honnête homme en devenir
Le peintre Boilly réalisa une multitude de petits portraits d’enfants, posant de trois quarts sans mise en scène, avec le souci de rendre la profondeur psychologique de ses modèles
Il aurait réalisé tout au long de sa vie près de quatre mille cinq cents petits portraits lui assurant une source de revenus réguliers !
Petite fille souriante, un peu rêveuse dans la veine des portraits commandés par la bourgeoisie après la Révolution afin d’asseoir une lignée nouvelle
Dans une série d’études, l’artiste parvient à saisir sur le vif et avec une tendre minutie les mouvements des enfants occupés par leurs jeux et indifférents aux adultes présents
Troubles et émois – La jeune fille et la rose
Au fil des siècles si la rose demeure l’allégorie constante de la jeune fille, « la perte de la rose » a nourri les fantasmes des artistes et les variations métaphoriques autour de la reine des fleurs sont innombrables au XVIIIe siècle !
Influencé par le sentimentalisme littéraire de l’époque dans de grandes compositions moralisatrices, Greuze multiplie tout au long de sa carrière « des têtes d’expression »
Avec des couleurs sensuelles, il s’attache à l’expressivité des figures de jeunes filles, souvent équivoques, comme un répertoire recensant les émotions et des passions de « A quoi rêvent les jeunes filles »
Le petit tableau ravissant d’une jeune femme rêveuse, habillée de rose, contemplant avec amour sur une miniature le portrait de l’être absent, correspond au goût du siècle pour des sujets séduisants et sentimentaux
Dans un appartement cossu, rempli d’objets, rappelant la prédilection de l’artiste pour les natures mortes, une jeune fille s’afflige à l’annonce d’une mauvaise nouvelle contenue dans une lettre qu’elle tient en main
Dans ce genre de tableaux, les personnages avec une gestuelle outrée, manifestent de l’affectation comme dans les représentations théâtrales des drames bourgeois où l’exaltation des sentiments était sensé louer les vertus familiales et citoyennes
Les fêtes galantes
Au XVIIIe siècle, le bal masqué devient un lieu du paraître et de la comédie dans une atmosphère légère et festive où chacun peut endosser un rôle selon sa fantaisie
Les bals aristocratiques permettent la liberté des comportements, la transposition de la réalité en intrigues galantes où des personnages travestis en costumes de fantaisie s’amusent comme au théâtre à changer d’identité
Watteau, dont c’est l’un des premiers tableaux, illustre avec brio une pièce de théâtre inspirée de la Commedia dell’arte mettant en scène les facéties d’Arlequin essayant de séduire Colombine
La Camargo, l’une des danseuses les plus célèbres de son temps est représentée par Lancret sur la scène d’un théâtre de verdure, accompagnée de musiciens dans une poétique fête galante
La Camargo révolutionne la danse féminine en osant faire des sauts sur scène après avoir raccourci ses jupons jusqu’à mi-mollet et dévoilé ses chevilles au grand émoi de ses nombreux admirateurs !
Sa virtuosité et sa réputation déclenchèrent un véritable phénomène de mode, poussant toutes les dames à désirer posséder les mêmes chaussures « pour avoir le plus joli pied du monde »
Les fêtes galantes abondent en portraits frivoles de séduisantes danseuses réelles ou imaginaires, inspirés par la renommée de la Camargo, destinés à orner les salons de la haute société du temps
Une autre réalité du paysage dans l’article suivant…