Quitter Kyôto pour quelques jours d’escapade à Kanazawa, dans la préfecture d’Ishikawa afin de visiter Kenroku-en, célèbre jardin classé dans les trois plus beaux jardins du Japon
Ce fut un grand érudit en littérature chinoise, Matsudaira Sadanobu qui en 1822, à la demande du Daimyô Maeda Narinaga, donna son nom actuel au jardin
Ce nom évoque un texte poétique de la Chine du XIe siècle, « Les jardins de Luoyang » de Li Gefei où sont décrits les attraits des jardins de l’ancienne capitale de la dynastie des Song
Le nom donné fait allusion aux six caractéristiques esthétiques que doit comporter un jardin à l’époque Edo (1602-1868)
1) Kodai Grand et large
2) Yûsui Calme et tranquillité
3) Jinryoku Travail des hommes
4) Sôko Sobriété
5) Suisen Eau
6) Chôbô Panorama
Bien que ces six caractéristiques s’opposent entre eux …
Comme Kodai à Yusui, Jinryoku à Sôko et Suisen à Chôbô (Grand et large à calme et tranquillité, travail des hommes à sobriété, eau à panorama) …
…elles ne nuisent en rien à l’harmonie du jardin !
Il doit sa longévité à la volonté des Daimyô du Clan Maeda qui l’entretinrent et l’agrandirent au fil du temps
Les Maeda dont le fief régentait la province de Kaga, province qui regroupe maintenant les préfectures d’Ishikawa et de Toyama …
… furent des seigneurs féodaux extrêmement puissants grâce à des avancées techniques qui permirent une abondante production de riz sur leurs terres
Un premier jardin créé par Maeda Tsunanori à la fin du XVIIe siècle pour agrémenter les abords de son château fut détruit par le feu au milieu du XVIIIe siècle
Son nom « Lanterne de la mer » vient du fait que des coquillages restent incrustés sur les pierres la composant
Son successeur Maeda Harunaga reprit les travaux d’aménagement, en installant une cascade en 1774 et une maison de thé en 1776
En 1822, deux autres héritiers, Maeda Narinaga ajouta une rivière à laquelle Maeda Nariyasu adjoignit des bras tout en agrandissant l’étang
Le jardin a donc été transformé au cours des âges par plusieurs paysagistes, chacun y apportant de nouvelles idées sans que cela ne nuise à l’harmonie générale des lieux
Niwa-shi, les paysagistes, nourris d’expériences du passé, conservèrent les éléments des jardins des époques antérieures, étang, petit cours d’eau, chute d’eau artificielle, sentiers de promenade et maison de thé
Avec ces composants complétés au fil du temps et intégrés de manière originale, ils agencèrent le jardin dans une toute nouvelle répartition spatiale
Les arrangements de pierres des jardins antérieurs se faisant plus rares ce sont les plantes et les arbres qui prennent de l’importance, taillés sous des formes plaisantes et appréciées ,ils sont l’objet de soins attentifs de la part des jardiniers
Le jeune pin fut planté sur un tertre dont la terre enlevée au fur et à mesure laissait apparaître les racines qui mesurent ici 2 mètres de hauteur !
C’est un jardin sécularisé où rien ne rappelle en principes les constructions bouddhiques et Shinto sauf un Torii assez discret rappelant que la nature est le domaine des Kami !
Comme tous les jardins seigneuriaux, Kenroku-en fut, au début de l’ère Meiji, en 1874, transformé en parc public
Le jardin promenade, jardin paysager, structuré par la main de l’homme, adapte à son échelle les manifestations extérieures de la nature avec des points de vue sans cesse renouvelés
Un sentier parcourant tout le jardin est le fil conducteur pour la visite le long duquel se déploient toutes sortes de scènes reproduisant des paysages naturels
Kenroku-en abrite deux étangs artificiels, une rivière sinuant entre les arbres et les bosquets et pas moins d’une quarantaine de ponts petits et grands !
Hanami bashi, le pont en dos d’âne est un point stratégique pour admirer la floraison des cerisiers au printemps et des iris en été !
Parmi les quarante ponts, une douzaine ont reçu un nom !
Il compte aussi de 8000 à 9000 arbres dont 183 espèces de végétaux
Si les rives de l’étang est entouré de place en place de quelques pierres imposantes…
… de grandes dalles en pierre plate disposées dans le lit de la rivière permettent de la franchir aisément
Les ponts qu’il faut emprunter tout au long du parcours ajoutent au plaisir de la déambulation
Komon bashi n’avait pas reçu de nom à l’origine, il a reçu ce nom au moment de la visite de l’empereur Meiji à la fin du XIXe siècle !
Une petite pause s’imposait à mi-chemin du parcours !
Justement une petite échoppe dans le jardin proposait du thé et des gâteaux donc nous n’avons pas boudé notre plaisir !
Puis l’heure du déjeuner se rappelant à notre attention, nous avons profité du restaurant installé dans le jardin
Placé en hauteur, nous avons pu jouir d’une jolie vue sur le jardin …
… et sur le panorama des montagnes au loin !
La visite du jardin se poursuit dans le prochain article !