Paris – Musée de la vie romantique 2011
Visite au Musée de la Vie Romantique, par une froide et maussade après-midi d’hiver parisienne, de l’exposition de peintures romantiques de la Russie choisies dans les collections de la Galerie Trétiakov à Moscou
Exposition mettant en scène des œuvres de peintres russes influencés par le Romantisme européen de la première moitié du XIXe siècle
Une galerie de portraits fort convenus des intellectuels russes et des élites influentes proches des tsars Alexandre et Nicolas Ier bien connus pour leur régime autocratique, peints dans un style officiel de cour froidement classique et peu original
Exception faite du très beau portrait de Gogol au faîte de sa gloire littéraire, portrait qui plût fort, parait-il à l’écrivain !
Rien ne permet de déceler dans ce dandy, portraituré pendant ces années de vagabondage en Europe et si manifestement content de sa personne, la crise existentielle qui surviendra peu après et lui fera détruire une partie de son œuvre littéraire
Quelques paysages inspirés par l’étape obligée en ce début de siècle du périple en Italie dont les artistes essaieront de restituer les ruines dans la lumière chaude de l’Europe méridionale
Plus intéressant, car plus spécifiquement russe, ce calme paysage d’eau et de lumière où les reflets du soleil couchant nimbent de pourpre les berges du fleuve
Une barque, dans laquelle Gogol et le peintre auraient pris place, glisse lentement sur les eaux paisibles pour une promenade vespérale pleine de douceur languide
A l’opposé des artistes revenant de leur « grand tour » et diffusant dans leur pays un certain romantisme européen, des aquarelles finement détaillées restent dans la mouvance des représentations de « l’éternelle Russie »
Plus que dans ses peintures au style académique, c’est dans ses admirables dessins qu’Orest Kiprenski prouve sa maîtrise par l’emploi raffiné du fusain et de la sanguine comme dans cette physionomie lumineuse du jeune officier Komarovski loué de son temps pour sa vive intelligence
La représentation de scènes moralisatrices, dans le goût du XVIIIe siècle finissant, bien qu’artificielles et un peu froides conservent cependant un charme intrigant
Des œuvres n’échappent pas à la convention des peintures romantiques, comme pour le portrait de cet écrivain célèbre de son temps représenté sous les traits d’un beau ténébreux où l’on voit que Delacroix et Géricault n’étaient pas inconnus du peintre Brioullov !
Comme dans tous les pays de l’Europe septentrionale, Allemagne et Autriche, la Russie n’échappe pas au nouveau genre de peintures d’intérieur qui connut au début du XIXe siècle un succès considérable
Les scènes de la vie privée dans les maisons confortables mais empreintes de charme rustique de la noblesse sont perçues comme les représentations des liens unissant les personnes d’une catégorie sociale supérieure partageant des intérêts communs et une même vision élitiste de monde
Le Musée de la Vie Romantique, installé dans l’ancienne maison-atelier du peintre Ary Scheffer que j’ai déjà mentionné dans mon article sur Chopin a vu très récemment ses collections redistribuées dans un espace plus aéré
Situé dans la mouvance des peintres de la vie artistique parisienne, Ary Scheffer représente les célébrités de son temps dans des attitudes conventionnelles mais néanmoins gracieuses comme dans le portrait charmant et lumineux de sa jeune femme
Le musée affiche quelques œuvres des artistes contemporains s’attachant à restituer les scènes des drames lyriques populaires…
…et les héros des légendes chères aux Romantiques, souvent dans un style néo-gothique fort à la mode à l’époque
En sortant du musée, dans une rue adjacente, un air de fête à la chinoise pavoisait un immeuble habité par un collectif d’artistes et mettait un peu de couleur dans le gris habituel de l’hiver parisien
Tout proche de cet ilot préservé, le quartier répugnant de Pigalle où sexe rime avec commerce, mène à la place Clichy qui vient de subir des aménagements sensés y rendre une circulation piétonnière plus agréable
En fait la circulation automobile aussi démente qu’avant ne favorise toujours pas une traversée des rues plus sûre !
Sur cette place de Clichy et sur le socle laissé vacant d’une statue, disparue pendant la guerre, du philosophe Charles Fourrier, l’artiste Franck Scurti a installé une grosse pomme en acier gravée d’un planisphère…
…Dans laquelle on peut s’amuser à se mirer !
J’aime beaucoup les différentes expositions organisées par le Musée de la Vie Romantique
J’avoue, j’aime beaucoup ta promenade parisienne :
le monde est notre miroir, bigre !
les lanternes chinoises (pour l’année nouvelle ?)rouges (des maisons de passes ?) : l’art pour résister (?)
après tout, la jeune fille a-t-elle ouvert la cage à l’oiseau ? elle est bien songeuse…
à nous, de laisser errer notre imagination et créativité !
Bon Jour
La cage de l’oiseau vide ferait allusion à la perte de l’innocence…C’est Diderot, qui a commencé à gloser sur le sens caché des peintures moralisatrices de Greuze qu’il admirait tant…Faut-il le suivre jusque là ? Comme font tant de commentateurs… Il est vrai que la mièvrerie de Greuze a fait beaucoup d’émules en Europe tout au long du XIXe siècle
Quant aux lanternes rouges, en vue de la célébration du Nouvel An chinois je suppose, font-elles aussi allusion de façon volontairement humoristique à la réputation du quartier ? Je n’y ai pas pensé mais l’idée en est amusante en effet !
J’aime beaucoup la femme de l’artiste… les drapés de sa robe c’est déjà de l’art textile !Et puis elle a un air de ressemblance avec une de mes ancêtres !
Merci en tout cas pour cette nouvelle visite !
Merci Jacqueline, de me suivre dans mes compte-rendus d’expositions, pas tout à fait consensuels !
Encore un lieu,découvert récemment, que j’ai bien aimé.J’y ai vu l’exposition Chopin, très intéressante et plaisante avec son accompagnement musical.Pour nous y rendre nous sommes passés à côté de l’église de la Trinité où se donnait un concert gratuit par une soprano pleine de talent dont j’ai bien sûr oublié le nom, mais pas les beaux moments qu’elle nous a offerts.
L’exposition Chopin était en effet fort réussie, bien à sa place dans cette maison d’artiste où il venait jouer lors des soirées entre amis habitant comme lui la Nouvelle Athènes