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Un petit cloître du XVIIe siècle classique mais dans le goût de la Renaissance, calme monastique et chants d’oiseaux, nous offre une pause bienvenue dans notre arpentage du musée
Sous une galerie du cloître, s’ouvre l’entrée de la section « Art roman », département abritant les sculptures sauvegardées au moment des grandes destructions du XIXe siècle, moment où Toulouse fut surnommée par les voyageurs « capitale du vandalisme » !
Toulouse au XIIe siècle se dote de constructions religieuses importantes, cathédrale mais aussi grandes abbayes avec leurs cloîtres, la ville devenant un des principaux foyers de la sculpture romane dans le sud de la France
De prolifiques ateliers de sculpture chargés d’orner les édifices y déploient une étonnante créativité, la diversité des sources d’inspiration, notamment celle venant de l’abbaye de Moissac y est constante
La sculpture romane est bien représentée sur des chapiteaux à la décoration exubérante mettant en scène des figurations animales ou des êtres humains pris dans un foisonnement de lianes et de rinceaux
Des fauves ou des monstres qui doivent beaucoup à l’imagination s’affrontent dans des postures mouvementées, le décor et la symétrie vus comme des réminiscences des traditions orientales transmises par les ivoires et les tissus originaires de Byzance, et forts appréciés de l’époque, comme sujets d’inspiration
En dehors des portails des cathédrale et abbayes où la sculpture se déploie pour enseigner les vérités de la foi, illustrer les récits bibliques, évangéliques ou hagiographiques, les chapiteaux historiés sur ces mêmes thèmes tiennent une place énorme dans le pays toulousain
Tout comme la recherche de jeux d’ombre et de lumière était une constante chez les sculpteurs du monde médiéval, nous avons dû jouer aussi avec la lumière naturelle venant des fenêtres et les spots lumineux du musée pour prendre nos photos !
La narration sur les chapiteaux historiés est souvent tournante, il faut examiner à la suite les différentes faces de la corbeille pour saisir l’histoire racontée
Sur les trois faces d’un même chapiteau se déroule l’histoire de Saint Jean Baptiste, les scènes sont traitées avec une grâce délicate dans l’exercice de séduction de Salomé où avec rudesse et gravité dans l’épisode narrant la décollation du saint
Ce chapiteau est attribué au sculpteur Gilabertus, auteur génial du programme iconographique du portail de l’abbaye de Moissac
Sur ce chapiteau, la légende est traitée d’une façon naturaliste avec un soin minutieux apporté aux détails, les élégantes figures s’affranchissant du cadre animent l’espace dans un mouvement dansant
Les chapiteaux sculptés des monastères disparus comme celui de La Daurade ( La Dorée à cause des ses mosaïques d’or) accompagnent les vestiges de Saint Sernin sauvés des remaniements postérieurs à l’époque médiévale
Le bas-relief « des saisons » en marbre reste un exemple précieux des sculptures romanes du portail dans lequel les réminiscences antiques sont encore perceptibles
Traitées presque en ronde-bosse, dans une symétrie parfaite, ces élégantes figures longilignes aux drapés souples, aux détails soigneusement réalisés, un pied chaussé et l’autre nu reposant sur des têtes animales restent mystérieuses et intrigantes
Un lion et un bélier tenus dans les bras des deux jeunes femmes suggèreraient des représentations du zodiaque
La sculpture du Languedoc a répandu le thème des piliers de cloître supportant des personnages, comme ceux encore en place dans le cloître de Moissac
Des statues-colonnes avec des fragments de la frise qui les surmontaient sont nettement inspirées de l’art des pays du Nord, celui des premiers portails gothiques d’Ile de France où les figures commencent à s’affranchir du fond
Mais le relief des sculptures sous arcade, fidèle à l’art roman local, arrive à concilier ce style conservationniste avec le premier art gothique dans une harmonie un peu étrange propre aux périodes de transition
La tradition décorative toulousaine maintient les décors de spirales tourbillonnantes, de rinceaux broussailleux dans lesquels s’insèrent des figures fantastiques humaines et animales
D’autres sculptures attribuées à Gilabertus comme les grandes figures d’apôtres peuvent rejoindre les œuvres antiques de style classique dont le sol du Languedoc était encore au XIIe siècle riche en modèles
La maturité et la gravité de ces représentations marquent un tournant dans la sculpture romane, ce sont les premiers jalons de la grande statuaire qui s’épanouira dans l’art gothique des siècles suivants
Les apôtres de Gilabertus ont au plus haut point le sens du mouvement, les personnages aux jambes croisées semblent en action, les plis des tuniques virevoltent et dansent autour des formes longilignes, les gestes sont expressifs et cherchent à convaincre
La fin du roman dans la sculpture toulousaine jette encore de beaux feux au début du XIIIe siècle avec quelques œuvres d’une belle vivacité
Les figures de l’Annonciation furent sculptées dans le même esprit de découverte de l’art gothique septentrional et elles reflètent l’esprit de transition entre deux styles de représentations sacrées
L’archange Gabriel traité vigoureusement, d’apparence massive à l’expression peu amène, au geste impérieux n’est pas exactement une image que l’on pourrait qualifier d’angélique !
Il domine de sa toute puissance la pauvre créature soumise, comme encore apeurée par l’effet de surprise que lui a procuré les grandes ailes déployées de Gabriel !
L’art gothique sera l’objet du prochain article…Oui, encore…!
Il n’y a pas que le patchwork dans la vie !
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Par les rues et les places
Merci Marie-Claude pour vos reportages très intéressants sur Toulouse. Ce sont pourtant des endroits que je connais mais que vous me donnez envie de redécouvrir.
Bonne semaine
Si c’est le cas, Murielle, alors je suis ravie de pouvoir vous inciter derechef à retourner admirer ces splendeurs toulousaines que j’espère voir encore moi aussi !
J’ai de plus, une très grande envie de visiter l’abbaye de Moissac pas trop éloignée de Toulouse, alors…
Oui Marie Claude, allez à Moissac, vous qui aimez les cloîtres autant que moi à ce que je vois .Géniale architecture, mais qui ne prend toute sa puissance que dans le contexte religieux, me semble-t-il.Tout mécréant que l’on puisse être ,il est difficile de rester insensible à ce que ces chrétiens du temps passé ont mis de foi dans leur ouvrage.C’est du moins ce que je ressens pour ma part.
Et encore une fois merci pour ces images commentées, qui donnent à voir tant de beauté.
Oui, c’est vrai, comme vous Françoise, j’aime, j’adore les cloîtres ! Je ne me lasse pas d’en faire le tour plusieurs fois pour les admirer « sous toutes leurs coutures » et n’imprégner de leur quiétude
Je suis consciente de l’ambiguïté d’aimer les œuvres sous-tendues par une foi que je ne partage pas !
J’aime l’architecture, la sculpture, la peinture et la musique religieuses (beaucoup moins la littérature !) et pourtant je suis une mécréante absolue ! Je m’accommode de ces contradictions…
Bonjour Marie-Claude.
Vos ballades sont toujours enchanteresses ! L’envie de marcher dans vos pas …
j’ai visité plusieurs cloîtres en France, ils mont toujours donné l’image de la sérénité. Une sérénité bienvenue.
Je viens bientôt à Paris.
Un petit coucou de Lausanne.
Il n’est pas étonnant que les cloîtres nous attirent tant…Merci Béatrice de continuer à me suivre fidèlement…A bientôt donc
Amoureux de l’Art Roman, je crois n’avoir jamais rien vu de si beau et d’une telle qualité. Nous projetons un voyage à Toulouse en Juin; pourriez vous nous dire si les photos sont autorisées dans le Musée, Merci.
Je n’ai rencontré aucun souci pour les prises de photos lors de mes visites
Ainsi au musée des Augustins:
http://chambredescouleurs.com/14797
Bonnes visites toulousaines !