Variations sur le triangle – Quilt en tissus japonais
Les tissus japonais multicolores, proposés maintenant par nombre de magasins, sont diversement appréciés par les quilteuses que la tâche ardue d’harmonisation des couleurs et des motifs laisse souvent perplexe
Un petit quilt pour démontrer que le patchwork fait feu de tout bois !
J’aime par dessus tout ces tissus aux motifs traditionnels maintenant copiés par les tissus américains destinés au patchwork avec plus ou moins de bonheur mais jamais égalés dans la délicatesse et l’élégance
Mes tissus datent tous d’une bonne trentaine d’années, mais bon nombre de ces imprimés ont été reproduits récemment au Japon, ceux avec les motifs propres au sashiko rencontrent beaucoup de succès
Ce quilt est un modèle personnel même si les motifs le composant font partie des blocs du patchwork traditionnel
Les petits moulins à vent étaient déjà à la source de mon inspiration avant le quilt « Kaza Guruma » I
Les ailes des moulins tournent tantôt à droite, tantôt à gauche, le dessin de la surface du quilt est ainsi « bousculé » comme pour suggérer un coup de vent violent
J’ai alterné pour chaque moulin deux tissus différents, soit dans une même gamme de couleurs avec des variantes plus ou moins foncées…
…soit j’ai choisi de faire des blocs dans des couleurs complémentaires…
…ou encore, toujours pour égarer l’œil, le même tissu, la même couleur, en jouant avec les grands motifs des imprimés
Malgré ces fantaisies, le motif du moulin est toujours reconnaissable, c’est un modèle que j’apprécie beaucoup car il permet de jouer avec les triangles tout en leur ôtant le côté angle aigu trop souvent agressif
Les blocs colorés alternent avec les blocs aux dominantes bleues, bien sûr je pouvais utiliser pour ces blocs intermédiaires des carrés d’un seul tissu bleu mais l’ensemble aurait été d’une grande banalité sans vraiment retenir l’attention
Aussi, j’ai assemblé ces blocs bleus toujours avec le même principe en alternant les tissus, les motifs et les couleurs en espérant que trop de fantaisies ne finissent pas par lasser le regard !
De temps en temps un peu de rouge dans tous ces bleus pour donner un accent, bonne façon d’utiliser aussi les petits triangles coupés en trop !
Les tissus bleus sont en majorité des reproductions en teintures modernes des textiles anciens teints en indigo
Deux bandes bleues différentes composent la bordure, elles sont séparées par des bandes colorées mises bout à bout comme rappel des motifs principaux
Pour ce quilt, je n’ai utilisé les satins de coton destinés à recouvrir les futon que pour la doublure
Je possédais deux longues chutes de ces tissus imprimés de grands motifs que je répugnais à couper en petits morceaux, cousues ensemble elles m’ont donné cette doublure bien en situation
Au Japon, dans les maisons traditionnelles aux pièces recouvertes de tatami, on ne dispose pas en général de lits à l’occidentale, sauf quelquefois pour les personnes âgées rhumatisantes, les futons sont donc les seuls moyens de couchage fort bien adaptés dans des maisons souvent exigües
Les futon sont constitués de plusieurs couches de coton recouverts d’une enveloppe de tissu coloré, généralement ils sont achetés tout faits mais ma belle-mère les a toujours confectionnés elle-même
Les Futon, qui ne sont pas comparables aux gros matelas vendus en France sous ce nom, sont rangés dans de grands placards aménagés dans les murs de la maison, on les sort pour la nuit, on les étend sur les tatami avec un autre futon beaucoup plus léger en guise de couette et on les range le matin, pliés en trois, dans le placard
Dans la journée, les pièces ainsi débarrassées de la literie servent à tout autre chose, la sieste l’après midi peut se faire sans problème sur les tatami, j’en aime beaucoup l’odeur d’herbe coupée qui s’en dégage
Les maisons japonaises possèdent en général beaucoup de futon pouvant ainsi accueillir du monde à l’improviste !
Quand nous rentrons au Japon, la famille éparpillée profite de cette occasion pour nous retrouver dans la maison familiale, et il n’est pas rare d’être à plus de quinze, adultes et enfants pour la nuit, les nombreux futon dans ces cas-là sont bien pratiques !
Avec les chutes récupérées de la confection des futon, j’ai cousu quelques blocs…Pour un prochain quilt sûrement…Peut être….
Comme mes quilts qui font fi en général des règles sacro-saintes préconisées dans les livres, je pense que ce genre de tissus employés selon son bon plaisir ne peut que renouveler de façon agréable le loisir patchwork, si on ne craint pas un brin d’exotisme bien sûr !
Comme toujours, treeeeeeeees joli !!!!!!!
Merci Flo, je suis contente que tu aimes toujours mes petits travaux !
Je « récupère » toujours tes commentaires dans les spams ! Les robots, on le sait bien, n’ont pas d’états d’âme !!!
Bonjour Marie-Claude,
Ce quilt est magnifique, très doux à l’oeil malgré toutes ces couleurs.
Je suis persuadée que si vous aviez mis des carrés bleus, l’ensemble aurait été beaucoup plus lourd et dès lors, comme vous le dites, sans grand intérêt.
Bonne journée.
Merci Catherine, je suis sensible à votre observation, j’ai donc bien fait de rajouter encore des variations !
Souvent , les modèles montrés par certains magazines ne prennent pas de risques avec les couleurs,ni les étoffes.
Il faut savoir aussi que beaucoup sont faits pour vendre une gamme bien précise… ce qui pour le bonheur des yeux et de l’esprit n’est pas le cas ici ! Harmoniser beaucoup de couleurs et de motifs différents est un art difficile…c’est là qu’il faudrait redire ce que la géométrie régulière et la répétition dans la variété apportent d’équilibre. La symbiose entre le dessin du bloc et celui des tissus n’est pas non plus quelque chose d’évident.
Jacqueline, ma sœur en patchwork, je n’ai rien à ajouter, tu exprimes mes pensées mieux que moi même !
pffffff Marie-Claude -et Jacqueline aussi, dont j’admire le travail dans son livre- que j’aimerai être votre apprentie mais le patchwork me semble être un travail de titan !
Ah ! Je suis fâchée si je donne l’impression que le patchwork tel que nous le pratiquons, Jacqueline et moi, est trop complexe
Bien sûr, c’est une occupation dévoreuse de temps, mais nos grands quilts ont été faits quand nous travaillons encore à plein temps…Il faut dire que nous sommes passées expertes dans l’art de grappiller, dans le quotidien, les heures consacrées à notre passion ! Sans pour cela négliger nos familles respectives !!!
De plus, quand le projet s’amorce bien, nous allons très vite…Reste que les quilts qui sortent de nos mains sont souvent élaborés dans notre tête où il « murissent » depuis des années !
Je pense que Jacqueline ne me démentira pas…
Toujours aussi beau et fascinant ton blog!!!!! mais ces quilts……mon Dieu, quelles merveilles et surtout quand on imagine la minutie et le travail nécessaires! on ne lasse pas d’en admirer les détails. Merci de partager tout cela avec nous et j’espère toujours pouvoir te rencontrer un jour au Japon! Bises.
Merci Baiya, mais quand on a une passion, peu importe le temps passé, que ce soit le jeu avec les tissus ou l’entretien d’un jardin vivrier, n’est-ce pas ?
Pour le Japon, j’y songe bien mais le travail commande avant tout, pas de congés payés pour les indépendants !
Un quilt magnifique et “abouti” pour le plaisir des yeux… ça donne envie de sortir des sentiers battus et d’oser. J’imagine sans peine le bonheur et le sentiment de liberté que l’on éprouve quand on parvient à s’affranchir des “règles” pour marier toutes ces couleurs et ces motifs avec un résultat harmonieux, équilibré et en même temps très vivant. Je suis admirative…
Merci Christine, mais oui il faut oser, c’est le conseil que je donne toujours au risque de se tromper bien sûr, mais quelle importance, c’est ainsi qu’on progresse
Le patchwork permet d’exprimer ses sentiments avec beaucoup de force et de …délicatesse, profitons-en !
Ella quand je dis « art difficile », je me positionne par rapport aux personnes qui dépeignent le patch comme un aimable loisir sans « exigence » … ce n’est évidemment pas que je veux le décrire comme quelque chose d’inaccessible! Tout au contraire !
Marie-Claude, non je ne te contredirai pas, quoique je me sois arrêtée de travailler en partie pour me consacrer à mes passions diverses .
Oser: oui. Je ne sais pas d’ailleurs, si on se trompe vraiment disons qu’on expérimente avec plus ou moins de bonheur!Pour ma part j’ai quelques tops que j’ai gardés sous le coude tellement je les trouvais moches du fait que j’avais trop « osé « … il se peut que quelqu’un les aime comme ils sont. On ne se trompe donc jamais totalement et si on cherche à ne faire que des chefs d’œuvre on n’avance pas. C’est d’ailleurs souvent ce qui incite à reproduire comme on veut quelque chose de beau on suit le modèle qu’on a trouvé beau …mais si on veut faire quelque chose qui soit de soi, il faut se lancer, comme l’enfant qui lâche la main pour marcher seul!Et pour les couleurs savoir qu’il n’y a pas de règles intangibles, juste des harmonies auxquelles nous sommes plus ou moins sensibles. Pour les tissus les motifs et la texture comptent tout autant que la couleur et la façon dont ils prennent la lumière, aussi.Je vois beaucoup de quilts contemporains où on évite les tissus à motifs, pour les faire ressembler à de la peinture. C’est une voie, mais à mon avis on y perd ce sens de l’harmonisation du disparate que Marie-Claude maîtrise à la perfection!
Pour moi, Jacqueline, se tromper c’est faire un ouvrage quelconque, trop impersonnel ou, défaut rédhibitoire, un ouvrage où l’harmonie est absente…Ce sont des notions subjectives, évidemment…
Très beau travail, émouvant et chaleureux. Merci de nous le partager
Merci Martine, je suis ravie que ce travail rencontre votre adhésion, je vais continuer à publier d’autres quilts plus anciens puisqu’on me presse à le faire !
En souhaitant que ceux là aussi vous plairont…
Incroyable… mais vrai… tant de beauté ! le fait d’oser est récompensé !
J’ai reçu quelques tissus d’une amie qui déménage… dans un appartement plus petit. Une amie qui était dans la finance avant de réaliser son rêve, le stylisme de vêtements. Elle aussi à… osé !
Peut-être que, parmi les tissus,, il y en aurait quelques un pour vous.
je vous enverrais quelques photos, avant de les amener à Paris… Enfin.
Avec toute mon amitié.
Béatrice de Lausanne.
Merci Béatrice, je serais ravie d’échanger à nouveau nos impressions de voyage parmi d’autres propos