Exposition Chopin

Paris – Musée de la vie romantique – 2010

Au centre de Paris se trouve un charmant musée installé dans la maison-atelier du peintre Ary Scheffer

Ce lieu fort méconnu dénommé « Musée de la vie romantique » n’organise pas de grandes expositions prestigieuses qui font courir les foules, mais propose des petites visites à thèmes consacrées à la vie des artistes de la première moitié du XIXe siècle

L’année 2010 célébrant le bicentenaire de la naissance de Frédéric Chopin, le lieu était idéal pour évoquer la vie des artistes dans ce quartier alors nouvellement construit appelé « La Nouvelle Athènes », marque de l’intérêt pour la Grèce meurtrie de l’époque

Des lotissements bâtis de petits hôtels avec jardin, sur les terres d’anciens couvents de Montmartre attirèrent la jeunesse romantique parisienne

Quittant la rue Chaptal, l’entrée du musée ou la campagne à Paris

La maison d’Ary Scheffer mélomane averti, était ouverte aux musiciens, aux écrivains et poètes et aux peintres durant ses vendredis musicaux

Modeste petite maison au charme suranné…

Sous la monarchie de Juillet, Paris devient la capitale de la musique, Liszt et Mendelssohn s’y produisent déjà, Chopin, fuyant sa Pologne natale après l’insurrection de Varsovie en 1830, s’y installe définitivement, appréciant la foisonnante vie artistique parisienne

…Coincée entre les immeubles parisiens dénués de caractère

Chopin, préférant jouer du piano dans l’intimité de salons raffinés plutôt que de se produire dans les concerts publics, ne se fera pas prier pour venir chez son voisin et ami improviser en récital privé dans l’atelier du peintre

La maison en 1865 par le peintre hollandais Arie Johannes Lamme

L’accord de la musique et de la peinture est manifeste dans cette esquisse de portrait sensible de l’ami et admirateur Delacroix

Le tableau de Chopin au piano et de George Sand penchée aux côtés du compositeur a été coupé ultérieurement pour séparer le musicien de son égérie, victime en cela de la détestable réputation que des générations de commentateurs misogynes ont attribuée à George Sand !

Frédéric Chopin en 1838 par Delacroix

George Sand, écrivain, militante, personne extraordinaire, ayant eu le courage de vivre héroïquement dans une société n’assurant pas aux femmes de liberté individuelle, assuma aux côtés de Chopin le rôle d’amante consolatrice

Celui-ci, ténébreux, émotif et de santé fragile gagne sa vie à Paris en donnant des leçons de piano mais profitera de la campagne à Nohant pour vivre heureux tout en y composant la majorité de son œuvre pianistique

George Sand en 1837 – Auguste Charpentier

Chopin adore l’opéra, « Il faut chanter si on veut jouer du piano » ! Paris possède à l’époque trois orchestres de très haut niveau et deux salles d’opéra. Le Bel Canto de Rossini, Bellini, Donizetti l’enthousiasme, les chanteuses, véritables divas telles La Malibran et sa sœur Pauline Viardot font courir tout Paris

Mais la confrontation avec les grands musiciens parisiens, Liszt en tête, le fortifie que seul son piano sera le plus fidèle traducteur de son univers

Pauline Viardot, exceptionnelle cantatrice après s’être retirée de la scène recevait aussi dans son Salon tout ce qui comptait dans le monde artistique de l’époque

Portrait magnifique de Pauline Viardot en 1840 par Ary Scheffer

Le grand salon de la maison a été reconstitué dans le goût de l’époque, présentant de façon raffinée des souvenirs de la vie de George Sand…

Salon évocateur du XIXe siècle…

…et de sa famille notamment de son arrière grand-père le flamboyant Maréchal de Saxe

…Même si remeublé dans le style de l’époque par l’entreprenant Joël Garcia

Le peintre Ary Scheffer, s’est spécialisé dans la peinture d’histoire mais, surtout pour un Moyen Age ré-enchanté du style troubadour dans des tableaux illustrant les héros des drames donnés à l’opéra.

L’atelier d’Ary Scheffer en 1851 peint par Arie Johannes Lamme

Son style assez mièvre et sans grande envergure sera pourtant fort apprécié des jurys et du public ravis de retrouver dans son œuvre leur propre imagination littéraire et sentimentale

Byron et Goethe ont beaucoup inspiré les peintres et les musiciens de cette époque, Marguerite rêvant à Faust trouvera un écho dans l’imagination exaltée des jeunes filles en fleur de la bonne société rêvant à l’amour romantique

Marguerite rêvant à Faust – Ary Scheffer

Le talent de peintre classique reconnu d’Ary Scheffer, lui permit de devenir le professeur de dessin des filles de Louis Philippe qui manifestaient un goût certain pour les arts…

Louise d’Orléans en 1831 – Ary Scheffer

…Et ses portraits officiels flatteurs, à la touche lisse sans aspérité et au charme plaisant mais froid avaient les faveurs de la cour du roi-bourgeois…

La princesse de Joinville, fille du roi du Brésil – portrait officiel de 1844 – Ary Scheffer

…Même si le portrait de la reine, veuve du roi Louis Philippe d’une vérité psychologique rarement atteinte fut apprécié

La reine Marie-Amélie en 1857 – Ary Scheffer

Les salles du musée affichent quelques belles surprises, telle cette dame mutine au col vaporeux de dentelle et à la coiffure à la dernière mode qui évoque les lorettes gravitant autour des artistes

Madame Le Doyen – tableau de Louis Hersent

Le musée occupe d’anciennes dépendances, cernant le petit jardin et la cour pavée

L’escalier, le long du jardin, conduisant à la salle basse

Le jardin de poche, à l’arrière de la maison s’est doté d’une véranda pour abriter une petite halte bienvenue. Écouter les chants des oiseaux en admirant les parterres de roses transporte avec imagination la campagne à Paris !

…Il pleuvait ce jour de juin et les roses s’effeuillaient mélancoliquement…

Leurs tendres couleurs se fanant accompagnaient notre nostalgie d’un Paris à jamais enfui…

…Et d’un désenchantement en retrouvant la ville moderne, bruyante où le quartier malsain de Pigalle tout proche laisse un sentiment nauséeux au vu de ses plaisirs frelatés