Exposition – La Russie romantique

Paris – Musée de la vie romantique 2011

Visite au Musée de la Vie Romantique, par une froide et maussade après-midi d’hiver parisienne, de l’exposition de peintures romantiques de la Russie choisies dans les collections de la Galerie Trétiakov à Moscou

Musée de la Vie Romantique rue Chaptal

Exposition mettant en scène des œuvres de peintres russes influencés par le Romantisme européen de la première moitié du XIXe siècle

Une galerie de portraits fort convenus des intellectuels russes et des élites influentes proches des tsars Alexandre et Nicolas Ier bien connus pour leur régime autocratique, peints dans un style officiel de cour froidement classique et peu original

Allée discrète menant au musée

Exception faite du très beau portrait de Gogol au faîte de sa gloire littéraire, portrait qui plût fort, parait-il à l’écrivain !

Rien ne permet de déceler dans ce dandy, portraituré pendant ces années de vagabondage en Europe et si manifestement content de sa personne, la crise existentielle qui surviendra peu après et lui fera détruire une partie de son œuvre littéraire

F. Moeller – Nikolaï Vassilievitch Gogol – 1840

Quelques paysages inspirés par l’étape obligée en ce début de siècle du périple en Italie dont les artistes essaieront de restituer les ruines dans la lumière chaude de l’Europe méridionale

Plus intéressant, car plus spécifiquement russe, ce calme paysage d’eau et de lumière où les reflets du soleil couchant nimbent de pourpre les berges du fleuve

Une barque, dans laquelle Gogol et le peintre auraient pris place, glisse lentement sur les eaux paisibles pour une promenade vespérale pleine de douceur languide

Anton Ivanov – La Traversée du Dniepr par Nikolaï Gogol – 1845

A l’opposé des artistes revenant de leur « grand tour » et diffusant dans leur pays un certain romantisme européen, des aquarelles finement détaillées restent dans la mouvance des représentations de « l’éternelle Russie »

Karl I. Rabus – Cathédrale Basile-le-Bienheureux, Moscou – Vers 1840

Plus que dans ses peintures au style académique, c’est dans ses admirables dessins qu’Orest Kiprenski prouve sa maîtrise par l’emploi raffiné du fusain et de la sanguine comme dans cette physionomie lumineuse du jeune officier Komarovski loué de son temps pour sa vive intelligence

O A. Kiprenski – Le Comte Egor E. Komarovski – 1823

La représentation de scènes moralisatrices, dans le goût du XVIIIe siècle finissant, bien qu’artificielles et un peu froides conservent cependant un charme intrigant

A. Zlatov – Jeune Fille tenant une cage – Avant 1830

Des œuvres n’échappent pas à la convention des peintures romantiques, comme pour le portrait de cet écrivain célèbre de son temps représenté sous les traits d’un beau ténébreux où l’on voit que Delacroix et Géricault n’étaient pas inconnus du peintre Brioullov !

Karl P. Brioullov – Nestor Vassiliévitch Koukolnik – 1836

Comme dans tous les pays de l’Europe septentrionale, Allemagne et Autriche, la Russie n’échappe pas au nouveau genre de peintures d’intérieur qui connut au début du XIXe siècle un succès considérable

Les scènes de la vie privée dans les maisons confortables mais empreintes de charme rustique de la noblesse sont perçues comme les représentations des liens unissant les personnes d’une catégorie sociale supérieure partageant des intérêts communs et une même vision élitiste de monde

Chambre avec une estrade devant la fenêtre – Vers 1830-1850

Le Musée de la Vie Romantique, installé dans l’ancienne maison-atelier du peintre Ary Scheffer que j’ai déjà mentionné dans mon article sur Chopin a vu très récemment ses collections redistribuées dans un espace plus aéré

Ary Scheffer – Sophie Marin, épouse de l’artiste

Situé dans la mouvance des peintres de la vie artistique parisienne, Ary Scheffer représente les célébrités de son temps dans des attitudes conventionnelles mais néanmoins gracieuses comme dans le portrait charmant et lumineux de sa jeune femme

Le musée affiche quelques œuvres des artistes contemporains s’attachant à restituer les scènes des drames lyriques populaires…

François Debon – Un justicier – Autoportrait – 1835

…et les héros des légendes chères aux Romantiques, souvent dans un style néo-gothique fort à la mode à l’époque

Charles Durupt – Manfred et l’esprit -1831

En sortant du musée, dans une rue adjacente, un air de fête à la chinoise pavoisait un immeuble habité par un collectif d’artistes et mettait un peu de couleur dans le gris habituel de l’hiver parisien

Lanternes rouges dans la rue Jean Baptiste Pigalle

Tout proche de cet ilot préservé, le quartier répugnant de Pigalle où sexe rime avec commerce, mène à la place Clichy qui vient de subir des aménagements sensés y rendre une circulation piétonnière plus agréable

En fait la circulation automobile aussi démente qu’avant ne favorise toujours pas une traversée des rues plus sûre !

« La quatrième pomme  » – Franck Scurti

Sur cette place de Clichy et sur le socle laissé vacant d’une statue, disparue pendant la guerre, du philosophe Charles Fourrier, l’artiste Franck Scurti a installé une grosse pomme en acier gravée d’un planisphère…

 » Miroir, mon beau miroir…. »

…Dans laquelle on peut s’amuser à se mirer !

J’aime beaucoup les différentes expositions organisées par le Musée de la Vie Romantique