Un périple bleu – Bibliothèque Forney – III – 2015
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L’Inde, grand producteur d’indigo depuis l’Antiquité, d’où le nom du colorant bleu dans notre monde occidental ! était le principal pays exportateur des blocs séchés du pigment jusqu’au début du XXe siècle, époque où les teintures chimiques mirent fin à ce fructueux négoce
Quelques petites industries, généralement familiales, au travers du sous-continent indien exploitent et teignent encore les textiles avec ce colorant naturel souvent additionné de poudre de bleu synthétique et de divers composés chimiques
Ces produits venant de l’industrie chimique permettent d’abaisser ainsi le coût de production du travail par rapport à celui de la teinture artisanale qui nécessite de longues et patientes étapes pour l’obtention des bleus profonds tels que les aiment les populations locales
La cuve d’indigo activée plus vite, la couleur bleue renforcée en limitant le nombre de bains restent un moyen pour les teinturiers de sauvegarder leurs entreprises bien que les toiles bleues artisanales disparaissent actuellement au profit des textiles synthétiques imprimés beaucoup moins coûteux et plus pratiques dans l’usage quotidien
Si toutes les traditions textiles se rencontrent encore en Inde, tissage, impressions artisanales, patchwork, broderies avec ajout de miroirs…
…les toiles fleuries imprimées en réserve à la planche ou au tampon faisaient plus particulièrement la réputation des teinturiers de l’indigo et des imprimeurs dans les états du Rajasthan et du Gujarat au Nord de l’Inde
La plus belle pièce de l’exposition, à mon sens, est une pièce sobre tissée et teinte en indigo où quelques discrètes broderies ajoutent du mystère tandis que les cercles parfaits constitués de cauris laissent entrevoir une symbolique qui nous échappe
Les textiles teints en indigo servent encore à confectionner les costumes des paysans des minorités du Sud-Est asiatique, les motifs brodés et les vêtements surchargés d’ornements divers permettent d’identifier l’ethnie et de différencier les fonctions de chacun au sein des groupes constitués dans les différentes régions
Comme beaucoup d’ethnies ne produisent pas d’indigo, l’achat du précieux pigment se fait auprès de groupes qui cultivent les plantes et vendent au plus offrant le produit de leur travail
Au Vietnam et au Laos, des femmes tissent encore sur des métiers rustiques des lés de tissu en coton ou en chanvre qui seront teints ensuite en indigo de diverses nuances de bleu, le surplus de la production étant destiné à être vendu sur les marchés
Les vêtements traditionnels sont ornés de fines bandes de cotonnades manufacturières, les motifs choisis pour les applications sèment sur les tenues des figures géométriques tout à fait reconnaissables !
Si beaucoup de femmes des minorités arborent en plus des costumes décorés, de grandes jupes plissées bariolées, d’autres au contraire se vêtent le pantalons et de tuniques plus sobres égayées par des torques et des bracelets en argent ou en simple métal chargés de les protéger des forces négatives
Les ornements de tête, grosses nattes postiches, coiffes extravagantes recouvertes d’une multitude de fanfreluches distinguent aussi les différents groupes sociaux
Tous ces costumes ornementés au goût des femmes ne sont plus revêtus, à part quelques exceptions, qu’au moment des fêtes ou pour les cérémonies
Les broderies sont toujours exécutées séparément sur des petits morceaux de tissu puis réunies entre elles par des galons de couleurs, cousues sur les vêtements, au col, sur le plastron et les manches
Nombre d’ethnies privilégient les teintures très foncées, n’hésitant pas à reteindre des vêtements décolorés et même usagés, les broderies sont alors décousues aisément pour ne pas prendre la couleur et pour venir décorer d’autres textiles
Des pièces de costumes font exception, des bandes de broderies serrées ou des applications de soies de couleur recouvrent littéralement le vêtement entier
Les broderies sont souvent exécutées au point de croix, les motifs varient suivant les villages mais toutes partagent en commun les triangles et les losanges destinés à la protection du porteur du vêtement
Les pompons, autrefois en soie mais maintenant en laine synthétique, rose vif ou rouge parsèment les tenues en apportant des touches de couleurs aux bleus indigo presque noirs jugés souvent trop austères
Si l’indigo a la réputation de protéger les paysans des serpents et autres insectes lors du travail dans les champs, il aurait aussi la faculté de sauvegarder des esprits malins !
Nombre de villageois gardent donc sur eux des petits papiers ou des fils teintés en indigo comme talismans
L’exposition présentait un étonnant travail d’assemblage de bandes de laines tissées, simple mais spectaculaire, où l’indigo en différentes nuances essayait de calmer d’éclatantes couleurs végétales
A suivre …L’Afrique et le Moyen Orient
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Exposition Indigo – Un périple bleu – Bibliothèque Forney :
I – Le Japon
II – Les minorités chinoises
III – L’inde et le sud-Est asiatique
IV – L’Afrique et le Moyen Orient
V – L’Amérique centrale
VI – L’Europe