Paris – Salon l’Aiguille en fête – III – 2014
Paris – Salon l’Aiguille en fête 2014 : I | II | III | IV
L’exposition « Mining a Golden Seam » de la guilde des brodeurs du Nord-Est de l’Angleterre était tout à fait passionnante
Accrochées en hauteur dans un semblant de couloir tendu de noir, sensé évoquer les entrailles de la terre, la contemplation des œuvres était malaisée et pourtant je suis restée longtemps fascinée par quelques ouvrages autant pour la vitalité de l’inspiration que par la subtilité du travail
De charmantes dames anglaises, au français hésitant mais à l’accent délicieux, venaient vers les visiteurs pour expliquer le travail de leur guilde avec cette simplicité et cette chaleur qui faisaient défaut à « nos grandes artistes » françaises juste un peu plus loin
Ces brodeuses talentueuses non professionnelles n’avaient visiblement pas d’ambition pour l’étiquetage artistique que pourtant plusieurs d’entre elles méritaient amplement
La région Nord-Est de l’Angleterre est une terre de contrastes où, au milieu de campagnes verdoyantes et de villes historiques renommées, l’exploitation minière a joué un rôle important à l’époque de la Révolution Industrielle en permettant l’émergence de grands centres industriels
L’exploitation minière a cessé mais son souvenir est resté vivace dans la conscience collective des habitants de la région
La guilde des brodeurs a travaillé sur les thèmes de l’histoire et de l’héritage de l’industrie minière et de la vie des communautés liée à cette industrie
Les strates géologiques avec leurs filons d’or et leurs fossiles ont inspirés nombre d’ouvrages où se mêlent broderies, textiles retravaillés et trésors de récupération
La couleur or commune à beaucoup d’œuvres se révèle le point focal au milieu des noirs intenses comme le filon précieux et étincelant surgi de sa gaine de pierre
La mémoire des vies industrieuses et les expériences après la fermeture des mines se mêlent de façon touchante au filon d’or considéré par beaucoup de brodeuses comme un enrichissement symbolique de leur vie
J’ai préféré, dans cette exposition, les travaux contemporains composites et très évocateurs aux traditionnelles broderies pastels un peu trop illustratives de façon terre à terre (si j’ose dire !)
« Le réveil de la Belle Dormante » était le titre joliment donné, pendant le Salon, à un monumental métier à tisser la dentelle, fabriqué en fonte à Villeurbanne en 1905, qui avait été destiné à fabriquer la plus légère et la plus sophistiquée des dentelles
Sauvée in-extremis de la destruction grâce à la mobilisation de quelques passionnés regroupés en associations, elle a été remise en état et grâce aux technologies numériques d’aujourd’hui, elle peut de nouveau tisser des kilomètres de dentelles !
Après les voiles de dentelle en fils de soie du début du XXe siècle, la belle machine ne finira plus que tisser les napperons en Tergal si populaires des années 1950 avant de renouer, peut-être ses fils d’antan
L’exposition de kimonos refermera cette série d’articles sur le Salon 2014
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Paris – Salon l’Aiguille en fête 2014 :
* Porte de Versailles – 1ère partie
* Exposition « l’Art textile en liberté
* Exposition de la guilde des brodeuses anglaises
* Exposition de kimonos Meisen