Salon l’Aiguille en fête – II – 2014
Paris – Salon l’Aiguille en fête 2014 : I | II | III | IV
Un petit préambule pour m’étonner que dans un Salon grand public, où l’on paie un droit d’entrée, beaucoup d’artistes textiles qui sollicitent pourtant le privilège d’exposer, refusent catégoriquement les photos des visiteurs
Au vu des œuvres montrées, je reste dubitative sur le fait qu’il leur faut se protéger, parait-il, des copies potentielles, mes photos seront donc les témoins de la mansuétude de quelques artistes
Je commence par les œuvres tout en délicatesse qui m’ont le plus séduite car la morbidité de beaucoup d’autres m’aura laissée sur des sentiments navrants
Adeline Schwab réalise des broderies pour la haute couture, mais son univers poétique joue avec le délicat et l’aérien
Emmanuelle Dupont s’inspire dans ses compositions vaporeuses des univers animal et végétal semblables aux translucides méduses…
… et dispose sous globe de fragiles assemblages assez intrigants
L’artiste plumassière Émilie Moutard-Martin range des plumes sur des plastrons de façon méticuleuse où le soyeux vibrant sous la lumière joue avec le mat et le profond pour recréer des plumages imaginaires
De la broderie quasi immatérielle furieusement tendance et forcément géniale puisque c’est un homme qui s’y adonne ! Travail tendant vers le minimalisme mais s’enseignant toutefois sans contradiction apparente
Des cours donnés par le grand homme pour désapprendre en quelque sorte les techniques que des années de travail ont réussi à perfectionner
Nombre d’œuvres exposées m’ont laissée perplexe sur les expressions qu’elles sont sensées véhiculer et sur le dédain affiché des artistes, suivant du coin de l’œil sans aménité, un public féminin moyen souvent interloqué
Les « organes » d’Agnès Sebyleau crochetés avec une seule ficelle qui peut être ensuite déroulée intacte laissent songeur sur le sens à donner à ces choses pendouillantes et franchement glauques…
…tandis que les sculptures en chutes de tissus d’Anne-Valérie Dupont entrainent un certain effroi devant ces visages horriblement couturés…
…ou devant ces Belles de jour aux corps balafrés et aux peaux rapiécées qui nous assènent les images dérisoires et forcément fallacieuses de l’apparence féminine et où je n’arrive pas a y déceler ni humour ni tendresse
Sur d’anciennes photos de mariage, la démarche de Pascale Drivière manque sérieusement de subtilité avec des symboles platement déchiffrables dans le meilleur des cas, car sur d’autres vieux clichés, des boutons, des têtes de baigneurs en celluloïd ou des agrafes se substituent aux visages, démarche pathologique dont j’ai cherché en vain la signification
Caroline Regnaut travaille les cravates entières qu’elle déploie en des tableaux bizarres où il est assez aisé de détecter la symbolique que revêt cet accessoire typiquement masculin, surtout quand il est travaillé pour une tête à l’aspect bonhomme, mi-clown mi-ogre, dont la grande bouche s’ouvre comme un avertissement
Les formes où les cravates se croisent telles des bandelettes sur des formes momifiées, m’ont indisposées par la morbidité du sujet, et le même visage féminin flambant ailleurs au milieu de cravates cramoisies, comme dans un brasier, laisse envisager un tourment indicible
Sans faire appel au bon docteur Freud, il est aisé de deviner chez ces femmes une propension à projeter leurs problèmes existentiels à la face du monde, c’est évidemment le propre des artistes de se dévoiler avec impudeur …
…Reste que les souffrances ainsi dévoilées et données aux regards subjectifs laissent des sentiments nauséeux
Il est vrai que je préfère les artistes qui s’épanchent dans des œuvres plus solaires, même si elles sont tout autant chargées de leur procurer un apaisement, mais dont la contemplation procure enfin de l’allégresse
La suite du reportage fera une incursion en Angleterre mais dans une veine d’or !
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Paris – Salon l’Aiguille en fête 2014 :
* Porte de Versailles – 1ère partie
* Exposition « l’Art textile en liberté
* Exposition de la guilde des brodeuses anglaises
* Exposition de kimonos Meisen