Nantes – Salon « Pour l’amour du fil » – Avril 2013 –
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Parcourir l’espace commercial des Salons de loisirs créatifs reste un moment privilégié pour connaître les nouvelles tendances de la mode-patchwork
A Nantes les reproductions de tissus anciens gardaient la cote tandis que les tissus Rowan très colorés conservaient des adeptes …
…les premiers pour refaire les quilts historiques proposés dans les publications en sachant que les samplers nécessitent une grande collection d’imprimés, les autres pour refaire …du Kaffe Fasset !
De plus en plus de boutiques proposent des tissus japonais, japonisants ou japonesques comme on dit au Japon !
Mais c’est dans ma boutique préférée « Euro Japan Links » que le choix est le plus intéressant, boutique que j’ai connue à St Marie aux Mines où elle était présente il y a quelques années pour la première fois
En plus des tissus modernes destinés au patchwork, reproductions de dessins traditionnels, beaucoup de bleus de style indigo, et des tissus rayés, on y trouve des kits assez jolis pour confectionner des coussins et des sacs originaux
Mais cette fois, j’ai eu la surprise d’y découvrir de beaux tissus Shijira pour lesquels j’ai fait une douce folie !
Ce sont des tissus en coton pour kimono en petite largeur, ne convenant pas spécialement pour faire du patchwork à cause de leur texture crêpée caractéristique
Ces cotons légers, Tatae Ori, fabriqués depuis des siècles dans l’île de Shikoku, teints en indigo, l’indigo de l’ancienne province d’Awa était très renommé, sont adaptés au chaud climat du sud et leur toucher agréable et doux convient parfaitement pour des kimonos d’été
Des tissus précieux de soie importés de Chine au VIIe siècle présentaient déjà cette aspect crêpé obtenu par la technique de torsion plus forte des fils de chaîne par rapport aux fils de trame
Cette technique fut retrouvée, dit-on, de façon empirique à la fin de l’époque Edo, par une tisserande travaillant sur des fils de chaîne de grosseurs différentes et qui, laissant un jour son travail sous la pluie, le retrouva avec cet aspect « frisé », le nom de Shijira Ori lui fut donné à partir de cette époque
Actuellement, les fils sont de nouveau teints avec des pigments naturels, l’indigo étant le plus courant, les tissages Shijira sont déclinés en unis, en rayés et en écossais
Selon la tradition, les fils après teinture sont ensuite enduits de colle pour lisser les aspérités éventuelles puis le tissage obtenu est laissé à sécher avant d’être vigoureusement étiré pour obtenir l’aspect crêpé recherché
Ces tissus furent fabriqués sur une grande échelle au début de l’époque Meiji à partir de 1872 pour confectionner des kimonos, puis le succès aidant, la largeur habituelle des lés de 36 cm fut augmentée jusqu’à 72 cm afin de répondre aux demandes d’exportation au début du XXe siècle
Sous l’ère Taishô, dans les années 1920, l’indigo naturel fut remplacé par des teintures issues de l’industrie chimique, la qualité s’en ressentit et la production
de ces textiles déclina rapidement jusqu’à nos jours où seules cinq entreprises de tissage artisanales subsistent encore, et en revenant à la largeur de 36 cm, elles perpétuent la tradition d’antan
N B : Pour confectionner un kimono, il faut un Ittan, rouleau de tissu de 12 mètres sur une largeur Namihaba normale de 36 cm, petite précision pour couper court aux habituelles inepties rencontrées sur Internet !
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