Nantes – Salon « Pour l’amour du fil » – Avril 2018 – VII –
Une belle collection d’indiennes venaient compléter les costumes provençaux
Ces textiles viennent de la collection privée de Mme Monique Alphand
J’ai emprunté les textes techniques et artistiques complétant mes photos, vus sur les cartels de l’exposition, au travail de recherche de cette collectionneuse avertie
Sur ce Palempore une grue se dresse de chaque côté du tertre formé du motif d’écailles imbriquées d’inspiration chinoise
La courtepointe imprimée à Jouy chez Oberkampf possède un centre dont les motifs d’écailles imbriquées doivent leur inspiration aux dessins d’éventails chinois, l’impression est faite à la planche de bois en garance et indigo
La bordure comporte des feuilles d’ananas et des fleurs polychromes stylisées sur un fond teint au curcuma, le vert est obtenu par ajout de jaune sur le bleu indigo
La courtepointe aux ananas est aussi une toile de Jouy du XVIIIe siècle, les très grands motifs de fleurs polychromes se détachant sur un fond blanc étaient destinés à l’ameublement, les petits imprimés étaient quant à eux, réservés à l’habillement
La courtepointe aux fleurs exotiques est une indienne imprimée en Alsace sur le modèle des toiles peintes venant des Indes
Les troncs entourés de lierre rappellent les Palempores, les arbres de vie typiquement indiens
Les grandes fleurs polychromes témoignent de l’inspiration des imprimeurs européens pour les fastueux décors des toiles importées de l’Inde
Le centre de la courtepointe de la fin du XVIIIe siècle est imprimé à la réserve de petites fleurs carminées sur un fond bleu indigo
La bordure en toile de coton tissée très serrée teinte aussi en indigo possède un relief très prononcé obtenu par la technique du piqué-bourré dans des entrelacs complexes et denses
C’est à Rouen, au début du XVIIIe siècle qu’un nouveau procédé de teinture à l’indigo a débuté, avec l’autorisation de teindre « en bleu bon teint » ! remplaçant ainsi le pastel antérieur devenu trop onéreux et plus assez performant
La courtepointe avec bordure est entourée d’une étoffe en chintz qui en a gardé encore l’aspect glacé
La bordure plus ancienne que la partie centrale témoigne, au fil des ans, des égards apportés aux textiles antérieurs si coûteux
Les deux toiles, probablement d’origine alsacienne, arrivaient en Provence grâce au trafic commercial sur le Rhône et se négociaient au moment de la grande foire de Beaucaire
Sur une courtepointe du XIXe siècle, des motifs de « Boteh » (fleur indienne stylisée) s’inspirant des cachemires indiens sont obtenus par une impression à la réserve sur un fond rouge garancé
La courtepointe des « oiseaux au nid » est imprimée à la réserve sur un fond rouge de garance
Une végétation luxuriante mais imaginaire s’inspire des décors des toiles des Indes
Les teintures naturelles sont encore présentes sur la courtepointe où de grandes fleurs teintes à la garance se trouvent entremêlées de rubans indigo sur un fond picoté
La courtepointe aux oiseaux de paradis s’ébattant au milieu de rameaux fleuris aux riches couleurs prouve, sous le Second Empire, la persistance du goût pour l’exotisme
Une courtepointe aux fleurs exotiques manifeste toujours à la fin du XIXe siècle le goût déjà ancien, pour les décors des indiennes
Les fleurs polychromes et le fond bleu intense sont dus aux teintures chimiques
Le dernier article sera consacré aux boutis
NB – Je remercie Mme Alphand pour m’avoir permis de photographier sa fabuleuse collection