Boulogne – Jardins du musée Albert Kahn
Promenade à Boulogne, dans les Hauts de Seine, aux portes de Paris, dans les jardins du musée Albert Kahn
Ce jardin fut créé à la fin du XIXe siècle dans l’esprit d’un vrai jardin japonais, avec les matériaux et les essences végétales importés du Japon à cette occasion
Albert Kahn, ayant quitté son Alsace natale après la défaite de 1870, s’installe à Paris, fait fortune dans la banque et va mettre en œuvre des actions philanthropiques plus en phase avec ses idéaux que les spéculations sur les mines d’or et de diamants d’Afrique du Sud, à l’origine de sa fortune
De la fin du XIXe siècle jusqu’aux années 1930, ce grand pacifiste va fonder des institutions visant à la compréhension internationale dans un but, hélas utopique, de favoriser la paix universelle
Ainsi « les Bourses autour du Monde » permettent à de jeunes diplômés de partir voyager partout sur la planète pour se confronter à d’autres cultures et forts de leur expérience, revenir enseigner à la jeunesse, futurs citoyens d’un monde pacifique
Albert Kahn finance surtout « Les Archives de la Planète » un autre grand projet
Elles sont constituées par des opérateurs envoyés dans le monde entier chargés de prendre des films en noir et blanc et des milliers de photographies autochromes en couleurs durant les premières années du XXe siècle pour témoigner de civilisations n’ayant pas encore basculé dans la modernité
Ces images fascinantes de modes de vie aujourd’hui disparus sont présentées dans le petit musée lors d’expositions fort passionnantes, et bien que datant d’une centaine d’années, leur qualité les exempte du côté vieillot habituel des archives de cette époque
La grande crise de 1929 et ses conséquences désastreuses précipitent la ruine d’Albert Kahn , sa banque, son patrimoine et ses institutions généreuses vont disparaître très vite
Il s’éteindra en 1940 à l’aube de la seconde guerre mondiale
Albert Kahn , en 1893, en s’installant dans un hôtel particulier à Boulogne et en achetant peu à peu des parcelles de terrain autour de sa maison va constituer différents jardins, un jardin japonais mais aussi un jardin à la française, un parc à l’anglaise et enfin une forêt vosgienne en miniature
Après la ruine du mécène, le domaine et les jardins sont heureusement acquis par le département de la Seine en 1936, puis remaniés et replantés d’après les photos d’origine encore conservées
« Je suis allé à deux reprises au Japon ; j’aime tout particulièrement ce pays et c’est pour cela que j’ai voulu poser ici près de ma demeure, un coin de la terre japonaise. Ma nature a de grandes affinités avec la sensibilité des Japonais et j’apprécie tellement le calme et la douceur de leur façon de vivre. C’est peut-être aussi pour retrouver cette atmosphère qui m’est si familière que j’ai voulu vivre parmi les fleurs et les arbres du Japon »
Albert Kahn interviewé pour la revue France-Japon, 15 Août 1938.
Ce jardin est traditionnel dans les éléments de sa composition, il est la transposition du paysage japonais dans l’évocation des montagnes, des cours d’eau, des cascades …
Le jardin abrite des essences végétales originaires du Japon, des cyprès…
… Des cerisiers (nous étions fin avril) …
…Des pins
…Et des érables
Plusieurs lanternes anciennes de bronze ou de pierre, certaines offertes par des familles princières du Japon proches d’Albert Kahn
Une lanterne décorative comme une petite pagode de pierre où les étages symbolisent les cinq éléments de l’univers bouddhique
Tous les éléments végétaux et minéraux représentent en miniature un paysage japonais
Le jardin japonais abrite encore deux maisons et un pavillon de thé, seuls bâtiments rescapés du jardin d’origine
Ces maisons d’exposition, jamais habitées, ont été construites au Japon au début du XXe siècle, démontées et acheminées jusqu’à Boulogne, où des artisans japonais les ont remontées à l’identique
Le pavillon de thé, à l’origine simple cabane, a été remplacé par une plus grande construction dans le même esprit…
…Où la cérémonie de thé est encore pratiquée aux beaux jours
Les maisons ont été bien rénovées, à l’exception des toits primitivement recouverts de chaume qui sont actuellement à restaurer
Ces constructions typiques de la campagne ou de la vie provinciale japonaise d’il y a cent ans sont faites de matériaux naturels…
…Bois, bambou…
…Paille et roseaux
Le soir, les volets de bois sont coulissés pour fermer la maison pendant la nuit
Mon époux, ayant vécu à la campagne, au Japon, se souvient que pendant son enfance on fermait ainsi sa propre maison !
Pas de jardin japonais traditionnel, dans l’imaginaire collectif sans son petit pont pittoresque …
…Son plan d’eau et ses carpes d’ornement !
Le jardin japonais contemporain est une métaphore de la vie d’Albert Kahn , en souvenir des liens étroits qu’il entretenait avec le Japon
…De sa naissance, symbolisée par l’eau jaillissante…
…Au sommet de sa puissance évoquée par la pyramide s’élançant vers le ciel…
…A sa mort figurée par les cônes renversés du jardin zen
Ce jardin contemporain été créé en 1989 par le paysagiste japonais Takano Fumiaki
Le jardin à la française aligne ses stricts parterres plantés de fleurs monochromes et…
…S’agrémente d’une serre monumentale à coupoles en fer forgé comme celles abritant les jardins d’hiver très à la mode au XIXe siècle
Un grand miroir démultiplie l’espace et accentue l’architecture aérienne de la structure métallique peinte en blanc
Le jardin anglais est une recherche du naturel comme dispensé de la main experte du jardinier
Une petite rivière coule paisiblement parmi les arbustes et les arbres non taillés…
…Et partout de modestes fleurs des champs au printemps parsèment la prairie vallonnée
Un rêve de campagne aux portes de Paris !
Mes photos ont été prises dans les jardins du musée Albert-Kahn , propriétés du Conseil général des Hauts-de-Seine