Paris – Exposition : Tisser les couleurs – Maison de la Culture du Japon – II – Les kimonos Tsumugi

Paris – Maison de la Culture du Japon – II –

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Les artisans qui tissaient les kimonos luxueux avec la seule soie grège pour les classes dirigeantes du Japon ancien, gardaient pour leur usage personnel la soie de deuxième qualité afin de confectionner des kimonos en pongé de soie, les kimonos Tsumugi, qui devinrent peu à peu très prisés dans toutes les classes de la société

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Shimura Fukumi – Églantines – 2002 – Kimono Tsumugi
Teinture : rose, brun (arbre Ilex peduncolosa) et jaune (gardénia) filaments de feuilles d’or


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Détail du « patchwork » tissé aux subtiles nuances de bruns

Shimura Fukumi a commencé son travail artistique comme tisserande afin de poursuivre la tradition du tissage artisanal dans l’esprit du mouvement Mingei, devenu après la guerre, le manifeste d’une véritable culture populaire

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Shimura Fukumi – Vent dans la plaine – 1993 – Kimono Tsumugi
Teinture : indigo et jaune (Miscanthus tinctorius)


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Détail – Des broderies remplacent les Mon, les armoiries communément situées au dos et sur les épaules des kimonos

Mais c’est par l’usage des teintures élaborées par elle-même avec des pigments tirés des végétaux, qu’elle s’est démarquée de tant d’autres artisans tisserands de son époque

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Shimura Yôko – Orage d’hiver – 2012 – Kimono Tsumugi
Teinture : violet (grémil du teinturier) et jaune (gardénia)


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Détail – Tissage en damier au bas du kimono

Les couleurs servent à l’expression de l’artiste qui ne prépare jamais un plan préconçu avant de commencer le tissage, les motifs et les graduations de teintes s’imposent au fur et à mesure de son travail suivant ses pensées ou ses idées du moment

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Shimura Yôko – Marie – 2010 – Kimono Tsumugi
Teinture : rouge (Sappan), brun (pelures d’oignons) filaments de feuille d’or


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Détail des motifs Kasuri

L’esthétique du vêtement ancrée dans la tradition japonaise lui sert de cadre pour son travail même si quelquefois l’exigence à perpétuer un certain esprit mémoriel pose des doutes dans un monde contemporain au mode de vie si différent d’un passé pourtant pas si éloigné

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Shimura Yôko – Othello – 2008 – Kimono Tsumugi
Teinture : jaune (pelures d’oignons) et indigo


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Détail des motifs Kasuri en indigo

La créativité contemporaine de Mme Shimura évolue donc entre l’héritage du passé qui marque sa propre identité et l’innovation s’appuyant sur la riche tradition des textiles au Japon

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Shimura Yôko – Lac rouge – 2008 – Kimono Tsumugi avec fils de soie grège
Teinture : rouges (Sappan et garance) et indigo


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Détail – Évocation de la surface d’un lac duquel pourrait jaillir le magma d’un volcan
« Les dégradés de rouge et de bleu affrontés suscitent un sentiment de violence » affirme Shimura Yôko

Shimura Fukumi pratique un art dit décoratif qui, utilisant diverses matières et techniques, pour une tisserande les fils et leur disposition sur un métier, n’est plus considéré dans notre monde contemporain, comme relevant du « grand Art » communément admis…

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Shimura Fukumi – La danseuse – 2013 – Kimono en soie grège
Teinture : rouge (Carthame des teinturiers), violet (grémil des teinturiers), jaune (Miscanthus tinctorius), jaune(gardénia) et indigo


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Détail – Ce kimono n’a pas été conçu pour pour être porté dans la vie réelle, mais pour revêtir une danseuse imaginaire

…Pourtant, affirme Mme Shimura, les couleurs et les motifs peuvent, en transcendant les contraintes techniques, concrétiser parfaitement les représentations et les images mentales propres aux artistes

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Shimura Yôko – Shikishima – 2007 – Kimono Tsumugi
Teinture : jaune (Miscanthus tinctorius), brun (pelures d’oignon) et indigo


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Détail des parties teintes en indigo
Évocation d’un poème célébrant les fleurs de cerisiers dans le Japon antique
Shikishima est un des anciens noms désignant le Japon

Évoquer ses connaissances du monde, des souvenirs, des émotions surgissant à tout moment, et les projeter dans la création d’étoffes est une tâche exigeante, les noms donnés volontairement à chacune de ses créations leur assure une singularité et un caractère propre

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Shimura Fukumi – Ciel et lac – 2007 – Kimono Tsumugi
Teinture : indigo


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Détail – Reflets du ciel au dessus du lac Biwa dans la plaine d’Ômi

Dès le début de la civilisation japonaise, l’esthétique des couleurs se trouva associée aux sentiments humains, cette spiritualité s’épanouit dans la littérature et surtout dans la poésie classique

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Shimura Fukumi – Éternelle jeunesse – 2013 – Kimono Tsumugi
Teinture : gris anthracite (lilas des Indes), gris clair (fraise chinoise), filaments de feuilles d’or


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Détail – Inspiration venant d’un personnage du théâtre Nô, symbole de l’énergie vitale d’une vieille femme ayant traversé bien des épreuves et qui revit une nouvelle jeunesse

Comme beaucoup d’artistes-artisans, Mme Shimura en véritable créatrice lettrée, elle est d’ailleurs essayiste, insuffle dans ses tissages nombre de références littéraires et poétiques

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Shimura Fukumi – Lac sous la lune – 1985 – Kimono Tsumugi
Teinture : brun (pelure d’oignons) et indigo


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Détail – Souvenir d’une attente pour admirer la montée de la lune au-dessus du lac Biwa

Situé au Nord-Est de Kyôto, le lac Biwa, le plus grand lac du Japon, a depuis les temps les plus anciens, été célébré par les poètes et les artistes et reste le thème de prédilection de Mme Shimura dont l’atelier se situe dans une campagne proche de Kyôto

Elle peut faire des promenades autour du lac qui lui offre toujours des paysages aux aspects enchanteurs et surprenants dont elle tisse les émotions ressentis dans la trame de ses étoffes

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Shimura Fukumi – Tout au bout du lac Biwa – 2007 – Kimono Tsumugi
Teinture : jaune (Miscanthus tinctorius) et indigo – Filaments de feuilles d’or


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Détail – Souvenir du lac Biwa baigné par les rayons de lune
La couleur verte est obtenue en superposant du jaune aux fils teints à l’indigo au préalable

Les deux tisserandes voyagent aussi à travers le monde à la recherche des spiritualités ayant engendré des traditions textiles, l’Inde et le Moyen-Orient demeurent des sources d’inspiration continue

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Shimura Yôko – Le grand encensoir – 2008 – Kimono Tsumugi
Teinture : jaunes (Miscanthus tinctorius et gardénia) et indigo


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Détail – Souvenir du chemin de St Jacques de Compostelle et de l’immense encensoir vu dans la cathédrale

Les kimonos Tsumugi sont uniquement tissés avec des fils déjà colorés, contrairement aux autres kimonos tissés en fils blancs ou naturels qui seront teints ensuite pour recevoir un décor peint à la main ou au pochoir rehaussé de broderies éventuelles

Les deux artistes s’adonnent aussi en toute liberté à la technique du Kasuri (ikat) avec des fils teints partiellement au préalable selon le dessein recherché

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Shimura Fukumi – Chemin parcouru – 1999 – Kimono Tsumugi
Teinture : jaune (gardénia) et indigo


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Détail – Kimono au décor sobre et élégant en Kasuri d’une précision étonnante…et remarquable !

Les tisserandes créent des lés d’étoffes pour kimono, et même si elles ne les cousent pas (je suppose qu’un atelier de couture s’en charge) leur travail prend toujours en compte, pendant le tissage, les décors placés sur le vêtement définitif

Le décalage des motifs souvent observé des deux parties du dos résulte de la couture d’assemblage des parties tissées pour confectionner le kimono

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Shimura Yôko – Sainte Claire – 2013 – Kimono Tsumugi
Teinture : gris (feuilles et branches de chêne, feuilles de bambou) violet (grémil des teinturiers)


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Détail – Le tissage selon la technique Kasuri est chargé de rendre l’expression recherchée

Les kimonos au Japon ne sont pas toujours destinés à être portés, ils servent aux créateurs de support sur lequel leur art peut se déployer, remplaçant « la toile » si familière aux Occidentaux

Mais Mmes Shimura mère et fille s’habillent avec les œuvres qu’elles tissent, la sobriété de leurs tenues renforce la noblesse de leurs attitudes

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Shimura Yôko – Chant du soir de Tagore – 2007 –  Détail d’un panneau tissé en pongé de soie
Teinture : Rouge (sappan) et gris (glands de chêne)
L’inspiration vient d’une lecture attentive de l’œuvre du poète Indien

Exempte de chronologie, l’exposition affichait idéalement les kimonos des deux artistes côte à côte

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Shimura Yôko – Des roses pour Gabriel – 2010 – Détail d’un panneau tissé en pongé de soie
Teinture : Rouge (sappan), jaune (Miscanthus tinctorius) et indigo
Comme le lys offerte à la Vierge, la créatrice aimerait offrir des roses à l’archange Gabriel !

Il était difficile de départager les kimonos de la mère de ceux de la fille tant leurs œuvres vibraient en écho, Shimura Yôko se révèle peut être un peu plus audacieuse dans l’emploi des couleurs et dans les références revendiquées à l’art occidental

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Shimura Yôko – Opéra – 2010 – Kimono Tsumugi brodé avec des fils d’or
Teinture : gris (fraise chinoise), brun (Pelures d’oignons), jaune (Miscanthus tinctorius) indigo et filaments de feuilles d’or


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Le mot Opera brodé en lettres d’or comme un bon résumé de toute l’œuvre de Shimura Yôko

Pendant la durée de l’exposition, des kimonos et des panneaux tissés ont été remplacés par d’autres œuvres, mes photos ne reflètent donc que ma visite des derniers jours

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Paris – Exposition : Tisser les couleurs – Maison de la Culture du Japon :
1ère partie – La couleur
2ème partie – Les kimonos Tsumugi
3ème partie et fin !