Printemps à Kyôto 2014
Nishijin ori Kaikan, centre de tissage Nishijin, est renommé pour ses informations sur les précieux tissages de soie Nishiki ori, dont l’industrie est installée à Kyôto depuis le XVe siècle
Las, le centre est plutôt un grand magasin de souvenirs pour touristes pressés, les démonstrations de tissage étant fort succinctes et les textiles vendus sous ce nom ne sont que de jolies soies imprimées !
Le centre est surtout connu pour proposer contre une somme modique la transformation, le temps de quelques heures, de n’importe quelle touriste en nipponne presque authentique !
Chaque jour, de jeunes mannequins revêtues de différents styles de kimonos défilent devant les amateurs de belles photos ! Nous n’avons pas boudé notre plaisir !
Les kimonos Furisode très colorés aux longues manches sont portés exclusivement par les jeunes filles lors de la fête célébrant leurs 20 ans, le jour de leur majorité, ou encore pour des réceptions officielles ainsi que pour des cérémonies où l’élégance est de rigueur
Quand une jeune femme porte ce kimono aux longues manches le jour de son mariage, ses invitées quant à elles doivent avoir un vêtement aux manches plus courtes !
Les motifs imprimés et brodés de ce type de kimono sont très hauts en couleur et se déploient sur toute la surface du vêtement en dessin continu
Ces kimonos et leurs accessoires se révèlent très onéreux, il n’est pas rare qu’une location prenne le relais de l’achat par les parents, car les occasions de porter de tels kimonos ne sont pas très fréquentes
Les ornements de coiffure, barrettes soutenant de longues grappes de fleurs sont réservés exclusivement aux jeunes filles
Les kimonos Hômongi sont les kimonos de cérémonie des femmes un peu plus âgées qui les portent lors des mariages, des soirées habillées ou encore pour se rendre à des manifestations culturelles
Les motifs teints ou peints à la main se concentrent le plus souvent sur une épaule, puis descendent au bas des manches pour venir ensuite décorer le bas du vêtement
Les kimonos Iromuji en damas de soie sont des vêtements semi-formels…
…leur couleur discrète en fait des vêtements pour tous les jours, cette sobriété élégante leur permet d’être portés pour faire des visites sans protocole comme pour se rendre à une cérémonie du thé par exemple
Les kimonos sont d’une grande diversité, et désignent le statut de la femme qui les porte selon sa condition sociale, son âge et son sens de l’esthétique !
Les couleurs et les motifs décorant les kimonos varient selon les saisons, les vêtements ornés par les dessins pastels de fleurs du printemps, pruniers et cerisiers ne se porteront pas en automne, moment où seront préférés des couleurs plus sourdes avec chrysanthèmes et feuilles d’érable rouges
Les kimonos sont toujours revêtus par dessus un Juban, kimono de dessous, blanc pour les vêtements de cérémonie, aux teintes pastel ou plus vives pour ceux de tous les jours
Même si on ne peut voir ce kimono de dessous qu’à l’échancrure du décolleté, au bas des manches ou le pan entrouvert lors de la marche, ils apportent à la tenue une note de raffinement supplémentaire
Les kimonos unis laissent une plus grand latitude dans le choix de l’Obi qui doit par sa couleur et ses motifs rehausser un vêtement qui, selon les circonstances, pourrait être jugé trop sobre
J’ai une grande prédilection pour les kimonos plus modernes aux larges rayures dont un Obi à motifs géométriques accentue encore le côté très graphique de l’ensemble
L’Obi, dont la longueur peut aller jusqu’à 4 mètres sur une largeur de 33 cm est difficile à nouer si la personne qui le choisit n’en a pas une certaine pratique, souvent une aide supplémentaire est nécessaire afin de le disposer parfaitement
L’Obi s’accompagne de divers accessoires afin de le maintenir bien en place, plusieurs cordons sont nécessaires ainsi que l’indispensable Obiage, petite ceinture de teinte vive, souvent en Shibori, dont les pans noués viennent au-dessus de l’Obi en apportant à celui-ci une touche de couleur fort appréciée
La municipalité de Kyôto, pour inciter les jeunes gens à porter le vêtement traditionnel offre périodiquement le transport gratuit dans les bus de la ville à toute personne habillée en kimono !
Ce printemps, l’entrée au château de Nijô, au jardin de Heian Jingu entre autres, étaient gratuite pour toute personne se présentant en kimono
Mon époux, en voyant des jeunes femmes habillées de kimonos, notre appartement à Kyôto jouxtait une boutique de location, était très surpris de les voir se comporter étrangement, amples mouvements des bras, marche à grand pas en perdant leurs Zori, les sandales appropriées indispensables au port du kimono, et en réajustant un sac à dos au-dessus de leur Obi !
Nous en avons enfin compris la raison en entendant nombre de touristes chinois, homme et femme qui déambulaient en ville habillés avec ces kimonos de location !
Tenues considérées plus comme des déguisements que du port de vêtements soulignant la distinction de celles qui les portent
Il est regrettable de penser que c’est le prix à payer pour que ce vêtement traditionnel et tous les artisans qui œuvrent à sa création, continue à subsister