A la découverte de plus de 10 000 Torii en rouge !
Le rouge est une couleur qui chasse les démons !
Quittant l’esplanade des bâtiments cérémoniels, débute un parcours et une montée jusqu’au sommet du mont Inari qui culmine à 233 mètres
L’itinéraire dans un bois assez ingrat s’effectue sur plus de 4 km
Tout au long de la montée, les renards ponctuent le chemin sculptés dans des attitudes quelquefois moins conventionnelles !
Des milliers de Torii rouges forment des semblants d’allées couvertes sous lesquelles le cheminement passe d’une atmosphère orangée à rouge carmin … si le soleil accorde, en ces journées d’automne maussade, des éclairs de lumière !
Les Torii sont des portiques marquant l’entrée d’un sanctuaire Shintô ou la proximité d’un lieu sacré
Un Torii peut être seul mais généralement au nombre de trois pour indiquer l’emplacement des grands sanctuaires, l’enfilade des milliers deTorii au Fushimi Inari Taisha est assez unique
Le cartouche placé au centre du portique indique le nom du sanctuaire où le nom du Kami vénéré
Il existe plusieurs sortes de Torii mais ici, ils correspondent au style Myôjin au linteau supérieur incurvé et à la poutre horizontale qui traverse les deux montants verticaux
Le bois des Torii est laqué de rouge, couleur obtenue à base de mercure, ce qui a pour effet d’éviter le pourrissement du bois
Aux premières allées de Torii, succèdent un vide de quelques mètres avant que l’illimitée succession reprenne de nouveau
Les bas-côtés du chemin permettent quelques fois de prendre un peu de hauteur !
Tous les Torii sont les dons de fidèles dont les noms sont inscrits sur les montants verticaux
Pour avoir le privilège d’être représenté dans ce lieu, il faut y consacrer beaucoup d’argent !
Les puissantes firmes commerciales y ont leur nom mais les sommes à débourser sont astronomiques !
Pour un petit Torii, 40 000 yens sont à prévoir mais pour un grand il faut compter jusqu’à un million de yens
Le Fushimi Inari Taisha peut se visiter sans discontinuation, les disgracieux fils électriques courant autour des Torii sont indispensables pour l’éclairement des visites de nuit
Le bois alentour est assez aride malgré de grands arbres, les arbustes étriqués partagent le sol caillouteux avec maintes souches mortes
De chaque côté de l’allée couverte, nombre de petits sanctuaires se déploient ne laissant que peu de vide dans l’espace alloué par le petit bois
Un cas important de zoolâtrie est celui du renard d’Inari qui a pris dans l’esprit de ses adorateurs une place telle qu’elle éclipse souvent son maître !
Mais les renards d’Inari sont bien disposés envers les humains et servent le plus souvent de messagers au Kami
Ils tiennent souvent dans leur gueule la clé des greniers à riz, ou le joyau sacré qui exauce les vœux ou encore un rouleau de sûtras bouddhiques
Les renards ne sont pas considérés comme l’animal du même nom mais comme un symbole spirituel de la présence de la divinité
Les sortes de bavettes que revêtent les renards sont aussi un geste des fidèles
Ils y inscrivent leur nom afin d’être plus sûrement entendu par le Kami auquel ils s’adressent
Nous continuâmes la montée dans une atmosphère lourde de souhaits de toutes sortes et de demandes pressantes que nous n’avons pas tardé à trouver très oppressante
Un froid de début de soirée qui s’insinua peu à peu, les pierres grisâtres, les abords de l’allée dénudés, les innombrables autels recouverts de prières de toutes sortes, demandes d’argent, réussites dans les affaires, souhaits pour des guérisons … enfin nous ressentîmes trop de Ki, esprits où âmes d’humains en détresse
Notre propre sensibilité n’a pu résister aux multiples manifestations matérielles ou spirituelles désolantes et nous décidâmes de ne pas continuer l’ascension une fois arrivés au bord du petit étang marquant le demi parcours
Le nom de l’étang fait écho à une croyance populaire
En formulant un souhait, il est d’usage de frapper deux fois dans les mains, si l’écho est proche le souhait se réalisera bientôt mais dans le cas contraire, si l’écho est lointain, le souhait sera de même !
Succédant à deux kilomètres de montée, le retour fut salvateur pour notre équilibre mental !
Toutes les lanternes de pierre qui parsèment le bois, objets votifs, sont également des dons des fidèles
Bien anciennes pour la plupart et érodées par le temps, mais si elles se coiffent d’une tendre mousse verte elles deviennent moins austères !
En bas du chemin, nous passâmes devant un bâtiment d’architecture traditionnelle très sobre
Le Kagura den est utilisé pour la représentation des danses sacrées données en l’honneur des Kami
Généralement ces danses sont réservées à un public choisi
Les instruments de musique employés le plus fréquemment, appartiennent à de très anciens modèles classiques
Sortis du Taisha, nous refîmes nos deux kilomètres de retour en longeant Kamogawa unga, le canal passant au Sud-Est de Kyôto, ce qui nous permit de profiter des couleurs flamboyantes de l’automne !
Le prochain article ira se promener près de la Mer du Japon à Kanazawa