Voyage de printemps à Kyôto – Ninna-ji autre articles : I | II | III | IV
Ninna-ji, bien qu’il ne soit pas d’obédience zen, en a emprunté pour une partie de ses jardins, son expression esthétique dénuée de fantaisie !
L’espace au Nord est entièrement couvert d’une grande nappe de sable blanc soigneusement ratissé…
…s’étendant de la porte d’entrée jusqu’au Shiro shoin, le premier bâtiment du temple, symbole d’un certain détachement bouddhique des formes plaisantes de la nature
Les Shoji (cloisons mobiles) du Shinden s’ouvrent sur les jardins qui s’intègrent parfaitement à l’architecture bien qu’ils soient presque toujours des recréations s’inspirant de documents anciens
Les jeux sur l’ombre et la lumière reste un grand attrait de cette alliance, la pénombre que dispensent les toits débordants jusque sur la véranda, incite le regard à passer du noir des contre-jours à l’éclat radieux, ce matin là, du jardin
Au Ninna-ji, les jardins sont situés devant le bâtiment principal du temple, au Nord, contrairement aux temples zen qui aménagent toujours leurs jardins au Sud
Ce jardin n’a pas été conçu pour la promenade mais comme un objet de contemplation, destiné à être vu d’un point fixe, depuis l’Engawa, la véranda du Shinden
Au delà de l’esthétique, ce genre de jardins inspirés par le bouddhisme zen, visait à condenser tout l’univers dans un espace restreint, un moyen pour les moines de parvenir à une élévation spirituelle
Au pied de la véranda, l’étendue couverte d’une mer de graviers blancs soigneusement ratissés, espace de transition entre la demeure et l’étang, est une évocation symbolique des vagues de la mer venant effleurer des îles plantées de pins
L’évocation du rivage dont le sable calmement affleure la véranda s’oppose au jardin au relief accidenté venant s’adosser à la colline où s’étagent des arbres touffus
Mais nul besoin de s’y promener pour jouir du jardin ! Il suffit d’en admirer les jeux changeants de lumière au fil des heures de la matinée, évidemment il est nécessaire de prendre son temps !
Le ciel reflétant sa couleur sur l’étang dans ce matin de printemps, nous a captivé par le jeu des nuances de bleu-vert sur l’eau
Les îles, personnifiées par des pierres affleurant sur l’étang, sont disposées soigneusement afin de faire apparaître le plan d’eau beaucoup plus vaste qu’il n’est réellement
Le jardin sacrifie au genre d’aménagement Shakkei « le paysage emprunté »
Le paysagiste a utilisé le décor naturel de deux bâtiments comme arrière-plan de la composition, afin de donner par effet de perspective, une image d’infini
La pagode donne au paysage un petit air antiquisant nostalgique et Chashitsu, l’ermitage au toit de chaume habilement dissimulé dans la nature au-dessus du jardin provient de la demeure d’Ogata Kôrin, célèbre peintre et décorateur de l’époque Edo
La colline monte en pente douce le long du jardin et soustrait au premier regard un bâtiment plus modeste consacré à d’autres dévotions
Le petit édifice surplombant le Shinden est dévolu à la mémoire des Monzeki (religieux issus de la famille impériale) ayant œuvré au cours des temps au Ninna-ji
Le style architectural du Reimei den correspond au Shoin zukuri, modèle de résidence aristocratique, développé un siècle plus tôt et qui devint la norme des constructions résidentielles pendant la période Edo
Le petit oratoire est couvert d’un toit Irimoya zukuri (style de toit) coiffé de Hiwada buki (bardeaux d’écorces) provenant de bois d’Hinoki (cyprès)
Une véranda sur pilotis pourtournante et des portes en bois plein sont semblables à l’architecture du Shinden
Les détails d’un raffinement inégalable me mettent toujours la tête à l’envers…pour arriver à photographier évidemment !
Le Reimei den abrite une petite statue d’Amida Nyôrai, particulièrement vénéré dans la secte ésotérique Shingon, précautionneusement dévoilée en de rares occasions
Cette statuette si précieuse, rescapée de nombreux incendies, date de l’époque Heian (794-1185)
Les croyants déposent devant la divinité nombre d’offrandes, insolites pour les Occidentaux, comme des produits alimentaires, les mêmes que les Japonais ont d’ailleurs l’habitude de s’offrir entre eux !
Il n’est pas rare que les temples renferment une boutique en leur sein, proposant des articles en lien avec la religion évidemment
J’ai craqué pour une petite boîte ronde en bois contenant de la poudre d’encens destinée à être frottée sur les mains pour se purifier avant d’entrer dans le temple
Zukô ire – Ma petit boîte en bois contenant de la poudre d’encens
Un ultime article conclura la visite au Ninna-ji…
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