Voyage d’automne à Kyôto
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Les divers bâtiments du temple Ryôanji se conforment au Shoin zukuri, le nouveau style d’architecture créé à l’époque Muromachi, sobres constructions en faveur auprès de la noblesse militaire et des temples affiliés au Bouddhisme Zen
Le Hôjô, à l’instar de tous les édifices sacrés ou profanes construits uniquement en bois, fut détruit plusieurs fois au cours des âges par le fait d’incendies
Mais il fut à chaque fois reconstruit dans le style originel de l’architecture du XVe siècle, selon la coutume au Japon qui est de rebâtir toujours un temple dans son style initial
Le Hôjô en plus d’être l’appartement du Supérieur servait aussi de salle de réception pour les envoyés du Tennô, l’empereur, ce qui nécessitait une décoration dépouillée bien en phase avec l’esthétique du Zen
Malgré l’austérité prônée par le Zen, de somptueux Fusuma décorés de peintures sur fond de feuilles d’or ornaient le Hôjô jusqu’au début du XXe siècle
Mais ils furent dérobés avant ou après la guerre et une moitié seulement fut retrouvée aux USA; les panneaux proposés aux enchères furent acquis par un acheteur anonyme et restitués au temple, ils reposent désormais à l’abri mais loin du regard des visiteurs !
L’architecture Shoin zukuri de l’époque Muromachi se caractérise par l’installation sur les sols de tatamis, la mesure des dimensions des pièces se calculera désormais en fonction de leur nombre
Des Fusuma, des cloisons mobiles recouvert de papier Washi opaque et décorés en général de peintures, seront en charge de la distribution des pièces et des Shôji en papier Washi translucide en guise de fenêtres remplaceront les lourds vantaux aux abattants de bois des époques précédentes
Mais le Hôjô de Ryôanji ne possède pas de Shôji, des portes en bois protègent le bâtiment contre la pluie, le froid et assurent la fermeture pour la nuit
Les plafonds dans l’aménagement Shoin zukuri sont en général à caissons remarquablement élaborés, mais au Ryôanji, le plafond de bois moderne est d’une stricte sobriété
Le bâtiment du Hôjô est monté sur pilotis et doté de vérandas pourtournant l’édifice, une galerie plus profonde donnant sur le jardin et trois plus étroites sur les autres côtés
Ces auvents aux toits largement débordants sont chargés de protéger les constructions contre le ruissellement des eaux de pluie
Le jardin Karesansui se déploie sur la face nord du Hôjô, mais sur les autres côtés de la véranda la nature reprend ses droits
Même si c’est une nature qui doit beaucoup à la main de jardiniers !
En foulant, sans chaussures évidemment ! la galerie entourant le Hôjô, des détails architecturaux ne m’ont pas laissée indifférente !
Des portes en bois plein aux sculptures animalières de Shishi, les chiens-lions chargés d’assurer la protection des lieux…
..aux portes en bois aux vantaux ajourés avec des ferrures et des poignées de bronze gravé
Divers autres bâtiments cultuels, non ouverts à la visite, enserrent étroitement le Hôjô, séparés de lui par de très petites bandes de terrain planté de différentes espèces végétales, la couleur de feu des érables dominant le vert ambiant
Là aussi des détails remarquables même s’ils sont devenus des ornements conventionnels astreints aux habituelles protections-décorations de tous les temples bouddhiques
J’aime particulièrement les fenêtres, toutes différentes en taille, en forme…
…des plus simples aux plus élaborées dans leur décor, mais toujours sobres, esthétisme Zen oblige !
La cloche en bronze du temple accrochée sous un auvent et toquée par un long bâton sert à appeler les moines pour les offices, le travail ou les repas
Les tuiles rondes habituelles, toute neuves, couronnent les toits modernes du Ryôanji
Les temples possèdent souvent, dans leur jardin, des fontaines-vasques destinés aux ablutions rituelles
Ce Tsukubai de forme ronde creusé dans une pierre à l’image d’une pièce de monnaie chinoise, nécessite de se pencher en signe d’humilité pour procéder à la purification de la bouche et des mains
Forme de Tsukubai courante dans les jardins mais celui-ci possède quatre Kanji gravés de chaque côté de sa margelle et qui, associés au carré du centre signifiant « bouche », forme une sentence inhérente au Zen signifiant à peu près « Je sais seulement qu’il ne faut avoir ni trop ni peu » formule qui peut se comprendre selon son degré de spiritualité !
La visite du Hôjô se conclut en longeant des paravents où des calligraphies puissantes suggèrent bien l’éloquence du Zen !
Un dernier article conclura cette visite détaillée ! de Ryôanji