Voyage de printemps à Kyôto
Uji et Byôdô-in autre articles : I | II | III | IV
Le complexe de Byôdô’in, en-dehors du Hôôdô, édifice multi-centenaire, abrite plusieurs autres temples édifiés tout au long de l’époque Edo (1600 – 1868)
Les divers bâtiments bouddhiques du complexe, éclipsés par la renommée de l’exceptionnel et populaire Hôôdô, sont d’obédience zen…
…ils ne brillent pas pour leur célébrité et ressemblent aux milliers de temples de même style composite rencontrés partout au Japon
Heureusement, ces lieux de culte, intégrés de façon tout à fait naturelle dans des jardins, ménagent bien d’agréables surprises …
…car les sites choisis privilégient les endroits boisés et les irrégularités naturels du terrain
Souvent la nature s’invite, envahit puis déborde des espaces consignés autour des sanctuaires
Le cheminement entre les bâtiments se fait au milieu de jardins dont le décoratif tiré au cordeau n’est pas précisément la règle !
Les lanternes de pierre, avant d’égayer les jardins privés, guidaient les fidèles dans le dédale des cours des temples lors des célébrations nocturnes, elles remplissent d’ailleurs toujours ce rôle lors de cérémonies exceptionnelles
En présence de temples à l’architecture hétérogène, je m’attache surtout aux détails qui, bien qu’astreints à de respectueuses soumissions aux canons dogmatiques, fourmillent quand même de particularités bien attrayantes
Le temple le plus grand est d’obédience zen, les bâtiments monastiques se reconnaissent aux murs de pisé blanchis à la chaux entre les poutres brunes de soutènement et les élégants treillis de bois sur les façades
Entre les dépendances du même temple, de grandes surfaces nues recouvertes de graviers blancs permettent aux pas de pierres de sacrifier au goût prononcé pour l’asymétrie
L’esthétique architecturale du bouddhisme Zen vise à la sobriété décorative, l’austérité d’un environnement quotidien ne peut que favoriser l’ascèse et la maîtrise de l’esprit
La répétition des constructions évite pourtant la monotonie…
…grâce aux détails sobrement sculptés sur les impostes des Shôji, les portes coulissantes…
…par les formes élégantes des fenêtres cintrées au treillis de minces baguettes de bois…
…et des balustrades des escaliers, décorations dont le style varie énormément selon les époques
Les toits sont surtout l’objet de mon attention car j’en aime particulièrement les acrotères dont les têtes d’Oni, les diables redoutables chargés de contrecarrer les forces du mal sont toujours différentes
Les temples d’obédience zen ne comportent que peu de figurations divines, chaque bâtiment étant consacré à une déité bouddhique importante…
…même si des autels latéraux réservent une place à des sculptures et des figurations peintes de divinités mineures
Le bodhisattva Kannon est une figure très vénérée, Bosatsu de la compassion il est chargé d’accompagner les défunts dans le long chemin menant à l’au-delà
Les temples accordent aussi une place à la vénération funéraire en abritant les tombes de héros historiques
Minamoto no Yorimasa, guerrier mais aussi reconnu comme poète ! un des belligérants pendant la guerre de Genpei fut vaincu sur le pont d’Uji et acculé à la fuite par les forces ennemies des Heike, se suicida rituellement par Seppuku à l’intérieur du Hôôdô de Byôdô-in en 1180
Les grands temples zen du complexe ne permettent pas les visites à l’intérieur des bâtiments même si ceux-ci recèlent nombre de trésors artistiques répertoriés comme « Biens culturels importants »
…Reste l’imagination et le rêve !
La fin d’après-midi où l’affluence touristique fut enfin dissipée, nous laissa une grande latitude pour profiter calmement des lieux que nous disputèrent seulement quelques oiseaux !
A Uji, les cerisiers toujours…