Voyage de printemps à Kyôto
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Quittant les bâtiments du monastère ouverts à la visite, nous partîmes déambuler dans le vaste espace paysager situé au-delà du Honden (bâtiment principal d’un temple) et de son jardin clos
Construite en 1645, Nakamon, « la porte intérieure » donne accès à cet espace où se disséminent, entre des parterres plantés de cerisiers, des bâtiments monastiques de construction plus ancienne du début de l’époque Edo et classés au patrimoine culturel du Japon
La porte d’accès est gardée de chaque côté par des Shitennô, rois célestes et gardiens des quatre directions, revêtus des armures de l’antique Cour chinoise des Tang (618-907)
Les statues de pierre sont des avatars des sculptures bouddhiques en bois de l’époque de Kamakura (1185-1333)
Généralement ces rois gardiens placés aux points cardinaux sont représentés par nombre de quatre accompagnant le dieu du centre, au Ninna-ji, seuls deux d’entre eux sont toujours en faction !
Le Kondô construit vers 1613 dans le style architectural Momoyama jidai, qui prévalait à la fin du XVIe siècle fut transféré dans le complexe de Ninna-ji vers 1641
A Kyôto, à l’avènement d’un nouveau Tennô (l’empereur) le palais de son prédécesseur construit majoritairement en bois, était fortement remanié ou même détruit
Quelques bâtiments étaient pourtant sauvegardés et transférés dans les temples originairement liés à la dynastie impériale
Le Kondô était le Shishinden, la salle du trône de l’ancien palais, il est le plus ancien bâtiment de ce type au Japon et classé à ce titre comme Trésor national
Le bâtiment fut remanié pour s’adapter à la vie monastique, il renferme maintenant les anciennes statues bouddhiques sauvées des incendies qui ravagèrent Ninna-ji à plusieurs reprises
Ces sculptures ne sont montrées que deux fois par an, lors des dates commémoratives habituelles de la secte Shingon
Sur les extrémités des avancées du toit figure un petit personnage habillé à la chinoise dont la légende raconte que ce sage mythique aurait vu plusieurs fois au cours de sa vie une tortue fabuleuse ne sortant la tête hors de l’eau que tous les trois à quatre mille ans !
Ce qui donne approximativement une existence de plus de seize mille ans à notre bienheureux immortel !
La représentation de Kôan Sennin perchée sur cette tortue fabuleuse, est devenu le symbole d’une longue vie
Par analogie son effigie sur le toit du Kondô est sensé le protéger de tous les périls
Ninna-ji est célèbre pour son bosquet d’environ deux cents cerisiers nains de floraison tardive que nous n’avons pas eu le loisir d’admirer en ce tout début de printemps
Seuls les cerisiers disséminés dans le parc paysager du complexe furent l’objet de notre attention …comme toujours pour ces fleurs !
Ces cerisiers sont des cultivars et même si les variétés se ressemblent (pour nous !) les jardiniers savent les distinguer !
J’aime les lanternes de pierre, souvent dons de fidèles dans les temples, elles n’éclairent plus que rarement les chemins mais restent, disséminées dans le parc du complexe du Ninna-ji…
…une composante indispensable pour souligner les endroits remarquables où s’arrêter
Construites selon le style des Gorintô, les pagodes aux cinq éléments, elles symbolisent en miniature l’univers…
… leur socle cubique représente la terre, la sphère le surmontant l’eau, la forme pyramidale le feu, enfin la demi-sphère couronnée d’une flamme figure l’air et l’Éther
Le Kyôzô édifié en 1645 abrite une bibliothèque de Sutra (écrits bouddhiques) et n’est accessible qu’à la communauté monastique
Son style de construction apparenté aux temples du bouddhisme zen est inspiré par l’architecture chinoise de l’époque des Song ( 960- 1279)
Wafû kenshiku, d’architecture purement japonaise, Gojûnotô, la pagode à cinq étages a été élevée en 1644 en s’inspirant des pagodes d’époques antérieures
Ce type de construction n’était déjà plus en vigueur au milieu du XVIIe siècle à l’époque Edo…
… mais Ninna-ji s’apparentant à la maison impériale tenait à rappeler, par ce plus haut symbole du bouddhisme, la conversion première de la Cour impériale à la doctrine bouddhique au VIe siècle
Des reliques et des statues de Dainichi nyôrai (grand Bouddha) sont détenues dans l’étage inférieur mais restent invisibles au commun des mortels !
Le plan carré de la pagode symbolise les quatre directions du cosmos et les quatre vérités du Bouddhisme
Le corps de l’édifice matérialise l’ascension spirituelle vers la pureté avec la haute flèche annelée en bronze dressée entre la terre et le ciel
Chaque niveau est de même taille contrairement aux pagodes plus anciennes qui s’étagent en forme de pyramide
Les toits couverts de tuiles affichent des acrotères à figure de démons pour la protection…
… usage assez inhabituel dans l’architecture des pagodes !
L’espèce de corne empêche les déjections des oiseaux de souiller les figures protectrices des acrotères !
Chaque étage est supporté par les jeux complexes des consoles aux encorbellements perfectionnés de triples corbeaux
Kanedô, le clocher du temple peint en vermillon selon l’ancien usage bouddhique a été érigé en 1644
Élevé sur un socle oblong de quatre mètres sur six, le clocher est coiffé d’un toit de structure Irimoya zukuri, style purement japonais
La visite de Ninna-ji s’achevait pour nous, en fin d’après-midi…
Il était temps d’aller nous restaurer vers 16 H de l’après-midi ! en quittant ce quartier assez excentré pour rejoindre le centre de Kyôto !
Dans le parc de Ninna-ji, un potier proposait des céramiques …
…que j’ai trouvé suffisamment uniques pour me laisser tenter !
Elle rejoindra ma petite collection de vases originaux, utilisés au Japon pour des compositions florales minimalistes
Les moines calligraphes de Ninna-ji étaient passablement généreux, nous avons eu droit à une deuxième marque de visite !
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