Voyage d’automne
Japon – Voyage d’automne 2012
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Nouvelle année bien commencée, articles divers, récents ouvrages en patchwork …Il est temps de reprendre, avec beaucoup de retard, la suite de mon voyage d’automne 2012 pour oublier cet hiver interminable !
Fin octobre, les changements de couleurs de l’automne arrivaient un peu en retard sur le calendrier habituel, sur les pentes du mont Adatara dans la préfecture de Fukushima, les teintes roussies battaient en brèche le vert dominant de l’été
Le mont Adatara, volcan toujours en activité, culmine à 1700 mètres, il est entré avec succès dans la liste des 100 plus belles montagnes du Japon, nomenclature qu’adore les Japonais toujours prêts à classer ainsi les beautés de leur pays !
Si les pentes se couvrent au printemps d’une couverture épaisse de Shakunage (rhododendrons), il prête ses flancs, l’hiver, aux amateurs de ski, qui à l’instar de la famille impériale, ne dédaignent pas venir faire du sport dans le Tôhoku !
Cette région volcanique est parsemée de sources chaudes, de nombreux Onsen se pressent au pied de la montagne, des établissements luxueux qui offrent par leurs grandes baies vitrées une vue imprenable sur la montagne comme de plus modestes surtout fréquentés par les pensionnaires des maisons de retraite des alentours qui ne craignent pas les 43° de l’eau dans les bassins où ils passent le plus clair de leur temps !
Le but du voyage était l’inauguration du restaurant Yakitori récemment ouvert par le neveu de mon époux, à Sanjô, petite ville de la préfecture de Niigata sur la mer du Japon
La ville et le port de Niigata sont modernes et n’offrent pas d’intérêt touristique évident, à part les innombrables restaurants !
Notre seul neveu (contre 6 filles dans sa génération) a fait ses preuves dans plusieurs établissements un peu partout au Japon avant de réaliser son rêve : ouvrir enfin son propre restaurant spécialisé dans des grillades de poulet, de porc et de fruits de mer au feu de bois, accompagnées cela va sans dire de boissons alcoolisées, bière ou saké
Il propose évidemment les brochettes de poulet traditionnelles mais il aime innover et proposer plutôt à ses clients ses propres choix du moment …ce soir-là nous avons profité de ses talents de cuisinier
Il tient à choisir de bonnes volailles pour ses brochettes, le poulet « premier prix » n’a pas ses faveurs, aussi les viandes étaient-elles moelleuses à souhait sans cette sauce faussement caramélisée qui inonde généralement ce type de cuisine destinée à remplacer la saveur inexistante de pauvre poulet !
Quittant le département de Niigata…
…nous rentrons à Nihonmatsu par le chemin des écoliers…
…pour aller prendre une leçon d’histoire au Aizu jô, le château d’Aizu, appelé autrefois aussi Tsuruga jô « le château des grues » mais qui porte depuis presque 80 ans l’appellation officielle de la région : Wakamatsu jô
Le château pendant l’époque Edo était la résidence principale des Daimyô de la province d’Aizu
Ce clan de seigneurs féodaux extrêmement puissants possédait des troupes aguerries qui guerroyèrent dans le nord du Tôhoku, avant de servir de renfort à la police de Kyôto pour restaurer l’ordre public lors des troubles dans cette ville vers la fin du Shôgunat
Le Daimyô d’Aizu, proche parent du dernier Shôgun (chef militaire suprême) s’opposa ensuite à la restauration du pouvoir impérial de Meiji à l’époque de la guerre de Boshin et entra en conflit avec les troupes impériales qui remportèrent finalement la victoire en 1868
Pendant la bataille, le château fut incendié, l’édifice et une grande partie de la ville furent complètement détruits
Dans les années 1960, on décida de rendre un peu de lustre à la région et un château fut reconstruit, en s’inspirant largement des photos du XIXe siècle, juste avant l’incendie du bâtiment, qui reprit sa place au milieu des murailles d’enceinte qui, elles, avaient été conservées
La construction est en béton peint en blanc mais l’illusion, de loin, est presque que parfaite ! Quoique les fenêtres soient factices et que le dernier étage comporte de grandes baies vitrées et une balustrade de sécurité pour le confort des visiteurs en guise de tour de guet !
La vie à l’intérieur d’un château à l’époque Edo est évoquée par quelques mises en scène et par des pièces historiques venues de collections privées (donc impossibilité de prendre des photos)
Ainsi les sous-sols du château abritaient-ils les réserves de sel, précieux stocks indispensables, dans un bâtiment loin de la mer, à la conservation des denrées alimentaires
Des reconstitutions de la société guerrière entourant un grand Daimyô, gouverneur d’une province, avec ses mœurs et ses codes…
…Jusqu’à quelques vestiges rescapés miraculeusement de l’incendie comme des paravents ou des Fusuma peints, un tantinet trop restaurés peut être
La plus somptueuse pièce du château s’appelait la « Chambre d’or » car elle abritait de précieuses peintures sur fond d’or ornant les Fusuma (cloisons mobiles en papier sur cadre de bois)
Cette magnifique peinture d’un bœuf qui se détache sur un fond d’or dont il reste quelques traces a été miraculeusement épargnée au moment de l’incendie, sauvée par un Samurai familier du château qui avait sûrement un amour particulier pour cette œuvre…ou pour les bœufs !
Les us et coutumes de la région de Aizu-Wakamatsu sont retracées sur les murs…
…Ainsi que les activités gravitant dans la ville autour du château comme les ateliers de poterie qui fournissaient les différentes résidences seigneuriales en vaisselle et en tuiles pour les toits
La ville d’Aizu Hongo, dans les parages du château, conserve d’ailleurs des fours anciens qui font d’elle le plus ancien centre de poterie du Tôhoku
L’artisanat de la région fait appel au matériau peu coûteux du papier mâché pour toutes sortes d’objets populaires, peints…
…ou bien en papier recouvert de laque…
…comme les représentations des célèbres Aka Beko , petite vache rouge, jouets que l’on offrait aux enfants, la couleur rouge, symbole de vie, était censée les protéger contre les maladies et les épidémies
Ces jouets sont devenus emblématiques de la région d’Aizu, d’ailleurs j’en possède quelques unes de ces vaches à la tête dodelinante, car je les trouve irrésistibles !
Le dernier étage en haut du château offre une vue plongeante sur les douves, sur l’enceinte herbue et sur la ville qui, comme jadis se blottit toujours au pied de la forteresse
Les grands enfants n’ont pas résisté à l’attraction « comme si vous y étiez »
Après une longue visite à monter et descendre de nombreux escaliers…
…halte fort appréciée au pied du château pour se restaurer de Soba (nouilles de sarrasin) repas léger qui restaure les forces en permettant de garder sa vigilance pour la suite du voyage
Les excursions dans la région d’Aizu empruntent des routes qui se coulent entre les chaînes de volcans accompagnant le plus grand d’entre eux, Bandai san, le mont Bandai, que l’on surnomme aussi Aizu Fuji, chaque région voulant emprunter un peu de la célébrité du plus fameux symbole du Japon
Cette montagne au cône effondré lors de sa dernière éruption culmine à 1816 mètres d’altitude, Bandai san remplit aussi les critères pour faire partie de la liste des 100 plus célèbres montagnes du pays !
Sur la route, faite évidemment pour être vue de loin, une statue monumentale du Bosatsu (Bodhisattva) Kannon haute de 57 m, érigée en avant-garde d’un des nombreux complexes bouddhiques modernes appartenant à l’école Jodo Shu , « École de La Terre Pure » (du Bouddha)
Nous sommes arrivés vers la fin de l’après-midi, à 16 h 30 en automne le soleil commence à décliner et la fraîcheur s’accentue surtout en montagne, au but de notre partie de campagne, Goshiki Numa, les étangs aux cinq couleurs
Lors de la dernière éruption du mont Bandai en 1888, les gigantesques amas de pierres expulsées par l’effondrement d’une partie du volcan barrèrent les cours des rivières, donnant naissance à plusieurs centaines de lacs et d’étangs, transformant ainsi la région en zone marécageuse
Parmi les pièces d’eau ainsi formées, les Goshiki Numa sont des étangs aux couleurs extraordinaires allant des verts céladon aux bleus cobalt, couleurs variant à toute heure du jour et selon les saisons, dues aux minéraux charriés par le volcan et par les algues qui tapissent les fonds
Le site, naturellement très touristique, propose des promenades en barque sur le plus grand des étangs, je m’y suis embarquée sans crainte…
…promenée sans effort car ce n’est pas moi qui tenait les rames !
Qui dit lieu touristique, dit aussi boutiques de souvenirs, gargote et rafraîchissements…Mais frigorifiée par la promenade au ras de l’eau, un café bien chaud s’imposait
Sans être une inconditionnelle du café, je trouve que cette boisson a gagné ses galons de qualité au Japon depuis quelques années, bien loin de ce café allongé à la mode américaine qui prévalait auparavant
Le paradoxe c’est que j’ai bu souvent du mauvais thé ! Mais ce sera une autre histoire…
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Japon – Voyage d’automne 2012 :
I – De Tokyo à Nihonmatsu
II – Nihonmatsu – Le festival des chrysanthèmes
III – Nihonmatsu – Le château
IV – Autour du château de Nihonmatsu
V – De Niigata à Aizu-Wakamatsu
VI Aizu Momen – Les tissus à rayures d’Aizu