Ce quilt a été conçu pendant la période anxiogène vécue l’été dernier
Je sélectionnai des couleurs sombres convenant bien à mon humeur du moment …
Toutefois mon caractère ne me poussant pas longtemps à la déprime, je sélectionnai petit à petit des teintes claires symbolisant l’espoir que je souhaitai et qui ne pouvait qu’advenir !
Comme le voyage envisagé au Japon pour voir la famille se révèle quasi impossible actuellement, travailler avec des tissus japonais reste une douce consolation !
Kasuri est le mot japonais qui désigne l’ikat, les fils de trame ou de chaîne sont teints à des endroits prédéfinis à l’avance avant de commencer le tissage
Les fils de trame teints préalablement forment l’ikat simple, les fils de chaîne et de trame avec le même processus donnent l’ikat double
Les dessins obtenus avec cette méthode possèdent des contours au flou caractéristique plus ou moins accentué selon le plan de la personne qui créé l’étoffe en tissant
Mes étoffes sont anciennes pour la plupart, chutes de kimonos donnés par ma famille japonaise complétées par des coupons chinés dans les brocantes
Leur texture en est assouplie par l’usage et les lavages, par contre, ceux plus récents, d’une cinquantaine d’années ! sont encore très raides, rigidifiés par la teinture à l’indigo
Aizome, la teinture à l’indigo est le point commun à tous ces Kasuri, le plus souvent des zones laissées blanches ou bleues plus claires forment le dessin mais aussi des motifs bleus indigotés sur des fonds laissés blanc ou écru
Très souvent les Kasuri sont ponctués de motifs aux fils rouges teints en Benibana, couleur issue d’une plante appelée carthame des teinturiers
Tous les tissus sont en coton mais pour renforcer ma palette de bleu clair, je n’ai pas hésité à employer une soie tissée structurée venant d’un antique kimono porté l’hiver
Une autre teinte bleu clair est issue d’un rayé de coton Shijira, tissu crêpé, originaire du sud du Japon et teint aussi à l’indigo
Je choisis ce modèle, une variante du motif « Vol d’oies », en imaginant les triangles comme des envolées fictives en lieu et place des voyages empêchés
D’autres blocs « vols d’oies » clairs sont chargés d’accentuer les lignes dominantes en mouvements contraires qui permettent l’évasion
Un kimono en coton très usé par endroits me procura de la matière pour la bordure !
Les petits motifs rouges vus comme un rappel aux quelques Kasuri du centre comportant aussi des dessins en rouge
Évidemment, en raison des tissus épais et bien raides, le quilting fut assez difficultueux surtout que je choisis un fil épais de marque « Wonderfil » pour matelasser
Avec ce fil je n’avais que deux aiguilles au chas assez gros pour le laisser passer et tout au long je fis des vœux pour que ces deux seules aiguilles ne se cassent pas avant la finition !
N’ayant pas trouvé de bleu dans mes réserves je choisis un lainage marron foncé tissé en ikat avec des fils blancs dont le style, toutefois, convenait à mon ouvrage
Les fibres de laine n’étaient pas d’un usage courant au Japon, les anciens et rares lainages étaient importés de l’étranger, ce n’est qu’après la seconde guerre que l’usage de ces textiles se démocratisa surtout pour confectionner des vêtements à l’occidental
Actuellement les kimonos en laine pour l’hiver en profitent ce qui les rend très confortables !
N B : Katazome peut s’apparenter au Batik, technique ancienne développée en Inde et dans le Sud-Est asiatique