Kibô – Espérance – Kasuri to Aizome

Ce quilt a été conçu pendant la période anxiogène vécue l’été dernier

Kibô – Espoir – Kasuri to Aizome – 135 x 135 cm
Cousu et quilté à la main – 2021-2022

Je sélectionnai des couleurs sombres convenant bien à mon humeur du moment …

Toutefois mon caractère ne me poussant pas longtemps à la déprime, je sélectionnai petit à petit des teintes claires symbolisant l’espoir que je souhaitai et qui ne pouvait qu’advenir !

Commencé au temps des cerises !

Comme le voyage envisagé au Japon pour voir la famille se révèle quasi impossible actuellement, travailler avec des tissus japonais reste une douce consolation !

Issues de ma collection, chutes de coton de kimonos anciens teints à l’indigo

Kasuri est le mot japonais qui désigne l’ikat, les fils de trame ou de chaîne sont teints à des endroits prédéfinis à l’avance avant de commencer le tissage

Partie de ma collection de Kasuri
J’ai privilégié pour l’ouvrage exclusivement les bleus indigo

Les fils de trame teints préalablement forment l’ikat simple, les fils de chaîne et de trame avec le même processus donnent l’ikat double

Petits carrés en ikat double
Coton rayé bleu Shijira
Coupon provenant d’un kimono d’été

Les dessins obtenus avec cette méthode possèdent des contours au flou caractéristique plus ou moins accentué selon le plan de la personne qui créé l’étoffe en tissant

4 blocs avec 4 motifs différents de Kasuri

Mes étoffes sont anciennes pour la plupart, chutes de kimonos donnés par ma famille japonaise complétées par des coupons chinés dans les brocantes

Kasuri en indigo foncé, presque noir, au motif simple

Leur texture en est assouplie par l’usage et les lavages, par contre, ceux plus récents, d’une cinquantaine d’années ! sont encore très raides, rigidifiés par la teinture à l’indigo

Jeu en ikat double avec un bleu clair indigoté pour compléter la gamme des nuances d’indigo plus foncé

Aizome, la teinture à l’indigo est le point commun à tous ces Kasuri, le plus souvent des zones laissées blanches ou bleues plus claires forment le dessin mais aussi des motifs bleus indigotés sur des fonds laissés blanc ou écru

Kasuri aux dessins teints en bleu sur fond écru
Coton issu d’un ancien kimono

Très souvent les Kasuri sont ponctués de motifs aux fils rouges teints en Benibana, couleur issue d’une plante appelée carthame des teinturiers

Kasuri double ikat aux motifs rouges

Tous les tissus sont en coton mais pour renforcer ma palette de bleu clair, je n’ai pas hésité à employer une soie tissée structurée venant d’un antique kimono porté l’hiver

Soie bleue au tissage irrégulier

Une autre teinte bleu clair est issue d’un rayé de coton Shijira, tissu crêpé, originaire du sud du Japon et teint aussi à l’indigo

Coton rayé bleu Shijira

Je choisis ce modèle, une variante du motif « Vol d’oies », en imaginant les triangles comme des envolées fictives en lieu et place des voyages empêchés

D’autres blocs « vols d’oies » clairs sont chargés d’accentuer les lignes dominantes en mouvements contraires qui permettent l’évasion

Sur le mur, à la recherche d’un placement harmonieux
Chaque bloc mesure 18 cm de côté

Un kimono en coton très usé par endroits me procura de la matière pour la bordure !

Les petits motifs rouges vus comme un rappel aux quelques Kasuri du centre comportant aussi des dessins en rouge

Bordure de 12 cm en ikat double

Évidemment, en raison des tissus épais et bien raides, le quilting fut assez difficultueux surtout que je choisis un fil épais de marque « Wonderfil » pour matelasser

Fil épais aux bleus nuancés de Wonderfil
Étui d’aiguilles assorties Clover dont 2 seulement adéquates !

Avec ce fil je n’avais que deux aiguilles au chas assez gros pour le laisser passer et tout au long je fis des vœux pour que ces deux seules aiguilles ne se cassent pas avant la finition !

N’ayant pas trouvé de bleu dans mes réserves je choisis un lainage marron foncé tissé en ikat avec des fils blancs dont le style, toutefois, convenait à mon ouvrage

Doublure en lainage tissée en ikat

Les fibres de laine n’étaient pas d’un usage courant au Japon, les anciens et rares lainages étaient importés de l’étranger, ce n’est qu’après la seconde guerre que l’usage de ces textiles se démocratisa surtout pour confectionner des vêtements à l’occidental

Actuellement les kimonos en laine pour l’hiver en profitent ce qui les rend très confortables !

N B : Katazome peut s’apparenter au Batik, technique ancienne développée en Inde et dans le Sud-Est asiatique