Quilt en soies de kimonos japonais
Si les journées caniculaires et épuisantes de cet été en Ile de France n’ont pas été favorables à la tenue habituelle de ce blog, en revanche jouer avec les fils et les étoffes est resté d’un attrait constant !
Ce nouveau quilt a été conçu comme un hommage à Nuiko Obachan, la tante préférée de mon époux, car il recycle les tissus de soie de deux de ses kimonos
Cette tante Nuiko, deux fois veuve resta sans enfants mais vécut toute sa vie en bonne intelligence avec la famille du fils issu d’une première union de son second mari
J’ai toujours gardé des liens privilégiés avec la tante Nuiko que j’aimais beaucoup car nous partagions le même intérêt pour les étoffes !
Elle cousait elle-même ses kimonos et aimait confectionner de façon ludique avec les chutes de tissus des petits objets charmants et pratiques
Nuiko Obachan est, hélas, décédée à l’âge de 90 ans en automne, au moment où nous séjournions au Japon
Ses derniers jours furent paisibles bien qu’elle ne fut plus en état de reconnaître les membres de sa famille mais dès que je fus à son chevet en lui prenant la main, elle réussit à prononcer mon nom plusieurs fois avec une expression de tendresse qui me laissa bouleversée
Nombre de tissus japonais de ma collection m’ont été offerts par Nuiko dont le prénom écrit avec un Kanji (idéogramme) ancien signifie littéralement « Broderie » mais avec le sens profond d’esthétique morale …un prénom qui fut excellemment porté
Les deux kimonos, aux teintes destinées plutôt aux dames âgées, couleurs sombres piquetées de petits motifs discrets, furent décousus soigneusement, puis les parties tachées et les lignes de coutures usagées supprimées, il resta suffisamment de matière pour tailler dans les longueurs du dos les bordures du quilt
Le reste du tissu servit pour les pièces de couleur foncée qui rythment les blocs choisis, je tenais absolument à associer ces deux étoffes presque semblables pour donner une unité au quilt
Les pièces de ces couleurs sont donc constantes sur tout l’ouvrage, le rose/violet placé au centre cède la place en bleu vers les côtés…
…tandis que quelques soies vertes sont venues dans deux angles rompre l’unité rose-bleu
Les fonds clairs sont coupés dans des doublures de kimono ou dans des Juban, les kimonos de dessous, et contrairement aux recommandations contenues dans les bibles du patchwork ! je n’ai pas hésité à mélanger différentes teintes d’écru avec du blanc
Les pièces composant les cercles exploitent en couleurs et en textures toutes sortes de chutes de soie de kimonos, j’ai, de plus, recyclé pour cet ouvrage les soies restées esseulées lors du découpage des blocs d’éventail de mon quilt précédent
Les blocs aux courbes douces mais aux teintes très vives, évoquant des petits moulins à vent avec beaucoup de rouge symbole de joie, semblent flotter et s’envoler discrètement au-delà de l’ouvrage afin de personnifier la tante Nuiko, dont les vicissitudes de la vie ne parvinrent jamais à assombrir le caractère optimiste et enjoué et qui demeurait son plus grand charme
Les soies de textures différentes, unies, imprimées ou tissées très glissantes dont le droit fil ne fut pas toujours respecté afin d’utiliser les tissus disponibles, furent assez malaisées à coudre parfaitement, elles nécessitèrent un amidonnage soigné avant d’être aisément découpées aux ciseaux cranteurs
Ma façon habituelle de confectionner un quilt n’est pas très orthodoxe !
En manipulant longuement les étoffes à ma disposition, une idée fuse en général et je commence un bloc puis deux puis trois que j’épingle sur le mur afin de constater si le rendu est plaisant …ou pas !
Puis je construis l’ouvrage autour de ces blocs primaires, je commence dès le début à les coudre entre eux en ajoutant ou en retranchant d’autres blocs, les couleurs se plaçant presque de façon évidente au fur et à mesure de l’avancée de l’ouvrage
Évidemment, au cours du montage, je change souvent mon assemblage de couleur, alors je découds patiemment les blocs assemblés, bien que défaire les coutures dans des étoffes en soie reste toujours une épreuve aléatoire !
Les soies de couleur rose/violet et bleue destinées à confectionner des kimonos pour l’hiver sont des étoffes épaisses au tissage particulièrement serré, sur cette matière le quilting avec des fils de soie de différentes couleurs fut assez difficile à réaliser
Le quilting accentue les courbes des pièces, des cercles de différentes tailles sont ajoutés aux intersections des blocs et viennent même apporter leur arrondi jusque dans les bordures
Des petits nœuds de fil de soie réunissent les pointes des blocs pour une évocation des houppettes qui finissent généralement au Japon les ouvrages de couture comme ceux que confectionnait Nuiko Obachan
La doublure se compose d’un coupon de tissu léger d’ameublement de l’éditeur Braquenié et d’une étoffe imprimée de grandes fleurs exotiques à la manière des Indiennes
Des émotions fugitives m’ont accompagnée tout au long du travail sur ce quilt avec ses motifs légers et ses nuances de couleurs…
Le patchwork comme mode d’expression … sujet d’apaisement et de consolation