Étoiles immobiles

Quilt en cotons japonais contemporains

J’aime les étoiles ! Pour leur symbolisme et surtout pour leur interprétation toujours surprenante en patchwork

Ce modèle de quilt d’étoiles est un grand classique, fréquemment exécuté depuis le XIXème siècle, je l’ai, à mon tour, ré-interprété !

Étoiles immobiles – Cousu et quilté à la main – 150 x 210 cm – 2004

Ce quilt d’étoiles que j’ai appelé du nom paradoxal d’immobiles résulte d’une parenthèse un peu désagréable dans le cours de ma vie

Après avoir été obligé de quitter de façon abrupte l’appartement où nous vivions depuis de nombreuses années, nous avons dû faire une halte d’une année dans un minuscule deux pièces parisien tout en étant à la recherche d’un nouveau logis

Comme dans ce mouchoir de poche, la place suffisait à peine à se retourner, un garde meuble s’est chargé d’abriter mes livres, mes objets, tous mes tissus et mes affaires de patchwork …entre autres

Je n’avais gardé avec moi qu’une boîte contenant un choix restreint de tissus choisis presque à l’aveuglette et une petite boîte à couture

Les losanges découpés se transforment en étoiles

Un problème se liant souvent à un autre, il a fallu qu’un soir de pluie en rentrant du travail je glisse sur une crotte de chien et que je me fasse une entorse nécessitant trois semaines d’immobilité totale

Ce genre d’épreuve ne perturbant pas outre mesure une quilteuse, j’ai profité de cette immobilité forcée pour tenter d’exploiter judicieusement la modeste pile de tissus à ma disposition

Le rôle d’accent est donné par les rouges

Une grande partie de ces tissus provenait d’un échange avec une amie japonaise auxquels j’avais joint des tissus de même style de ma collection

Les ocres et les jaunes apportent la lumière

Ce sont des tissus neufs associés à quelques tissages « vintage »

Au Japon, on les trouve principalement dans les magasins spécialisés dans la confection de kimonos, car ils sont destinés aux kimonos pour femme, vendus en rouleaux de 10 m sur une largeur de 36 cm

Les boutiques de kimonos au Japon en général, ne vendent que très rarement des chutes de ce genre de tissus, les petits métrages que l’on trouve quelquefois ailleurs restent très onéreux

Le quilting, traditionnel, souligne chaque losange

Mes tissus du style « Yawara momen » ou coton de Yawara (tissés dans la région de Tokyo) ne sont plus teints à l’indigo comme autrefois mais les teintures modernes les imitent bien !

Ce sont des tissages de rayures simples et de rayures suivant le procédé de l’ikat à ne pas confondre avec les tissus imprimés de rayures, imitation de textiles anciens, spécifiquement faits pour le patchwork

Tissage volontairement « rustique  » du coton

Ces tissus en coton s’apparentent au style des étoffes « Tsumugi » faites avec de la bourre de soie récupérée après le tissage de soies de première qualité, ce second choix où les fils sont tordus comme les fibres de coton, au lieu d’être filés directement du cocon font des kimonos résistants et qui embellissent avec le temps

Les premiers essais de tissage Tsumugi très prisés à l’époque Edo, rendaient les kimonos tellement raides que la maîtresse de maison les faisait porter par ses servantes afin qu’elles les assouplissent !

Les losanges de liaison sont bleu marine uni

Beaucoup de bleus dans ma collection que j’ai mariés à des unis rouges et ocres aux belles couleurs profondes

Chaque losange mesure 6 cm de côté

La doublure est composée d’un tissage ikat, complétée de chaque côté de deux bandes bleu foncé, la bordure finale en droit-fil recycle les chutes des tissus bleus cousues bout à bout

Tissu ikat dont j’ignore la provenance, mais n’étant sûrement pas du Japon

Je viens de recevoir l’agenda que Quiltmania a édité pour 2011, avec surprise et amusement je m’aperçois que la photo de ce quilt illustre les mois de janvier-février !