Voyage aux confins de la Bretagne
Nouvelle visite au Mont Saint Michel par une froide mais belle journée d’hiver où nous avait donné rendez-vous le cousin de mon époux, venu de son lointain Japon, visiter la Merveille de l’Occident
Chaque fois que j’ai l’occasion de m’y rendre, je choisis toujours le plein hiver afin d’échapper quelque peu au flux touristique irrépressible !
Tant de reportages ont été publiés sur la situation exceptionnelle du Mont, sur la mer qui avance « à la vitesse d’un cheval au galop », sur la querelle dérisoire du Mont en « Bretagne ou en Normandie » …
…que je me bornerai dans ces articles à narrer mes impressions et à préciser quelques observations sur l’architecture qui j’espère ne seront point trop fastidieuses
L’abbaye et les bâtiments monastiques s’élèvent au-dessus d’un gros bourg qui abrita pendant tout le Moyen Age, une population dense, des hommes d’armes pour la protection du Mont et des villageois dévolus au service de la classe sacerdotale…
Les murailles des remparts au pied du Mont chargées d’assurer sa protection
… reflétant l’ordre immuable de la société médiévale « ceux qui prient, ceux qui combattent et ceux qui travaillent »
Le Mont au fil des temps se verra cerné par des fortifications de plus en plus élaborées …
…afin de se prémunir des attaques anglaises pendant la Guerre de Cent Ans, les murailles protégeant l’accès au Mont seront encore renforcées aux XIVe et XVe siècles
Les remparts protègent le Mont en le transformant en véritable place forte avec à sa tête un abbé, autorité seigneuriale administrant tout le Mont comme dans un véritable domaine féodal
Une fois franchi la porte d’entrée donnant sur l’artère principale, il est impossible d’échapper à la surenchère commerciale de la Grande Rue…même si les pèlerins de l’époque médiévale étaient aussi sollicités pour acquérir des objets de piété, la protection de l’Archange Saint Michel-au-péril-de-la-mer valait bien quelques sacrifices pécuniaires !
Délaissant les restaurants et leur prix délirants (il faut débourser 25 € pour l’omelette de la Mère Poulard) et les boutiques de babioles « médiévales » made in China, nous montons vite à l’assaut du rocher
Nous grimpons de raides escaliers, cheminons par un dédale de venelles qui escaladent les pentes jusqu’au pied des murailles de l’abbaye
Perpendiculaires à la Grande Rue, les maisons aux murs de pierre s’étagent sur des parcelles exiguës, des échappées ménagent des vues sur la baie que l’hiver teinte des nuances subtiles de gris
Les habitations traditionnelles du village ancien ont disparu au fil des temps, elles ont cédé la place, pendant le XIXe siècle à des maisons au confort moins spartiate mais reconstruites dans le style post-médiéval si habituel de ce temps
Les maisons plus anciennes aux murs latéraux en pierre quelquefois élevés avec les déblais du rocher, possèdent des façades en colombage, bien qu’elles soient très enserrées leur encorbellement leur permet de capter un peu plus de lumière
Les remparts et les fortifications qui entourent et protègent l’abbaye la transforment en véritable château-fort
Arrivés en haut du village, nous entrons enfin dans l’abbaye voir la Merveille ! Mais le chemin pour y parvenir ménage encore bien des surprises !
De l’époque médiévale jusqu’à la fin du XVIe siècle, les premières défenses du châtelet passées, d’autres obstacles étaient encore à franchir à partir de la salle des Gardes, enfin une herse barrait l’accès à l’escalier du Grand Degré
Les fortifications de l’abbaye tellement imposantes rendait le monastère imprenable, cette architecture militaire érigée à la fin du XIVe siècle sera prise comme modèle dans d’autres constructions du temps
Les abbés successifs, chargés de la gestion des nombreux domaines apportant au monastère une source importante de revenus fonciers, ne cessèrent au fil du temps d’agrandir leur logement
L’immense logis abbatial aligne ses bâtiments parallèlement au monastère, il en est séparé par l’escalier du Grand Degré mais en est rattaché par des ponts suspendus
Arrivés enfin sur le parvis de l’église abbatiale, nous retrouvâmes notre cousin et son épouse trop contents d’échapper à leur groupe de touristes !
On a beaucoup glosé sur la spiritualité se dégageant du Mont…mais le parcours touristique trop bien balisé, avec son tumulte, n’incite guère à la contemplation
Seules les échappées se profilant sur la baie peuvent être propices, en l’absence d’agitation, à de longues rêveries…Il faut prendre le temps…
Dans le prochain article, nous entrerons dans l’église…