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Les anciennes chapelle et sacristie du couvent des Augustins qui s’ouvrent sur la galerie orientale du cloître abritent les vestiges de la sculpture gothique recueillis lors des destructions d’édifices au cours des âges
L’abside de la chapelle restaurée est voûtée d’arêtes, deux colonnes cannelées s’élançant d’un socle hexagonal à multiples ressauts reçoivent les retombées des nervures
Les églises et les couvents liés aux ordres mendiants recevaient de multiples dons de personnes aisées, chevaliers, riches marchands ou artisans qui tenaient à avoir leur sépulture dans ces lieux de prière, avec l’espoir de se rapprocher au plus près du paradis tant espéré !
Des groupes sculptés découverts lors de fouilles récentes dans le cloître des Augustins décrivent avec force détails horrifiants les tourments de l’enfer réservés aux impies
La crédulité dans les pouvoirs attribués aux saints et autres bienheureux, dont les reliques attirent les pèlerins, sert à apaiser les angoisses devant les forces mystérieuses à l’heure effrayante de la mort
Saint Michel combattant le Mal avec les milices du ciel, chargé de conduire les défunts dont il pèsera les âmes au jour du Jugement dernier, est ainsi fréquemment invoqué
L’imposant manteau aux plis souples dans lequel le sculpteur l’a drapé contraste plaisamment avec le visage juvénile couronné de boucles d’or, tel qu’il sied à un archange !
Un personnage de la maison de Palays, grande famille toulousaine dont plusieurs membres occupèrent des charges consulaires, s’est fait représenter sur son tombeau, abrité autrefois dans l’église des Jacobins, à cheval et en armure, le heaume, l’épée, l’écu avec ses armoiries, rien ne manque à la figure du preux chevalier
Les tombeaux, sarcophages ou gisants emplissaient les édifices religieux, de simples pierres tombales foulées par les fidèles favorisaient aussi, par souci d’humilité, le salut des défunts reposant sous le sol de l’édifice sacré
Les dons, comme marque de piété, étaient souvent remis sous forme d’objets de dévotion, groupes sculptés, retables ou objets d’orfèvrerie afin de favoriser le salut de l’âme des donateurs
La Vierge de l’Annonciation est d’une touchante humanité, la délicatesse des traits empreinte d’ingénuité contraste avec le drapé assez fruste du vaste manteau dont la lourde étoffe s’écrase sur le sol
Marie Madeleine, loin de l’humilité de la pécheresse de l’Évangile, affiche une féminité assumée avec de longues boucles de cheveux encadrant un visage rond plein de sensualité
La représentation en donateur exalte le rôle des mécènes et l’impulsion qu’ils donnent, par leurs dons, à une construction religieuse
La représentation d’un évêque portant la maquette d’une chapelle souligne le fait qu’il ne s’agit pas d’une figuration symbolique mais d’un modèle précis de bâtiment dont cet évêque est le fondateur
Le genou droit à terre, l’évêque Jean Tissandier, mitré mais en habit de franciscain se fait représenter comme un mécène moderne
Remarquable traduction de la vérité psychologique du personnage, au visage modelé avec finesse, à l’expression douce et calme, œuvre votive réalisée du vivant de l’évêque
La chapelle de Rieux, contiguë à l’église du couvent des Cordeliers au sud de Toulouse fut détruite au XIXe siècle
Retrouvée parmi des fragments de sculpture abandonnés dans des caves, une tête de Vierge à l’expression classique de douceur et de sérénité garde l’équilibre des traits de l’art gothique méridional
Les sculptures qui ornaient la chapelle de Rieux caractérisent un artiste travaillant à Toulouse au milieu du XIVe siècle, les apôtres et les saints de la main « du Maître de Rieux » sont étonnants de force et de vérité
Les attitudes différentes convenant au caractère supposé des personnages, tourmentée pour St Paul, les poses déhanchées, la virtuosité avec laquelle sont traitées étoffes, tuniques, barbes et chevelures,la spiritualité des visages caractérisent parfaitement au XIVe siècle l’art du Midi languedocien ouvert aux influences hispaniques
La célèbre Vierge à l’enfant dite « Nostre-Dame de Grasse »fait partie de ces œuvres où une sobre élégance et une justesse dans l’expression des sentiments distinguent les réalisations de la fin du XVe siècle
L’originalité des attitudes de la jeune mère et de l’enfant se tournant dans deux directions opposées laisse supposer que leur attention se reportait sur les donateurs agenouillés de chaque côté de ce groupe central dans la chapelle toulousaine qu’ils avaient fait édifier
L’image frontale de la Vierge souveraine assise sur un trône présentant l’enfant-Dieu à l’adoration des fidèles laisse la place au XVe siècle à une vision spontanée et plus humaine de la tendresse maternelle et de l’humanité du Christ
La Vierge, à la silhouette juvénile un peu perdue dans le drapé d’un ample manteau fourré, vêtue d’une robe bleue à l’encolure garnie d’un galon semé de perles, couronnée comme reine du ciel, retient sur son genou le bel enfant joufflu et remuant qui n’est qu’un petit d’homme à la vêture de son temps
Le visage presque enfantin est doux et plein de tendresse mais la mélancolie et l’intériorité du regard révèlent la tragédie inévitable à venir
Le prochain article remontera les siècles en peintures…
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