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Au début du XIIIe siècle, un art gothique spécifiquement méridional émergea lors de la construction d’édifices monastiques destinés aux « Frères prêcheurs » ou Dominicains dont l’ordre venait de s’installer à Toulouse
Les Dominicains ou Jacobins ainsi dénommés d’après l’église de l’ordre sise rue Saint Jacques à Paris, communauté fondée par Saint Dominique, s’illustreront par leurs prédications enflammées appuyant le pouvoir royal lors des croisades contre les hérésies cathares et vaudoises
L’église des Jacobins, massive et austère, est construite entièrement en briques sans aucune décoration superflue, reflétant parfaitement l’esprit de sobriété et de dépouillement professé par les Dominicains
De hautes et étroites fenêtres alternent avec de puissants contreforts faisant saillie sur la maçonnerie, chargés d’épauler les voûtes ils ponctuent avec rigueur les côtés de l’édifice lui donnant un aspect défensif de fortification
Sur la façade occidentale, seul un portail, rescapé d’un petit cloître attenant à l’église, s’orne d’arcatures en ogive, les chapiteaux au décor naturaliste recevant les retombées des arcs quintuples sont des exemples du premier style gothique en Languedoc
La brique omniprésente, monotone sous un ciel sombre, devient vraiment séduisante sous une lumière vive
Assis sur le muret qui entoure l’église, profitant du soleil printanier de ce début avril, nous ressentions avec volupté le rayonnement de cette chaleur transmise par les murs de couleur orangée d’une grande douceur
L’église majestueuse dans ses lignes et dans ses proportions n’est pourtant que la somme de constructions successives au cours des siècles, cette unité vient aussi des importants travaux de restauration exécutés au XXe siècle pour redonner à un édifice ruiné, un lustre gothique presque authentique
L’église est sans transept, mais avec une double nef conçue dès l’origine pour séparer la partie réservée aux religieux de celle destinée aux fidèles venus écouter la bonne parole des prédicateurs
Le double vaisseau est divisé par une file de colonnes mono-cylindrique, lisses comme de beaux fûts, montant d’un jet presque à la hauteur des voûtes et sur lesquelles retombent les ogives
Dans le chœur, de profondes chapelles rayonnantes, toujours en restauration…
…se trouvent séparées par les hauts contreforts intérieurs chargés de soutenir la voûte qui culmine à 28 mètres de haut
La voûte d’une grande élégance donne un exemple de l’extraordinaire audace des maitres d’œuvre du XIIIe siècle
Ainsi pour réunir l’ultime travée de la nef au reste de la voûte, l’architecte a choisi de faire reposer sur la dernière colonne le rayonnement des nervures de la voûte en étoile qui couvre l’abside
Cette voûte étoilée divisée en onze triangles, recoupés en leur milieu est fort célèbre sous le nom évocateur de « palmier des Jacobins »
On demeure en contemplation la tête levée vers la voûte qui semble tourner autour de son pilier avec l’impression que l’édifice a réussi enfin à se libérer de la pesanteur matérielle !
Un grand miroir circulaire a été placé de façon judicieuse au pied de cette dernière colonne…
…afin de dédoubler de façon vertigineuse la vision de la voûte en étoile et du fameux palmier
Rien, pour moi, n’est plus évocateur de la paix et de la quiétude monastique que les cloîtres !
Surtout quand l’herbe, les arbres, les fleurs et les chants d’oiseaux s’y marient au décor des arceaux de pierre voutée
Construit au début du XIVe siècle, ce cloître a presque été entièrement reconstitué au milieu du XXe siècle, les restaurateurs ayant eu à cœur de rechercher les colonnes et autres éléments dispersés en réemploi depuis plus d’un siècle dans les constructions de la région
Les colonnes de marbre gris sont en parfait accord avec le reste de l’édifice construit en briques, de leur alliance résulte une élégante harmonie
Les galeries s’abritent sous des toitures en appentis, les colonnettes géminées de marbre sont rehaussées de chapiteaux au décor assez fruste de feuillages et de figures fantastiques qui doivent plus à l’art roman qu’aux sculptures accomplies du gothique
Le clocher gothique de même facture que celui octogonal de Saint Sernin est composé de quatre étages en retrait les uns sur les autres, les baies s’abritent sous des arcs en mitre
La flèche a disparu sous la Révolution, elle enfreignait par trop les principes d’égalité prônés à cette époque !
L’église abrite les reliques de Saint Thomas d’Aquin, tombeau insigne pour lequel on a jugé sûrement que rien n’était trop beau !
Décor un rien ostentatoire mais dans l’esprit d’une connaissance sensible du monde matériel chère au Docteur angélique !
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Par les rues et les places
Des cloîtres se dégage une telle impression de sérénité… Comme tu as vu, nous aimons les bordures de buis dans le jardin, sans doute grâce à ces impressions, plus que celles des jardins à la Française.
Je n’ai pas encore vu les miroirs récemment installés, ils donnent effectivement des perspectives renversantes… Que d’élégance !
Pour ta prochaine visite dans notre sud-ouest, je te recommanderai évidemment Ste-Cécile à Albi, surtout maintenant que le Musée de Toulouse-Lautrec, adjacent, vient de rouvrir. Et sur le chemin une petite église que j’ai visitée vendredi dernier, celle de Giroussens qui a gardé ses peintures sur tous les murs, des couleurs aux pigments naturels complètement divins, avec une profusion de statues préservées… On ne parlera pas de « bon goût » ou d’élégance, mais de curiosité !
Merci Marie Claude, tu es la meilleure guide que je connaisse !
Les miroirs pour s’abîmer de façon vertigineuse dans la contemplation, quelle idée renversante en effet !
Albi sera l’objet d’un prochain article puisque nous y avons passé la journée !
Quant aux guides, existent ceux qui font découvrir et partager leur passion…et les autres, comme l’infernale guide entendue à Saint Sernin, qui assomment avec des dates, des chiffres et des dynasties d’une voix monocorde, les touristes pris en otage qui, les pauvres, ne doivent pas apprendre grand chose …
J’espère ne pas me classer dans la seconde catégorie !