Un périple bleu – Bibliothèque Forney – II – 2015
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Le but de l’exposition est de montrer que le bleu indigo, comme dénominateur commun, reste une constante dans les vêtements des minorités des provinces chinoises méridionales…ne pas oublier toutefois que la couleur, surtout le rouge, joue un rôle non négligeable dans les us et coutumes de ces populations
Si les femmes des minorités ethniques des provinces du sud de la Chine gardent encore la tradition de porter leurs costumes régionaux, les plus spectaculaires ne sont plus revêtus qu’aux moments des grandes fêtes villageoises
Traditions que l’on aimerait voir persister, tant les savoir-faire et l’inventivité se trouvent éloignés d’un quelconque folklorisme de pacotille …
…mais cet héritage tend à disparaître sous les coups de la modernité, de l’exode rural vers les grandes métropoles chinoises et de l’offre de produits manufacturés bon marché
Dans les villages, ce sont les femmes, presque exclusivement, qui prennent en charge les activités indispensables à l’obtention de l’indigo, culture des plantes tinctoriales, récoltes en été puis extraction du précieux colorant bleu
L’été et l’automne, en raison du temps chaud et de l’absence d’épisodes pluvieux sont les meilleurs moments pour teindre les étoffes
Tous les vêtements de la famille sans oublier les accessoires comme les coiffes, les sacs et jusqu’aux chaussures, rien ne résiste, d’après le propos de l’exposition, à l’immersion totale dans les cuves d’indigo !
La grande variété des costumes affichent les appartenance à des groupes sociaux mais leur diversité restent aussi un marqueur social parmi ces mêmes communautés
Toutes les étoffes de base utilisées pour les costumes ne sont pas tissées localement, elles sont achetées brutes ou même déjà teintes dans des villes manufacturières avec les fils, les galons brodés machine et la cire nécessaire à la technique du batik
Toutes les ethnies ne pratiquent pas elles-mêmes le long processus d’obtention du colorant bleu, la cuve d’indigo sera réactivée avec la poudre achetée à la ville proche, la teintures restant à la charge des femmes des villages
Les modèles de vestes et de tuniques offrent des variations de forme, même si souvent les boutonnages asymétriques communs à nombre d’entre eux décorés de soutaches, de galons brodés, de petites applications de soies vives apportent de la couleur à la sobriété du bleu indigo
Les broderies décorant les vêtement sont exécutées séparément sur de petits métrages de tissu pour être ensuite appliquées comme parements sur les cols, les poignets, pouvant ainsi être décousus aisément afin d’orner à nouveau des habits neufs
Les surpiqûres décoratives de petits points avant sur les vêtements (à la manière du Sashiko) en plus de l’embellissement, servent à renforcer les tissus, les motifs brodés, souvent au point de croix, sont destinés symboliquement à écarter des individus les forces malfaisantes porteuses de maux incontrôlables
Ces surpiqûres maintiennent également les couches de coton des vêtements matelassés afin d’apporter chaleur et protection dans des régions où l’humidité persiste pendant de longs mois de l’année
Les étonnantes jupes plissées sont aussi communes à quelques ethnies, réalisées en coton ou en chanvre, elles sont formées de lés de tissu assemblés dont l’envergure peut dépasser les 7 mètres
Ces jupes teintes en indigo, souvent calandrées ou assemblées avec des étoffes du commerce tissées ou imprimées sont plissées minutieusement avec l’ongle, les plis fixés à la ceinture permettent une bonne tenue autour de la taille
Ces jupes portefeuille, longues ou courtes, se nouant sur le devant, l’ouverture cachée par un tablier, ne sont plus portées que par les femmes âgées, les jeunes, en dehors des fêtes, leur préférant les jeans évidemment !
Des villageoises entreprenantes réussissent quand même à garder la tradition et s’assurent un revenu en vendant, lors des marchés, leurs jupes aux touristes chinois fort amateurs de costumes ethniques !
Les femmes pratiquent artisanalement la technique du batik en dessinant sur les tissus les motifs traditionnels de spirales, de cercles et autres motifs géométriques inspiré par la nature environnante, à l’aide de bâtonnets ou de pinceaux trempés dans de la cire afin de protéger « en réserve » les zones qui devront rester blanches après la teinture
Le calandrage est très apprécié par ces populations préférant la couleur indigo la plus foncée, presque noire obtenue par de multiples passages dans le bain d’indigo, les teintes claires, par économie de teinture, étant réservées seulement aux doublures
Les tissus ressortant mats de la cuve d’indigo sont longuement battus avec un maillet de bois sur des pierres plates afin de rigidifier l’étoffe et lui donner un apprêt lustré chargé de transformer en couleur luisante la couleur bleue jugée un rien trop austère
Les étoffes devenues craquantes et imprégnées de diverses substances animales, peau et sang de buffle, se chargent ainsi de ces reflets cuivrés et violacés avidement recherchés
L’inde et le Sud-Est asiatique sacrifieront aussi à l’indigo dans le prochain article
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Exposition Indigo – Un périple bleu – Bibliothèque Forney :
I – Le Japon
II – Les minorités chinoises
III – L’inde et le sud-Est asiatique
IV – L’Afrique et le Moyen Orient
V – L’Amérique centrale
VI – L’Europe
merci merci Marie-Claude
je me régale de ton reportage ! D’autant que je ne sais si je pourrais aller à Forney avant la fin de l’expo
@ bientôt
Merci Ella, considérons ces quelques articles comme une petite visite virtuelle alors !