Voyage d’hiver de Fukushima à Nagano
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Un périple de deux jours qui nous permit, de préfecture en préfecture et de train en train de faire un petit voyage au cœur de l’hiver japonais, 8 trains et 3 autocars furent ainsi mis à notre disposition à cette occasion !
Nous quittâmes Nihonmatsu au centre de la préfecture de Fukushima en train local empruntant une partie de l’ancienne Tôhoku Hansen, la ligne principale qui, il y a un demi-siècle, menait dans les régions les plus septentrionales du Japon
J’ai emprunté cette ligne lors de mes premiers séjours dans les années 1975, une véritable expédition à cette époque où plus de 10 heures de train séparaient Tôkyô d’Aomori !
Un deuxième train local nous permit de rejoindre la région d’Aizu située plus à l’Est au pied d’une chaîne de volcans, dont le mont Bandai est le plus beau fleuron
Au froid vif et sec de Nihonmatsu, au fur et à mesure de l’avancée vers les montagnes, se succédaient les paysages enneigés, Bandai san, un volcan qui fit parler de lui il n’y a pas si longtemps, barrait tout l’horizon
Halte à Aizu Wakamatsu, la gare depuis laquelle nous empruntâmes Tadami sen, la ligne Tadami du nom de la ville au terminus, notre troisième train local nous emmenant à la découverte des Alpes japonaises
Ayant un peu de temps avant d’embarquer, nous fîmes quelques emplettes dans la gare, petits rouleaux de tissus à rayures en coton artisanal (le patchwork n’est jamais loin quand je voyage !) spécialités de gâteaux et de Soba de la région
Justement, le restaurant populaire situé dans la gare proposait sa spécialité de Soba, les nouilles de sarrasin faites sur place, à déguster simplement servies dans un bouillon chaud
Nous ne pûmes résister à cet attrait et en 10 minutes, le temps d’attente pour prendre notre train, nous avalâmes très vite cette gourmandise saine et légère
Les gares ne proposant, généralement, que de la restauration bas de gamme, nous nous félicitâmes de nous être laissés tenter !
Les représentations des célèbres Aka Beko, vaches rouges, jouets offerts autrefois aux enfants, la couleur rouge symbole de vie était censée les protéger contre les maladies et les épidémies, sont devenues emblématiques de la région d’Aizu
La petite vache fétiche est connue depuis le milieu de l’époque Edo mais devint vraiment populaire au début du XXe siècle quand elle fut élue meilleur objet d’artisanat populaire de tout l’Est du Japon
La petite vache en papier mâché laquée de rouge ou en bois est un hommage à la courageuse petite vache ayant transporté sans faiblir, dit la légende, les poutres de bois pour l’édification d’un célèbre temple bouddhiste de la région de Fukushima
Le but de notre voyage était donc de parcourir Tadami sen, la ligne ferroviaire, reliant l’Est de la préfecture de Fukushima au nord de celle de Niigata, puis de prolonger le périple jusqu’à la préfecture de Nagano située dans la partie Hida sanmyaku, le Nord des Alpes japonaises
Sanmyaku, les chaînes montagneuses du centre du pays sont nommées de façon populaire « Alpes japonaises », suivant l’appellation que leur donna un missionnaire anglais au début du XXe siècle
La ligne Tadami longue de 135,2 km dessert en temps normal, c’est-à-dire en 4 heures, 38 gares de petites localités campagnardes, dans des régions peu densifiées en effectuant 6 trajets par jour sur une unique voie ferrée
Tadami sen fut crée au début de l’ère Showa, au moment où le Japon, comme par le passé, continua par des travaux d’envergure à désenclaver les régions montagneuses
Les travaux commencés en 1926 en même temps au Nord et au Sud de la ligne, se suivirent pendant tout le siècle et ce ne fut qu’en 1971 que les deux tronçons furent enfin réunis pour faire une seule et même ligne telle qu’elle circule aujourd’hui
Mais en 1972, au moment où le rail au Japon se transforma radicalement, les trains express très rapides…pour l’époque ! qui circulaient auparavant sur cette ligne et desservaient la région furent remplacés par des trains locaux
A son tour, cette unique ligne est devenue déficitaire et le projet de l’abandonner au profit de la route reste toujours en suspens
Mais comme les conditions climatiques pendant l’hiver rendent les routes difficilement praticables, le train reste encore le moyen le plus sûr pour les populations vieillissantes de pouvoir se déplacer
Les trains de la Tadami sen, de novembre à mi-mai circulent d’ailleurs souvent de façon ralentie quand la neige s’accumule sur près de 3 mètres de haut en engourdissant la région
Il arrive même que la ligne, au pied des montagnes, soit complètement paralysée en raison d’excessives chutes de neige
Si l’hiver et la neige rendent les moyens de transport aléatoires, les typhons amenant souvent d’abondantes pluies sont des phénomènes bien plus dévastateurs
En juillet 2011, des pluies exceptionnelles causèrent bien des dégâts et firent s’écrouler une partie d’un pont du chemin de fer
La ligne depuis lors se scinde en deux parties, le trajet sur le tronçon de voie ferrée impraticable par le rail s’effectue en autocar
Prenant le relais pour un trajet de 27,6 km, un autocar dépose les voyageurs au bout de 50 minutes de route sinueuse, devant une gare située sur la deuxième partie de la ligne intacte, afin de terminer le voyage
Neige et typhons sont des éléments redoutables mais il faut aussi compter avec les tremblements de terre venant perturber les conditions de transport !
En octobre 2004, le sol fut ébranlé à tel point que la ligne Tadami s’arrêta pendant 1 mois, le temps de vérifier d’éventuels détériorations sur quelques 113 km !
Arrivée à la coupure de la ligne, plutôt que de continuer, nous avions prévu de profiter de cette interruption obligée pour nous enfoncer plus avant dans la montagne et passer la nuit dans un village isolé !
Dans la gare qui voit défiler 65 passagers journellement, afin d’attendre l’autocar nous emmenant vers notre destination villageoise, nous pûmes contempler une série de photos spectaculaires et romantiques !
La gare d’Aizu Kawaguchi dessert Kaneyama machi, la ville de la montagne d’argent, petite bourgade d’un peu plus de 2000 habitants …
…dont la rue principale compte jusqu’à trois restaurants très réputés dans la région !
En route pour 35 minutes de montée dans un paysage immaculé et féérique sur un itinéraire secondaire doté de tunnels car la ligne directe se révélait impraticable en raison de la neige tombée en abondance
Le chauffeur, impassible, garda une réserve toute japonaise, à la vue d’une Gaijin, une étrangère, venue faire du tourisme de façon improbable et en plein hiver !
Nous arrivâmes enfin à Shôwa Mura, le village de Shôwa, où nous allions passer la nuit
Nous avions choisi cette destination aucunement au hasard, un musée régional consacré à l’utilisation de fibres libériennes, unique en son genre, promettait d’être tout à fait intéressant !
Shôwa mura fera l’objet du prochain article… suite de nos aventures au pays des neiges !
Mata koransho !
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Japon – Printemps 2014 Voyage d’hiver en train dans les Alpes japonaises :
I – Tadami sen
II – Shôwa mura
III – Minshuku à Shôwa mura
IV – Karamushi à Shôwa mura
V – Un restaurant populaire à Kaneyama
VI – Fin du voyage
quel périple , c’est superbe sous la neige
bon dimanche
biz isa
Oui, Isa, c’était vraiment splendide mais qu’est-ce qu’il faisait froid ! Je ne regrette pas en tout cas le voyage…Si vous voulez me suivre encore…
quel beau voyage ! toujours l’impression d’y être un peu ! merci une fois encore.
Jacqueline, je t’emmènerai donc encore en voyage, et il est de saison !
J’ai découvert par hasard votre site
De ma recherche sur indigo.Alors je suis
tombé les images du nord du Japon que je
ne connais pas.Elles sont magnifiques et
merci!!
Merci Akiko san, mes photos ne ressemblent pas aux clichés des magazines sur « Le Japon éternel », belles photos incontestablement…mais qui n’expriment rien que le talent de photographe de leur auteur !
J’aime expliquer la vie quotidienne dans des régions peu touristiques en général, Aomori ken, Fukushima ken, c’est là le Japon que j’aime vraiment