Voyage d’automne à Aizu Wakamatsu
Japon – Voyage d’automne 2012
autre articles : I | II | III | IV | V | VI |
Aizu Momen, le tissage de cotons d’Aizu doit son implantation dans la province d’Aizu, préfecture actuelle de Fukushima, au début du XVIIe siècle
Ce style original de tissage Iyo jima était produit à Iyo dans l’île méridionale de Shikoku, là où la culture du coton, au siècle précédent, s’était implantée favorisée par le chaud climat du sud
Le Daimyô Matsuyama dont la famille gouvernait l’actuelle région d’Aichi, dans l’île de Shikoku fut remarqué par le nouveau Shôgun qui, redistribuant les terres conquises après les guerres de l’époque Sengoku à ses affidés loyaux, le nomma à la tête du grand fief d’Aizu en 1627
Le nouveau Daimyô emmena dans sa suite les tisserands expérimentés qui travaillaient dans son fief d’origine afin de poursuivre la production de tissage de coton
Une quinzaine d’années plus tard, pour remplacer la matière première importée de Shikoku, on planta du coton dans la province d’Aizu, mais ce fut là l’extrême limite pour sa culture, le climat très froid plus au nord du Tôhoku ne le permettant plus
Beaucoup de plantes originaires de la région furent utilisées pour teindre les textiles, comme l’indigo, plantations dont devaient s’occuper les paysans en dehors de leurs travaux habituels aux champs et qui leur apportaient un surplus de revenus
Les vêtements en coton avaient été adoptés par les Samurai, dans chaque demeure les femmes et les filles de la classe des guerriers étaient incitées à filer et à tisser les habits de la maisonnée
Les tissus, adaptés à la petite largeur des métiers, étaient toujours tissés de rayures verticales, ce qui permettait également une grande économie de fils de coton
Ce fut une industrie prospère jusqu’au début du XXe siècle puis qui commença à décliner pour finir par disparaître presque totalement de nos jours
Seules deux petites manufactures continuent dans la région d’Aizu à tisser ces cotons aux rayures si séduisantes
La manufacture Arayama depuis sa création à l’époque Meiji au XIXe siècle en est à la 6 ème génération, l’exploitant actuel a réussi à garder la tradition, les machines de son usine ayant échappé aux réquisitions de matières premières destinées à l’effort de guerre au milieu des années 1940
Les tissus de coton étaient assez gros ce qui donnait un tissu épais, doux, ne rétrécissant pas, ils étaient fort appréciés aussi comme vêtements de travail, le coton favorisant l’absorption de l’humidité lors de l’été et gardant la chaleur du corps pendant l’hiver
La couleur d’origine la plus employée était bleu foncé rayé de blanc, mais la teinture en indigo qui nécessitait jusqu’à 10 bains successifs ne se pratiquait que de l’été à l’automne, pendant la saison la plus chaude, les fils séchant au soleil pour un meilleur résultat
Après la teinture suivie d’un lavage soigneux, on montait sur les métiers à tisser les fils de chaîne qui recevaient dans l’espace entre 2 fils de la colle faite de farine de riz afin d’en assurer la solidité finale
Les textiles d’Aizu étaient toujours tissés de rayures verticales car sur des métiers de petite largeur le travail en était plus aisé et ne comportaient pas de gaspillages de fils, cette tradition rayée a perduré de nos jours
Ces tissus étaient renommés pour leur douceur et pour leur « toucher spécial d’Aizu » !
Les photos, courtoisement autorisées, de Mr Arayama, des fils teints séchant au soleil et des rayures sont empruntées au site japonais de l’entreprise :
http://harayamamomen.com/seizoukotei.htm
La région d’Aizu possède sa petite divinité, une représentation imagée servant de protection contre les mauvais sorts
Généralement on garde soigneusement dans la maison une toute petite effigie sensée protégée chaque membre de la famille, la tradition veut qu’il y en ait toujours une de plus que le nombre des membres de la maisonnée
Les brasseries de la préfecture de Fukushima célèbre pour ses eaux pures produisent des saké d’exception, celui-ci n’a pas dérogé à leur réputation !
Le prochain article montera plus au nord, avec un retour à Aomori
Un autre article sur les tissus rayés :
Furusato – tissus anciens à rayures
————————
Japon – Voyage d’automne 2012 :
I – De Tokyo à Nihonmatsu
II – Nihonmatsu – Le festival des chrysanthèmes
III – Nihonmatsu – Le château
IV – Autour du château de Nihonmatsu
V – De Niigata à Aizu-Wakamatsu
VI Aizu Momen – Les tissus à rayures d’Aizu