Tissus anciens du Japon teints en indigo
J’utilisai, il y a déjà 1 an, pour mon quilt Shu to Ai, de très petits morceaux de tissus achetés et offerts lors d’un marché aux puces à Tôkyo
Je réservai à ce moment les plus grandes pièces d’au moins 5 cm de large pour y tailler des losanges…
…qui constitua de nouveau un quilt de cubes ! car j’aime infiniment ce modèle qui me permet de jouer avec les valeurs, ici en l’occurrence encore et toujours du bleu !
Bien que les tissus Aizome (indigo) soient bien représentatifs de la vie à la campagne au Japon, depuis que j’habite en Bretagne je retrouve ces teintes nuancées de bleu dans les costumes masculins anciens teints à l’indigo comme ceux du pays glazik (de la région de Quimper) ou dans les pichets et écuelles en faïence de la vie paysanne dans la Bretagne d’autrefois
Je disséminai au sein de tous les indigo des étoffes tissées rayées de fils bleus et rouges…
…et d’autres encore avec des notes de jaune, désirant mettre dans ce quilt le plus grand échantillonnage possible de tissus anciens collectés au fil des ans !
Je décidai donc d’accentuer dans mon quilt ces couleurs primaires afin de donner des éclats de lumière au milieu de ces bleus froids
De grandes étoiles rouges et jaunes formées des mêmes losanges se précipitent ainsi de haut en bas avant de se perdre dans l’océan des bleus
Le quilt dans sa conception reste très basique car c’est la beauté des tissus qui me guide et que j’essaie de mettre en valeur
Dans ces conditions, je n’ai que faire de montages sophistiqués, mon goût profond me poussant de plus en plus vers la sobriété mais c’est un paradoxe car pour moi la simplicité est longuement recherchée !
Si la majorité des cubes furent découpés dans des chutes d’étoffes en coton, je complétai toutefois l’ouvrage avec des tissus en chanvre ou en ramie, des lainages et même des soies épaisses, l’indigo étant le point commun à tous ces textiles
Les tissus s’inscrivent dans la gamme des antiques tissus japonais dans toutes les nuances d’Aizome (indigo), les rayés (Shima mono) voisinent avec les Katazome très anciens (tissus imprimés au pochoir) les Kasuri (Ikat) les Shibori (teints à la réserve) et les unis
Bien sûr, ces étoffes n’étant pas toutes de même texture ni de même épaisseur, l’assemblage ne put être réalisé de manière aussi précise qu’il est d’usage avec les cotons fins édités spécialement pour le patchwork
Ces textiles, vêtements anciens souvent décousus et les chutes réutilisées dans d’autres ouvrages, eux mêmes maintes fois lavés, restent de pures ressources pour le recyclage !
Le centre de l’ouvrage constitué de losanges se devait d’être complété de pièces adjacentes afin d’obtenir des bords droits
Après avoir bien hésité, du rouge fut aussi choisi, mais par manque de matière deux teintes différentes se partagèrent les côtés du quilt
La bordure est une étoffe de laine découpée dans un kimono ancien abimé dont j’avais déjà exploité les grandes longueurs dans « Furusato » un de mes quilt précédent
Les tissus étant assez épais dans l’ensemble, je choisis cette fois pour la doublure, une cotonnade française suffisamment souple afin de me faciliter un tant soit peu le travail de matelassage
Chaque losange fut traversé d’une ligne de points de quilting un peu espacés afin qu’ils ne se perdissent pas dans l’armure des étoffes
La bordure fut maintenue par des cubes quiltés disposés sans continuité, selon ma fantaisie d’alors !
Le mot japonais Inaka correspond fort bien à ma situation actuelle, il exprime le fait de vivre à la campagne par opposition à la vie citadine
Ayant quitté Paris et sa banlieue pour une petite ville à la campagne, pour moi Carhaix dans le Finistère est devenu mon Inaka !
En résumé un petit clin d’œil à mes textiles préférés