Musée historique de la préfecture d’Aomori
Musée historique de la préfecture d’Aomori
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Les peuples établis dans l’extrême nord du Tôhoku qui correspond aujourd’hui à la préfecture d’Aomori ont été, du fait des expéditions militaires envoyées par le pouvoir central, soumis au fil des siècles
A la fin du XVIe siècle, le Shôgun Hideyoshi, réorganisateur du pays, partagea les territoires du nord entre deux de ses affidés dont l’un Tsugaru Tamenobu fut en charge de gouverner l’actuelle région d’Aomori
Le successeur de Hideyoshi, Ieyasu Tokugawa entérina le pouvoir de ces Daimyô sur la région qui se perpétua jusqu’à la fin du XIXe siècle
Puis la révolution dynastique de l’empereur Meiji supprima les privilèges et les anciennes possessions aristocratiques pour découper le territoire en préfectures
Les Daimyô du clan des Tsugaru se firent portraiturer lors de leur voyage à Kyôto, mais comme ils moururent prématurément pendant leur séjour dans l’ancienne capitale, leurs fils et successeurs exposèrent leurs effigies dans les grands sanctuaires d’Hirosaki (ici), la capitale de leur domaine comme symbole de légitimité de leur dynastie
Si la province en leur possession prit le nom de leur clan Tsugaru, ce nom reste encore fréquemment utilisé de nos jours pour désigner une partie de la préfecture d’Aomori
Le musée d’histoire d’Aomori recèle quelques souvenirs des étrangers ayant visité le Japon à la fin du XVIIIe siècle comme la délégation officielle d’Adam Laxman venu solliciter en 1792 l’échange de relations commerciales entre la Russie de Catherine II et le Bakufu de Edo
Mais le Shôgunat tenant à garder ses frontières fermées ne donnera pas suite aux négociations et Laxman repartira bredouille en Russie non sans qu’un envoyé du gouvernement japonais habitant Hirosaki n’en fasse une relation manuscrite assez cocasse
Même dans un Japon replié sur lui-même, de précieuses marchandises venant du grand empire voisin, et importées par des commerçants Ainu du nord du Tôhoku finissaient par être échangées pendant tout le XIXe siècle
Les tissus luxueux étaient très prisés pour servir de décoration sur les autels des temples bouddhiques
La population autochtone des Ainu, bien que repoussée aux cours des siècles, toujours un peu plus vers les terres inhospitalières du Nord, avait gardé, jusqu’à l’époque Meiji, une intense activité d’échanges commerciaux avec les Japonais venus du Sud pour s’installer dans le Tôhoku
Les Ainu qui se sont peu à peu intégrés à l’ensemble de la population japonaise en abandonnant leur mode de vie ancestral de chasseurs-cueilleurs, revendiquent actuellement à juste titre, la reconnaissance de leur culture originale
Même si de nos jours, un certain exotisme de pacotille attribué aux peuples dits primitifs rencontre beaucoup de succès dans les régions touristiques de Hokkaido
Ces genres de textiles datent tout au plus d’une centaine d’années, mais si l’influence de la culture japonaise est évidente dans la coupe des vêtements, leurs décorations originales restent typiquement Ainu
Le coton étant inconnu dans ces régions froides du Nord, les Ainu de façon ingénieuse utilisèrent des matières naturelles pour fabriquer leurs « Atsushi » vêtements en langue Ainu (mot traduit phonétiquement en japonais)
Après de longues et pénibles transformations, les fibres tirées de la pulpe de bois des ormes et des tilleuls étaient tissées sur de petits métiers puis les étroites largeurs obtenues cousues entre elles pour former le vêtement
Ce n’est qu’au moment où le coton put être importé du sud du Japon, à l’époque Meiji, que les Ainu commencèrent à décorer leurs vêtements d’applications de fines bandes de coton généralement teintes à l’indigo
Les précieux fils de coton se démocratisant, différentes broderies au point de chaînette apparurent comme décorations supplémentaires exploitant des motifs originaux à chaque village mais ayant tous en commun la fonction propitiatoire de protéger le porteur du vêtement des mauvais sorts en conjurant les forces maléfiques
Ces vêtements ainsi décorés de broderies, communs aux hommes et aux femmes, furent réservés peu à peu aux vêtements de fête ou de cérémonie
Quand les Ainu adoptèrent le mode de vie devenu la norme, combiné avec leur propre culture, comme sur ce manteau destiné à protéger de la pluie, mais toujours tissé en fibres d’écorce d’orme, ils privilégièrent les formes typiquement japonaises des vêtements
A l’époque Edo, les courriers importants étaient portés par des messagers qui parcouraient les routes vêtus d’un manteau et d’un chapeau reconnaissables entre tous pour se protéger des intempéries
Les Hikyaku (litt. les pieds qui volent !) pouvaient courir sur une distance de 100 km par jour, le nom de leur chapeau Sando Gasa est une allusion au fait qu’en général, ils courraient trois fois par mois sur les distances entre Edo, Osaka et Kyôto
Avant que le port et la ville d’Aomori ne soient détruits pendant la seconde guerre mondiale par des raids américains, les populations étaient encouragées à soutenir l’effort de guerre
Les années 1950-1960, précédant le Japon contemporain aux technologies de pointe, sont devenues des époques de nostalgie …
…dont les objets obsolètes de la vie quotidienne, en usage lors de son enfance, ont bien attendri mon époux !
Dernière incursion dans notre siècle avec la pomme qui reste la grande affaire d’Aomori ! Qui ne connaît la variété Fuji cultivée depuis plus de 75 ans dans la région d’Aomori et exportée dans le monde entier ?
Même si actuellement c’est la Fuji chinoise au goût insipide qui inonde les marchés
Ce n’est pourtant qu’à l’époque Meiji, en 1875, que des greffons de pommiers furent octroyés à la province afin d’y développer une nouvelle économie, le chemin de fer qui ne désenclava la région qu’en 1892 permit pourtant déjà l’exportation à grande échelle vers Tokyo, puis vers la Russie au tout début du XXe siècle
Les ingénieurs agronomes japonais n’ont eu de cesse en un siècle de faire fructifier les trois premiers greffons originels pour arriver à obtenir des cultivars de grande qualité
Mais le goût des Japonais pour les bananes importées puis pour les mandarines cultivées dans le Sud, dans les années 1964-66, vint ébranler l’industrie de la pomme qui ne retrouva plus jamais le record d’exportation de la glorieuse année 1963, même si ce fruit fait encore les beaux jours du côté d’Aomori !
Je ne peux finir décemment cette série d’articles sur Aomori sans mentionner les Kokeshi si chères aux artistes-artisans du Tôhoku -ici-
Laissant le musée à ses pommes, et pour nous réconforter d’avoir cascadé sur des siècles d’histoire, quelques douceurs toujours de notre siècle !
Les articles suivants descendront plus au sud…
N B : J’ai reçu de la direction du « Musée historique de la préfecture d’Aomori » toutes les autorisations de photographier et de publier les collections de ce musée pour mon blog
Ces autorisations n’incluent pas les copies qui pourraient en être faites sur d’autres sites ou blog
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Musée historique de la préfecture d’Aomori :
La civilisation Jômon
Arts et traditions populaires
Les textiles du monde rural
Quelques bribes de l’histoire régionale
Toujours aussi intéressantes ces jolies escapades dans un pays totalement inconnu pour moi. Je n’ai jamais voyagé alors devant vos reportages…je rêve et me cultive! Merci encore! Sylvie63.
Merci Sylvie, de m’écrire si courtoisement que mes petits reportages peuvent apporter quelques dépaysements
J’ai l’opportunité de voyager en ce moment et j’en profite pour partager mes expériences avant que le destin n’en décide autrement !
Il ne doit pas exister beaucoup de blogs aussi instructifs que le vôtre, et aussi agréablement présentés, texte et images.Aussi je m’efforce de ne pas en manquer un seul chapitre.J’ai l’impression qu’au cours des années se constitue un club de fans de Marie Claude! Salut donc aux autres lectrices, et à vous mes amitiés fidèles.
Chère Françoise, vous mettez encore ma modestie à rude épreuve !
C’est pour moi un grand plaisir d’écrire mes articles, alors s’ils sont lus avec autant d’attention, je ne peux qu’être satisfaite du partage !
Oui, c’est un vrai bonheur de vous lire. J’avais justement besoin de me changer les idées. Voilà qui est fait et agréablement fait. Bonne journée.
Ah ! Catherine, merci, je suis vraiment ravie que la lecture de mes articles arrivent à égayer momentanément le quotidien ! Le partage n’est donc pas un vain mot