Selon le dicton maintes fois vérifié qu’en avril il ne faut pas se découvrir d’un fil, c’est avec manteau, écharpe et gants que nous sommes partis en expédition en fin de semaine dernière pour une des premières grandes brocantes parisiennes dans les quartiers sud de Paris
Même si, avec la multiplication des vide-greniers, l’espoir de trouver la chose inattendue se fait de plus en plus rare, nous aimons quand même les arpenter pour l’amusement de contempler des montagnes de fringues, de godasses et de bibelots saugrenus, reflets de notre absurde société de consommation
En tout état de cause, ce samedi se révéla plein de surprises !
Très peu de brocanteurs véritables mais parmi eux une charmante vieille dame proposait de la vaisselle ancienne provenant de manufactures françaises
J’aime utiliser des pièces de vaisselle dépareillée pour présenter des gâteaux par exemple, leur charme quelque peu suranné incite à la nostalgie des goûters d’antan
Sur ce genre d’assiette, les roses épanouies et décentrées étaient un thème très fréquent à la fin du XIXe siècle, dessins moins raffinés qu’au siècle précédent mais la vaisselle du XVIIIe siècle est beaucoup plus onéreuse et ne se trouve pas dans les brocantes !
Le décor du ravier a manifestement subi l’influence du naturalisme mis à la mode par le japonisme dans les dernières décennies du XIXe siècle
Un peu plus loin, surprise de découvrir dans un fatras de vaisselles à 1 € la pièce, des petites tasses à saké en porcelaine peintes à la main avec un décor en relief, généralement ce genre d’objets au Japon se vend toujours par cinq, mais ici seulement quatre rescapées dont une ébréchée ayant survécu aux aléas des temps rejoindront ma modeste collection
Pour confectionner mes quilts en soie, je suis constamment à la recherche de vieilles cravates, mais le polyester est généralement abonné aux vide-greniers !
Aussi, un petit bout soyeux de cravate dépassant d’un carton a t-il attiré mon attention sur son contenu, une dizaine de belles endormies en soie accompagnées de pochettes très chiffonnées mais en parfait état, se sont révélées toutes de marques prestigieuses, garantie de beaux dessins très stylés
La brocante envahissait les trottoirs de ce quartier du XVe arrondissement, là où se trouve un restaurant japonais prétendument gastronomique qui servit de point de ralliement à quelques brocanteuses japonaises venues vendre là des vêtements et accessoires de mode griffés dont je n’avais que faire, mais…
…mais, décidément les cartons s’étaient transformés ce samedi matin en malles aux trésors !
J’eus la surprise, bien dissimulé sous des piles de vêtements fort convoités, d’apercevoir un tissu au décor familier qui se révéla être un Yukata neuf en coton imprimé au pochoir, début d’une source de réapprovisionnement textile …
…car je découvris sur le stand d’à côté, d’autres tissus neufs et cédés pour quelques euros
Du coton mais aussi des soies pour lesquelles je rajoutai quelques euros de plus …
…en carrés ourlés mais aussi en grand coupon qui trouveront certainement un emploi dans l’avenir
Puis, on fouilla et retrouva pour moi dans des sacs jusque là inexplorés, d’autres textiles divers qui firent tout autant mon bonheur
Des textiles en coton à impressions au pochoir de dessins colorés typiques des îles Ryu Kyu au sud du Japon…
…Et enfin, des cotons imprimés aussi au pochoir sur fond d’indigo, célébrant les poupées-marionnettes du théâtre Bunraku, impressions à tirage limité vendues uniquement au moment des représentations annuelles de ce théâtre
On me proposa quelques éventails en papier sur monture de bambou, accessoires courants au Japon mais dont les décors plein de sobriété évoquant les saisons sont toujours très séduisants…
…bien que ce genre d’accessoire soit remis avec humour au goût du jour !
Pas tout à fait ma préférence mais faisant partie du lot, je l’ai accepté avec amusement
Les offres de textiles épuisées, on me fit cadeau aimablement de petites pochettes et d’un minuscule porte-monnaie confectionnés en soie de kimono
Tout en pensant que ce genre de découverte en brocante pourrait être faite par toute collectionneuse de tissus qui aurait la main heureuse et qui conforterait ainsi ses connaissances en textile, je dois préciser, suite aux nombreuses demandes que je reçois, que trouver des tissus anciens authentiquement japonais en France est quasiment impossible, au Japon d’ailleurs la recherche n’y est pas aussi facile que l’on pourrait penser
Je n’ai jamais acheté de tissus spécialement pour un projet comme il est habituel de le faire chez les adeptes du patchwork et tous les textiles que je recycle dans mes quilts proviennent de ma collection constituée au fil du temps depuis plus de 30 ans maintenant
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